Le Syndicat professionnel du chanvre représente les nouveaux acteurs du CBD

Par Olivier F

Le nouvel arrêté devrait autoriser l’exploitation de la fleur de chanvre en France mais uniquement pour la fabrication de produits finis comme l’huile ou les cosmétiques. Les fleurs de chanvre non transformées, pour consommer en infusion, devraient être totalement interdites. Une circulaire de la préfecture de Paris à destination des commissaires de police et des procureurs a récemment été publiée sur les réseaux. Elle confirme la position des autorités qui souhaitent interdire totalement la fleur de chanvre dans les magasins français. La fleur représente environ 60 % du chiffre d’affaires des CBD shops. Il y aurait actuellement entre 500 et 600 CBD shops sur le territoire français.

Deux syndicats s’opposent sur la réglementation. Interchanvre, qui représente la filière traditionnelle veut nouer des partenariats avec les grands groupes pharmaceutiques et agro-alimentaires pour exploiter la fleur de chanvre et souhaite garder un taux de THC de 0,2 % au maximum.

De son coté, le Syndicat du professionnel du chanvre représente les acteurs de la nouvelle filière du cannabis light. Les membres de ce syndicat veulent faire évoluer la législation pour augmenter le taux de THC maximum à 0,6 % et que les agriculteurs français puissent exploiter la fleur de chanvre. Nous apprenons qu’un troisième syndicat, qui défendra également les intérêts des nouveaux entrepreneurs du CBD, devrait être créé prochainement.

Au niveau mondial, le chiffre d’affaires global pour le CBD pourrait atteindre les 20 milliards d'euros dans les prochaines années mais il est difficile d’estimer ce chiffre d’affaires uniquement pour la France. Nous avons interviewé Aurelien Delecroix, président du Syndicat professionnel du chanvre pour en savoir plus sur l’impact économique de ce secteur.

SSFR : Combien de membres y a-t-il dans votre syndicat et combien d’entre eux sont des agriculteurs ?

Aurelien Delecroix : Nous avons une centaine de membres. Mais certains de nos membres possèdent plusieurs CBD shops. Nous avons par exemple un membre qui possède 50 magasins. 30 % de nos membres sont des agriculteurs. Nous constatons actuellement un grand intérêt pour cette filière. Une trentaine d’agriculteurs intéressés par la culture du chanvre nous contacte chaque semaine. Nous représentons également au total, presque 8o chanvrières qui transforment le chanvre. Notre but est de sécuriser la filière et de libérer les énergies

Quel est le rendement à l’hectare pour les fleurs de chanvre ?

Pour l’exploitation des fleurs, difficile de donner un chiffre, car les itinéraires culturaux sont très différents. Mais nous pouvons vous donner un chiffre pour la production de graines à l’hectare. Avec une variété hors-catalogue de l’Union européenne, la Finola, qui vient de Finlande, nous pouvons obtenir un rendement entre 1,7 et 2,4 tonnes à l’hectare pour les graines. Et cette graine de chanvre destinée à l’alimentation humaine est valorisée à minima 1500 euros la tonne.

Connais-tu le chiffre d’affaires de l’ensemble de tes membres ?

Je ne connais pas le chiffre d’affaires global mais je peux te donner l’exemple d’un de nos membres, fabricant et distributeur de produits à base de CBD, qui a a fait un chiffre d’affaires de 2 millions d’euros au premier trimestre 2021. Pour l’ensemble de nos membres, nous représentons probablement un chiffre d’affaires de plusieurs centaines de millions d’euros. Personnellement, je pense faire un million d’euros cette année avec mon entreprise et je ne fais pas partie des plus grosses boites. Les CBD shops peuvent avoir un chiffre d’affaires entre 500 et 1000 euros par jour.

Nous avons appris récemment de mauvaises nouvelles concernant une nouvelle règlementation du chanvre et du CBD. Quelle est la position du Syndicat professionnel du chanvre ?

Nous sommes déterminés à lutter contre ces nouvelles mesures. Il y a des enjeux économiques importants pour nos commerçants. Il faut sauver nos centre-villes ou de nombreux magasins de proximité sont en grande difficulté avec la crise du Covid. Nous devons aussi soutenir nos agriculteurs qui n’ont souvent que les aides de la PAC ou le RSA pour survivre.

(Avec Fabrizio Dentini)