Plus de 60 000 personnes, dont 1 300 en France, ont déjà participé à la «Global Drug Survey 2014» (GDS), une enquête fouillée sur les usages de drogues, licites ou non, à laquelle Libération s’associe. Tout le monde peut y participer jusqu’au 20 décembre, de façon anonyme et confidentielle.
Son but, «donner la parole à ceux qui connaissent le mieux les drogues : les consommateurs», explique Adam Winstock, le psychiatre londonien à l’origine du questionnaire lancé dans 17 pays. L’enquête offrira une idée des pratiques, loin des tabous, des fantasmes et des préjugés. C’est pourquoi vous êtes invités à y participer (rendez-vous directement sur le site dédié).
La GDS veut récolter «des faits, pas des opinions» sur les usages, afin d’informer tout le monde, à commencer par les consommateurs, et les aider à mieux gérer leur vie et leur santé. Pour cela, estime Winstock, il faut en revenir à ce qui motive les usagers au départ : la recherche du plaisir. Pour lui, les discours ambiants de prévention qui mettent l’accent sur la «réduction des risques» manquent une partie de leur cible, à savoir les gens qui «aiment boire et prendre des drogues» et considèrent que ces activités contribuent à leur bonheur. Du coup, ils rejettent les politiques de prévention qui s’intéressent principalement «à cette minorité d’usagers qui ont développé une dépendance».
«Accepter l’aspect positif»
Pour Winstock, «baser une politique de prévention uniquement sur cette minorité, c’est comme vivre à Londres toute l’année en habits d’été». Selon lui, le discours officiel doit s’élargir et prendre en compte le fait que le «moteur» derrière l’usage de drogues, légales (alcool, tabac, antidépresseurs, etc) ou non (cannabis, cocaïne, etc), «ce n’est pas la dépendance, mais le plaisir».
«De plus en plus, je constate que si on veut engager la conversation avec des gens sur leur usage de drogues et comment en réduire les risques, il faut commencer par accepter l’aspect positif de leur pratique», affirme Winstock. Car «la plupart des usagers ne subissent pas de conséquences graves» du fait de leur usage et réduiraient encore plus les risques si les messages officiels ne les jugeaient pas et ne leur enjoignaient pas d’arrêter leur consommation. C’est pourquoi une enquête comme la GDS peut s’avérer utile, en offrant à ceux qui élaborent les politiques de prévention les meilleures informations possibles sur les usages actuels.