La France doit-elle imiter le Colorado?
En France, les mentalités évoulent... très doucement
En France, les mentalités évoulent... très doucement
Les politiques vis-à-vis du cannabis s'assouplissent outre-Atlantique : les Etats-Unis viennent d'ouvrir leurs premiers "coffee shops", tandis que l'Uruguay a passé le cap de la légalisation totale de la marijuana. La France, qui compte parmi les pays les plus sévères d'Europe en la matière, devrait-elle suivre l'exemple ?
Faut-il imiter l'Uruguay ou, dans une moindre mesure, le Colorado ? La politique de répression française vis-à-vis du cannabis, qui compte parmi les plus sévères en Europe, ne semble pas fonctionner. L'Hexagone détient en effet le triste record de la consommation chez les adolescents. Faut-il alors assouplir le dispositif, quitte à dépénaliser, voire légaliser la vente et la consommation de marijuana ?
Le débat progresse, un peu partout dans le monde. En quelques semaines, des lignes ont été franchies : la fin de la prohibition a été approuvée dans les Etats du Colorado et de Washington aux Etats-Unis. L'Uruguay est devenu, le 10 décembre dernier, le premier pays au monde à en contrôler toute la chaîne, de la production à la consommation. Au nom de la santé publique, ou pour enrayer le trafic et la violence, mais aussi parce que le cannabis est un marché juteux pour les autorités.
Un atout pour les finances publiques
"La légalisation devrait aboutir à une baisse de la criminalité pour des raisons économiques, car la méthode consiste à s'attaquer à la motivation première des réseaux criminels : les profits, explique ainsi au Monde Pierre Kopp, économiste à Paris-I. Le produit devenant légal, le risque diminue, les superprofits doivent donc baisser aussi. Le trafic de cannabis cesse alors d'être une activité criminelle intéressante". En résumé, légaliser reviendrait, à en croire certains experts, non seulement à enrayer le trafic, mais aussi à rapporter gros dans les caisses de l'Etat.
En 2007, l'Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies (OFDT), estimait à 832 millions d'euros les gains du trafic de cannabis. La pénalisation, elle, coûterait 919 millions d'euros à l'État par an. En dépénalisant, 420 millions d'euros pourraient être économisés. De quoi faire réfléchir. Sauf que, de l'autre côté, ce sont les risques psycho-sociaux qui sont mis en avant par les opposants à la légalisation. Comment en effet, anticiper les risques de la libéralisation de cette drogue sur la scolarité ou la santé physique et mentale des plus jeunes ?
En France, les mentalités évoluent
Le débat n'est pas nouveau. Mais François Hollande a été clair pendant la campagne présidentielle de 2012 : la légalisation du cannabis est inenvisageable sous son mandat. Certains ministres, comme Vincent Peillon, Cécile Duflot ou Christiane Taubira, estiment eux que le problème mérite débat.
Il faut dire qu'en France, les mentalités évoluent. Selon l'OFDT, dans une enquête réalisée fin 2012, 60% des Français se disent favorables à une autorisation du cannabis sous certaines conditions, par exemple en cas de maladie, ou avec un maintien de l'interdiction avant de conduire ou pour les mineurs. Ils n'étaient que 30% en 2008.
Autre évolution robuste : 44 % des Français estiment aujourd'hui que l'interdiction du cannabis constitue une atteinte à la liberté individuelle, contre un peu moins d'un tiers en 1999, en 2002 et aussi en 2008. De même, une peine de prison pour simple usage du cannabis est aujourd'hui jugée comme une "bonne chose" par seulement 36 % des Français. Avant de sauter le pas de la légalisation, la France est donc encore loin. Mais l'opinion penche en revanche incontestablement vers un assouplissement de la loi.
Source : http://www.metronews.fr