En prison pour du cannabis 1ère partie: Des vies déchirées
Entre 2001 et 2010, plus de 8 millions de personnes arrêtées aux USA
Entre 2001 et 2010, plus de 8 millions de personnes arrêtées aux USA
Bien que la dépénalisation et la légalisation du cannabis avancent à grands pas dans le monde, il y a encore un très grand nombre de gens en prison à cause du cannabis. De nombreux pays ainsi que des états américains détruisent encore des vies humaines en appliquant au cannabis des lois irréalistes et avilissantes. Pour que ces victimes ne soient pas oubliées, Sensi Seeds consacre une série de trois articles à ce sujet.
Cette première partie évoque quelques exemples poignants de personnes emprisonnées à cause du cannabis, en particulier aux États-Unis. Bien que ce pays connaisse actuellement un véritable revirement, ce sont ces mêmes États-Unis qui interdirent l’usage récréatif du cannabis en 1937 et qui déclarèrent la guerre contre les drogues en 1971. Cette guerre fut menée sans merci contre la population américaine (et l’est encore avec un peu moins d’intensité), les nombreux consommateurs de cannabis (médicinal) étant une proie facile.
Quelques chiffres
En 2013, l’organisation américaine de défense des droits de l’homme American Civil Liberties Union (ACLU) a publié un rapport sur l’échec de la guerre contre les drogues, consacré au cannabis. Ce rapport dévoile notamment que :
- entre 2001 et 2010, plus de 8 millions d’individus ont été arrêtés en rapport avec le cannabis,
- dont 88 % uniquement pour sa possession,
- plus de la moitié (52 %) de toutes les arrestations pour des stupéfiants concernaient du cannabis,
- 46 % de toutes les arrestations pour des stupéfiants concernaient uniquement la possession de cannabis,
- qu’en 2010, une personne avait été arrêtée toutes les 37 secondes à cause du cannabis,
- que chaque année aux États-Unis, un nombre plus élevé de personnes est arrêté pour possession de cannabis que le nombre total de personnes arrêtées pour des crimes avec violence.
Actuellement, plus de 3000 individus ne sortiront plus jamais de prison à cause d’un délit sans violence en rapport avec des stupéfiants et selon The Human Solution, un groupe de militants en faveur du cannabis, il s’agit pour 25 d’entre eux d’une condamnation en rapport avec le cannabis. D’après un calcul de PolicyMic, au cours des 30 dernières années, le contribuable américain a payé près de 44 milliards de dollars en frais pour des personnes emprisonnées en rapport avec le cannabis ; de l’argent qui aurait pu être utilisé de façon plus utile.
Aussi élevé que soit ce montant, il n’est rien comparé à toutes les vies détruites parce que des familles ont été séparées, que des enfants ont grandi sans leur père ou leur mère et que des vies n’ont jamais été vécues. Tout cela sous prétexte de guerre contre les drogues, alors qu’il s’agit en fait d’une guerre contre les individus. Vous pouvez lire ci-dessous quelques exemples des cas les plus tristes ; ce ne sont qu’un faible échantillon d’un nombre impressionnant de cas.
Weldon Angelos – condamné à 55 ans pour vente de cannabis
En 2002, Weldon Angelos était un artiste de hip-hop prometteur âgé de 23 ans à Salt Lake City (Utah) ; il travaillait notamment avec Snoop Dogg et les musiciens de studio de Tupac Shakur. Il était le fier papa de 3 enfants qui grandissaient dans une famille heureuse. Angelos vendait aussi du cannabis et un jour, il en a vendu à un policier infiltré. Ce policier a acheté encore 2 fois du cannabis à Angelos qui, après son arrestation, s’est vu infliger une peine de 5 ans pour la première vente et deux peines de 25 ans pour la seconde et la troisième fois.
Un viol ou un détournement d’avion n’est pas puni aussi sévèrement, mais une personne sans casier judiciaire qui commet un délit sans violence, provoqué en plus par un policier, voit sa vie détruite.
Est-ce que c’est juste ? Même le juge dans cette affaire estime que non. « La cour pense que le fait d’emprisonner monsieur Angelos pour le reste de sa vie est injuste, cruel et irrationnel », selon le juge Paul Cassell. Il ne pouvait cependant pas faire autrement que de se conformer à la législation fédérale. De nombreuses personnes s’occupent heureusement de cette condamnation, et il faut espérer que la réforme de la politique américaine en matière de cannabis entraîne une libération rapide.
Jonathan Magbie : peine de mort
En 2004, Jonathan Magbie a été arrêté en tant que passager d’une voiture dans laquelle avait été trouvés un joint et une arme à feu. Depuis l’âge de 4 ans, Magbie était en grande partie paralysé suite à un accident de voiture dû à un ivrogne. C’est la raison pour laquelle il avait besoin d’une assistance médicale 20 heures par jour, dont il n’a pas bénéficié quand il a dû passer 10 jours en prison. Par manque d’une bonne ventilation pour soutenir ses facultés respiratoires, il est décédé après 4 jours de détention. La peine ainsi infligée à Magbie est devenueune condamnation à mort.
Avec l’aide de l’ACLU, la mère de Jonathan Magbie a porté plainte contre le district de Columbia et l’hôpital Greater Southeast Community pour absence de soins médicaux. Cette affaire a été arrangée à l’amiable hors du tribunal.
Michael Foster & Susan Cooper : un duo à la Robin des Bois derrière les barreaux
L’Angleterre applique aussi une politique injuste à l’égard du cannabis. Bien que les peines soient moins élevées, les cas ne sont pas moins poignants. En octobre 2012, Michael Foster et Susan Cooper ont été condamnés à 3 ans de prison pour avoir cultivé une grande quantité de cannabis dans leur ferme du Lincolnshire.
Ce qui avait commencé comme un hobby était devenu une entreprise qui avait rapporté 400 000 livres au couple en six ans. Mais ceux qui pensent qu’il s’agit ici de grands criminels qui dépensaient leur argent en produits de luxe se trompent.
Ils ont profité de la vie, mais ont aussi fait des dons importants à des écoles au Kenya, payé les frais de scolarité de trois enfants d’une famille pauvre et financé une opération chirurgicale ayant permis de sauver une vie. Malgré tout cela, ils sont emprisonnés et doivent aussi payer 60 000 livres à l’état.
La mort provoquée de l’étalon Easy
Cet histoire est plus ancienne, mais aussi particulièrement triste. Elle montre que même dans le monde animal, il y a des victimes de la guerre contre les drogues. Dans le cas présent un étalon noir qui s’appelait Easy. En juillet 1994, Cheryl Humphrey échangea un de ses poulains pour Easy.
De retour sur son ranch dans le comté d’Humboldt, dans l’état de Californie, Cheryl mit Easy dans un grand pré avec deux autres chevaux, pour qu’il s’habitue à son nouveau cadre de vie. Cela n’a pas duré longtemps. Peu après son arrivée, la police décida de faire du repérage dans la région dans le cadre de la guerre contre les drogues. Alors qu’un hélicoptère volait au-dessus des chevaux, Easy fut pris de panique, n’ayant jamais vu d’hélicoptères auparavant.
Malgré sa réaction de panique, l’hélicoptère continua à survoler le pré. En tentant de s’enfuir, le cheval se heurta aux barbelés et tomba la tête contre un poteau. Comme le cheval avait subi des blessures irrémédiables, Cheryl dut faire piquer Easy quelques jours après.
Jeff Mizanskey – condamné à perpétuité
La vie en liberté de Jeff Mizanskey a pris fin en 1993, lorsqu’il fut arrêté alors qu’il transportait un de ses amis en voiture. Ce qu’il ne savait pas, c’est que son ami devait aller chercher 3,5 kilos de cannabis. Malheureusement, Mizanskey avait deux condamnations à son actif pour des délits en rapport avec le cannabis, tous deux sans violence, sans armes ni autres circonstances aggravantes.
Bien que Mizanskey n’avait jamais été emprisonné et n’avait jamais commis de délit avec violence, il fut condamné à perpétuité en vertu d’une loi de l’état duMissouri qui rend possible une condamnation à perpétuité pour un délinquant qui est condamné pour la troisième fois pour un délit en rapport avec des stupéfiants. Même si ces-délits ne sont pas assortis de violence.
Jeff a fait appel trois fois contre sa condamnation, mais jusqu’ici sans succès. Heureusement, nombreux sont ceux qui s’intéressent à son cas, on espère donc que les progrès obtenus au sujet du cannabis vont permettre d’inverser la tendance pour Jeff Mizanskey.
Aidez les condamnés
Les exemples ci-dessus ne sont que la partie émergée de l’iceberg, mais montrent bien la sévérité disproportionnée des peines infligées à des personnes pour la culture d’une plante et la possession, la vente et la consommation de ses fleurs. Sensi Seeds encourage tous ceux qui veulent jouer un rôle significatif dans cette lutte pour la justice à envoyer une lettre à leur gouvernement. Faites-lui savoir que vous êtes contre les peines de prison infligées en rapport avec le cannabis. Il s’agit d’une situation cruelle, injuste et irrationnelle.
Étant donné le grand nombre de prisonniers aux États-Unis et le fait que cette discussion y est vraiment d’actualité, Sensi Seeds encourage aussi chacun à envoyer une lettre au président Barack Obama. Voici l’adresse :
The Pardon Attorney
1425 New York Ave NW, Ste 11000
Washington DC 20530
USA
Source : sensiseeds.com