L’histoire commence un peu comme dans Breaking Bad, avec un camping-car suspect dans un coin peu fréquenté. Mais ici, pas de labo clandestin de méthamphétamine. Juste quelques caisses en bois remplies de pieds de cannabis. Et surtout, un tuyau d’arrosage relié au ruisseau voisin, qui s’écoule du plus grand lac californien, au nord de San Francisco.
Le New York Times s’est penché sur les voleurs d’eau de Californie, qui détournent des sources d’irrigation pour abreuver leurs plants de marijuana, par ailleurs tout à fait légaux dans l’Etat. Alors que l’ouest des Etats-Unis traverse une rude période de sécheresse, plusieurs comtés du nord de la Californie sont confrontés au vol d’eau de la part de cultivateurs indélicats, soucieux de ne pas voir flétrir leurs précieux plants de cannabis, une plante très gourmande en arrosage.
«Les vieux hippies, ils ont compris le truc»
Patrouilles le long des cours d’eau, surveillances via Google Earth: les forces de police traquent tous azimuts ceux qui puisent dans les cours ou captent les sources chez leurs voisins. Ces pratiques agacent les cultivateurs les plus soucieux de respecter l’environnement, qui craignent d’être vus d’un mauvais œil alors qu’ils s’efforcent de limiter leur consommation d’eau. Elles mettent également en lumière un effet pervers de la législation californienne légalisant la culture de la marijuana: le nombre de plants par cultivateur étant limité, ces derniers sont incités à produire des pieds les plus robustes possible pour rentabiliser leurs efforts.
La police sait manifestement quel type de producteurs elle doit cibler. «Les vieux hippies ne nous posent pas de problèmes. Les vieux hippies, ils ont compris le truc», explique le shérif Thomas Allman, du comté de Mendocino. «Ils se convertissent au bio, ils limitent leur consommation d’eau», tout comme d’ailleurs les «jeunes hippies», souligne-t-il, rejetant la faute sur «ces gens qui arrivent en avril et font pousser de la marijuana le plus vite possible jusqu’en octobre. Le gamin de 20 ans qui veut gagner son million de dollars, et qui utilise des engrais ultra-forts. Il se fiche bien de la quantité d’eau qu’il consomme, ou des produits qu’il injecte dans le sol.»