De plus en plus d'Etats américains autorisent le cannabis
Un dizaine d'Etats vont suivre
Un dizaine d'Etats vont suivre
Un référendum est prévu cet automne en Alaska et dans l’Oregon. Une dizaine d’autres Etats pourraient suivre prochainement.
Le Colorado ne sera bientôt plus une exception. A compter du 1er juillet, l’Etat de Washington autorisera lui aussi la production, la vente et la consommation de cannabis à des fins non médicales. Comme dans le Colorado, la réforme a été soumise à référendum en novembre 2012 et approuvée à une majorité de 56 %. A quelques mois d’intervalle, ces deux Etats prouvent combien la légalisation du cannabis progresse rapidement aux Etats-Unis.
« Je pense que le débat va exploser en 2016. C’est l’année où les gouverneurs devront se faire réélire dans chaque Etat et ils ont besoin du vote des jeunes », veut croire Kayvan Khalatbari, qui possède un dispensaire à Denver et voyage aux quatre coins du pays pour faire du lobbying et partager son expérience du Colorado. Les jeunes de 18 à 34 ans sont effectivement deux tiers à défendre la légalisation de la marijuana, selon les derniers sondages.
L’accès au cannabis déjà largement répandu
En novembre, les habitants d’Alaska et de l’Oregon devront décider par référendum s’ils souhaitent devenir, eux aussi, des Etats procannabis. Des initiatives similaires se préparent dans le Nevada, l’Arizona, la Californie, le Massachusetts et le Montana. Au total, une dizaine d’Etats pourraient ainsi légaliser la marijuana récréative dans les deux prochaines années, estiment les acteurs du secteur.
A condition d’avoir un certificat médical, les Américains ont déjà largement accès au cannabis. La semaine dernière, l’Etat de New York est devenu le 23e Etat américain à autoriser sa consommation pour soulager les douleurs, qu’il s’agisse d’un cancer ou d’un banal mal de dos. La frontière entre la consommation médicale et récréative est ténue, pour ne pas dire inexistante : en Californie, les cliniques spécialisées dans le cannabis sont partout et le nombre de personnes souffrant de mal de dos « chronique » a explosé. San Jose, la capitale de la Silicon Valley, compte plus de 100 dispensaires !
Sujet sensible politiquement
L’industrie souffre toutefois d’un sérieux handicap : la marijuana reste illégale au niveau fédéral. Les entrepreneurs peuvent vendre du cannabis dans les Etats qui l’autorisent, mais ils ont du mal à trouver des banques qui acceptent de financer leur projet (lire ci-contre), celles-ci craignant de perdre leur licence bancaire.
Les hommes politiques au niveau national cultivent l’ambiguïté, ne sachant pas trop si l’Amérique est prête à assumer un si gros changement à l’échelle du pays. Barack Obama a reconnu qu’il fumait du cannabis quand il était jeune. « Je ne pense pas que ce soit plus dangereux que l’alcool », a-t-il lancé récemment. Hillary Clinton, qui espère s’imposer à la présidentielle de 2016, évite soigneusement le débat depuis plusieurs mois. Les républicains sont encore plus embarrassés : ils savent que l’opinion américaine penche à une courte majorité (54 %) pour la légalisation, mais que les deux tiers des électeurs républicains y restent opposés. « Laissons les Etats décider », suggère lâchement Paul Ryan, l’un des prétendants à la prochaine présidentielle.
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