Cannabis 2.0
Le monde du Cannabis est en pleine mutation. De l’ombre, il passe lentement mais sûrement vers la lumière, allant bon train, d’innovations en innovations. Avec la légalisation grandissante aux Etats-Unis, il prend une forme plus respectable et apparaît de moins en moins caricatural, même si il reste du chemin à parcourir. Cela étant, la prohibition est encore à l’ordre du jour dans de nombreux pays, à commencer par le nôtre, et le grand écart entre toutes ces différentes législations devient ridicule. Dans cet article, je vais évoquer un pan intéressant mais complexe de cette évolution, avec ses avantages et ses inconvénients.
Je veux parler des crypto-monnaies, du deepweb ou darkweb et des méthodes pour y pénétrer, de VPN, bref, du versant « online » de ce petit monde qui devient grand, très grand même. Que l’on soit clairs dès le départ : Je ne veux en aucun cas inciter à la consommation de produits illicites issus du deepweb, loin de là. Je souhaite au contraire expliquer que la prohibition engendre ces réseaux qui font parfois un chiffre d’affaire en (dizaines de) millions et n’hésitent pas à proposer à qui le veut des produits dangereux, des armes et bien pire encore. Dans cet article, je vais tenter d’expliquer ce qu’est le deepweb, sans partir dans des détails trop techniques, afin de vous faire entrevoir la réalité de cette face plutôt sombre.
Le deepweb, ou « web profond » qu’est-ce que c’est ?
Il faut savoir pour commencer que, contrairement à ce qu’on pourrait s’imaginer, l’immense majorité du net (90%) est cachée. On parle de deepweb par opposition au surface web, c’est à dire le web de surface et donc, référencé par les moteurs de recherche conventionnels. Comprenez que c’est aussi simple que ça. Il faut savoir que la plupart des sites contiennent des pages considérées comme étant, dans le DW, cela explique pourquoi l’on considère que l’immense majorité du contenu internet est considéré comme caché. On a toutefois tendance à associer le terme à des contenus, violents, illégaux, bref, à des contenus « trash », alors que le deepweb est affaire de technique. Vous me direz, quel est l’intérêt d’implanter un site à un endroit ou il n’est pas référencé ? Justement lorsque l’on cherche à être discret, ce qui explique que ce terme est désormais largement connoté. Pour accéder à un site ou une page dans le DW, il faut donc connaître son adresse (URL), mais pas seulement. La plupart des sites marchands du DW ont mis en place des stratégies techniques nécessitant quelques préparations afin d’y accéder.
L’utilisation d’un navigateur spécifique comme TOR est la plupart du temps, obligatoire, mais il sera aussi souvent nécessaire de passer par un VPN (Virtual Private Network) pour garantir un véritable anonymat, et d’utiliser des crypto-monnaies pour régler les achats. L’ensemble de ce dispositif est destiné à vous protéger mais aussi et surtout, à protéger le site et ses vendeurs contre d’éventuelles poursuites. Cela peut paraître lourd à mettre en place, mais si l’on en croit les chiffres d’affaire de nombreux vendeurs du DW, on se dit que ça ne freine pas les acheteurs pour autant. On peut citer le tout premier site marchand du deepweb à avoir défrayé la chronique dans les médias : Silkroad (route de la soie). A moins d’avoir vécu sur une île déserte ces 10 dernières années, il y a peu de chance que vous n’en ayez entendu parler.
Silkroad était (au passé car il a été fermé par le FBI) une sorte d’ebay underground, ou s’échangeaient pêle-mêle, stupéfiants en tous genres, armes, contrefaçons et autres produits pharmaceutiques. Ce site a été pendant longtemps la bête noire des forces de police du monde entier, ainsi que, plus surprenant, celle des cartels et mafias de tous les continents, qui y voyaient un « court-circuitage » de leurs intermédiaires. Son créateur, Ross Ulbricht, a été arrêté après une traque infernale de complexité et condamné à perpétuité aux USA. Par la suite, des dizaines de plateformes similaires à Silkroad ont vu le jour. La plupart de ces sites permettent le trafic de tout ce qu’il y a de plus glauque. Il faut comprendre que ces plateformes ne vendent rien, au sens littéral. Ils mettent en contact vendeurs et acheteurs. Ils utilisent des techniques évoluées pour rester dans l’ombre, comme des changements perpétuels d’adresse, de serveurs, ce qui rend leur traçage ou repérage compliqué. Mais pas impossible, alors prudence.
Les crypto-monnaies
Expliquer ce que sont les crypto-monnaies, sans entrer dans des considérations techniques complexes est difficile. Je vais toutefois essayer. Une crypto-monnaie, également appelée crypto-devise ou monnaie cryptographique est une monnaie virtuelle utilisée sur des réseaux informatiques, basée sur les principes de la cryptographie. En gros, on peut générer soi-même de la crypto-monnaie grâce à des calculs informatiques, avec une « preuve de travail » ou « POW » (Proof Of Work) pour en assurer la validité. Chacune de ces monnaies, existe dans une quantité limitée. On fait souvent l’analogie avec la recherche d’or. Au début, il y a beaucoup d’or et peu de chercheurs, cela rend les découvertes faciles. Rapidement le bruit court, et le nombre de chercheurs augmente, rendant la découverte d’or plus difficile. Voilà l’idée. C’est la raison pour laquelle les crypto-monnaies sont disponibles en quantité limitée. Le bitcoin, par exemple, est limité à 21 millions d’unités. Actuellement, 16,6 millions de Bitcoins sont en circulation, ce qui représente 62,5 milliards de dollar.
Vous allez me dire, pourquoi utiliser de l’argent virtuel quand on peut payer en ligne avec sa carte bancaire ou paypal etc ? La réponse est à la fois simple et compliquée, mais, principalement grâce à l’anonymat qu’elle permet. Avec des crypto-monnaies comme Bitcoin, Ether, Litecoin, Monero, la liste est longue, on peut relativement facilement régler des transactions de façon anonyme, en évitant les contrôles liés au système bancaire, fiscal ou judiciaire. Et c’est bien là que le bas blesse. L’idée de départ qui a conduit à la création du bitcoin, par exemple, n’avait pas de mauvaise intention. Les créateurs de ces monnaies cryptographiques cherchaient des alternatives au système monétaire mondial, à l’image de ce qu’est l’Esperanto pour le langage C’était donc presque idéologique, ou tout du moins politique. Pourtant, ce qui s’est passé ensuite est moins glorieux. Aujourd’hui, les crypto-monnaies ont une réputation quelque peu sulfureuse.
Le Bitcoin, premiere crypto-devise mise à disposition du monde à aujourd’hui une image pas très favorable. On l’associe aux milieux mafieux, aux dealers, bref, le Bitcoin n’a pas forcément bonne presse. C’est pourtant une idée brillante aux avantages nombreux. Si il existe à ce jour plus de cent crypto-monnaies, leur utilisation reste anecdotique à l’échelle de l’économie mondiale. J’en veux pour preuve le peu de sites marchands légaux qui l’acceptent. Les sommes engagées dans l’ensemble de ces crypto-monnaies ne représentent qu’une fraction infime de la masse monétaire mondiale. Depuis peu, le « Cannabis Coin » a fait son apparition. Il a été créé par des dispensaires et des professionnels du Cannabis dans le but de devenir la monnaie virtuelle de référence dans le milieu. Il est encore trop tôt pour juger de sa viabilité, mais il y a fort à parier que cette crypto-monnaie va trouver sa place.
Et le Cannabis dans tout ça ?
Si j’ai voulu faire cet article, c’est avant tout parce que le commerce de Cannabis tient une place importante sur bons nombres de sites marchands du DW, et c’est en constante progression. A l’époque de Silkroad, on pouvait acheter de l’herbe et des haschichs de premier choix chez des vendeurs, le plus souvent basés en Hollande, et qui avaient tout du coffee shop virtuel. Il semble même avéré aujourd’hui que certains fournisseurs de coffee shops, augmentaient leur production pour dealer en ligne. Aujourd’hui l’offre est bien supérieure, et on trouve même des vendeurs spécialisés dans les graines, les clones, les extractions et toute une gamme de produits dérivés. Certains de ces vendeurs proposent une carte très fournie avec plusieurs dizaines de variétés d’herbe et de haschs disponibles, qui, selon mes sources, sont d’excellente qualité. Aujourd’hui le profil type du vendeur en place sur le deepweb va du petit producteur indoor désireux de rentabiliser sa production, au négociant grossiste en passant par des producteurs provenant de pays historiquement très impliqués dans la production et le trafic de Cannabis (Maroc/Afrique, Inde, Amérique du Sud…) Selon les douanes et les services de police, aujourd’hui en France, le trafic de Cannabis et le trafic de stups en général via le DW est en plein boom.
De plus en plus de saisies sont effectuées dans le courrier postal, qui est l’unique méthode de livraison des produits achetés sur le darknet, permettant de déterminer que ces méthodes se banalisent. Je vous mets tout de même en garde : si il est assez simple d’installer le navigateur « Tor » pour accéder au DW, il n’en reste pas moins vrai qu’acquérir de la crypto-monnaie de façon réellement anonyme est une autre paire de manche. Vous risquez donc d’être repéré ou tracé, même après coup. Il semble qu’à peine 10% des transactions en crypto-devises soient vraiment intraçables et donc anonymes. Cela signifie que 90% des transactions ne le sont pas. Avec l’information qui est faite sur ce sujet, de plus en plus d’utilisateurs se tournent vers cette méthode, il est vrai, pratique et rapide, mais sachez que ça n’est pas sans risque. On voit de plus en plus d’affaires qui arrivent en justice, impliquant des acheteurs ou des vendeurs du deepweb, parfois pour de grosses quantités. Le facteur ne comprenait pas pourquoi on l’aimait tant. C’est clair maintenant !