Bertrand Rambaud
L'Union Française des Cannabinoïdes en Médecine (UFCM) cherche à promouvoir et diffuser les informations relatives à la phytothérapie par le chanvre et ses dérivés actifs, les cannabinoïdes. L'association organise chaque année à Strasbourg, la Conférence Internationale sur les Cannabinoïdes en Médecine, le seul colloque en France sur ce sujet. Bertrand Rambaud est usager thérapeutique, cultivateur et président de L'UFCM. En avril dernier il a été contrôlé par des CRS dans la rue avec quelques grammes de cannabis. Il a ensuite été placé en garde à vue et son appartement a été perquisitionné. Sa plantation a été détruite et son matériel a été confisqué. Son procès a eu lieu le 16 juin et Bertrand Rambaud a été condamné mais dispensé de peine.
L'Union Française des Cannabinoïdes en Médecine (UFCM) cherche à promouvoir et diffuser les informations relatives à la phytothérapie par le chanvre et ses dérivés actifs, les cannabinoïdes. L'association organise chaque année à Strasbourg, la Conférence Internationale sur les Cannabinoïdes en Médecine, le seul colloque en France sur ce sujet. Bertrand Rambaud est usager thérapeutique, cultivateur et président de L'UFCM. En avril dernier il a été contrôlé par des CRS dans la rue avec quelques grammes de cannabis. Il a ensuite été placé en garde à vue et son appartement a été perquisitionné. Sa plantation a été détruite et son matériel a été confisqué. Son procès a eu lieu le 16 juin et Bertrand Rambaud a été condamné mais dispensé de peine.
L'Union Française des Cannabinoïdes en Médecine (UFCM) cherche à promouvoir et diffuser les informations relatives à la phytothérapie par le chanvre et ses dérivés actifs, les cannabinoïdes. L'association organise chaque année à Strasbourg, la Conférence Internationale sur les Cannabinoïdes en Médecine, le seul colloque en France sur ce sujet. Bertrand Rambaud est usager thérapeutique, cultivateur et président de L'UFCM. En avril dernier il a été contrôlé par des CRS dans la rue avec quelques grammes de cannabis. Il a ensuite été placé en garde à vue et son appartement a été perquisitionné. Sa plantation a été détruite et son matériel a été confisqué. Son procès a eu lieu le 16 juin et Bertrand Rambaud a été condamné mais dispensé de peine.
SSFR : Pourrais tu nous présenter l'UFCM et nous expliquer ce qui vous différencie des autres associations d'usagers thérapeutiques ?
Bertrand Rambaud : Il s'agit au départ d'une association luxembourgeoise. Le projet de créer une antenne française date déjà de quelques années mais c'était en pleine période sarkozyste et pour des raisons politiques, nous avons attendu l'arrivée de François Hollande. J'étais alors président d'une association de réduction des risques et d'accès aux soins appelée ICare et nous avons fusionné les deux associations en 2013 pour créer UFCM ICare. Nous avons pour objectif de défendre les usagers thérapeutiques, de leur faciliter l'accès au cannabis médical et de diffuser l'information sur ce sujet. La différence avec les autres associations : notre conseil d'administration est composé de 14 membres dont 7 professionnels de santé. Nous avons du trouver un accord avec ces personnes qui reconnaissent l'utilité du cannabis thérapeutique mais qui ne sont pas forcément favorables à la dépénalisation ou la légalisation du cannabis récréatif. C'est bien ça qui nous différencie : nous sommes spécialisés dans le cannabis médical et ne demandons pas la légalisation du cannabis récréatif.
Vous organisez chaque année la conférence internationale sur les Cannabinoïdes en Médecine...
En effet, nous organisons chaque année cette conférence qui permet aux meilleurs spécialistes internationaux de se réunir. La troisième conférence aura lieu le 22 octobre prochain à la faculté de médecine de Strasbourg. Nous attendons 180 professionnels avec 5 conférenciers et une table ronde. Cette année nous accueillons entre autres l'homme qui a découvert le THC, le professeur Raphael Mechoulam de l'université de Jérusalem.
Vous avez un partenariat avec la banque de graines Sensi Seeds...
Sensi Seeds nous sponsorise depuis 3 ans et nous sommes très satisfaits de ce partenariat. Il financent une partie importante de notre congrès. En contrepartie, nous plaçons bien sûr, leur logo sur notre site internet et nos différents documents. De plus, l'année dernière, nous leur avons fait parvenir, sans qu'ils ne nous le demandent, l'ensemble de notre comptabilité. Nous existons en partie grâce à eux et nous trouvons normal qu'ils puissent savoir exactement comment est dépensé l'argent qu'ils nous donnent. Sur le long terme, l'ensemble de secteur cannabique pourrait profiter d'un assouplissement des lois sur le cannabis médical.
Y a t-il beaucoup de malades qui vous contactent et qui cherchent à accéder au cannabis thérapeutique ?
Oui nous avons beaucoup de malades ou de familles qui nous contactent. L'IACM (International Association for Cannabinoid Medicines) a défini 41 maladies qui peuvent être soignées avec le cannabis. Cela concerne potentiellement près d'un million de personnes. Même si le cannabis ne convient pas à tout le monde (par exemple, pour la sclérose en plaque, le cannabis ne convient qu'à 30 % des patients), tous ces malades devraient pouvoir y avoir accès au moins pour essayer ce traitement. Lorsque des patients nous contactent, nous pouvons les orienter vers certains médecins qui, après examen et consultation de leur dossier médical, pourront leur délivrer une ordonnance de cannabis médical. Les patients devront ensuite se rendre dans une pharmacie hollandaise. La plus proche se trouve à 45 km au nord de Maastricht et ils pourront, entre autres, y acheter un médicament appelé Bedrocan. Ce sont tout simplement des fleurs de cannabis. Il s'agit d'une variété de cannabis médicale stabilisée avec 22 % de THC. Le prix est actuellement de 7,60 € par gramme, ce qui me parait correct pour cette qualité, mais il existe également trois autres variétés de cannabis médical disponibles en Hollande dont les prix varient entre 10 et 12 euros le gramme ce qui me parait un peu excessif. Le Sativex, un médicament sous forme de spray qui contient autant de THC que de CBD, sera bientôt disponible en France mais uniquement pour les patients atteints de sclérose en plaque. Actuellement, la seule solution est donc d'aller chercher son traitement dans les pharmacies hollandaises ce qui reste assez risqué. Les médecins français délivrent des ordonnances sécurisées et un accord avec la Hollande permet de se procurer le traitement ce qui n'est pas le cas en Allemagne.
Y a t-il de faux malades qui cherchent à obtenir des ordonnances de cannabis ?
Oui, c'est déjà arrivé mais les médecins sont très vigilants. Il s'agit d'une véritable consultation qui dure entre 45 minutes et une heure et les médecins demandent à voir les dossiers médicaux des patients. Pour la plupart de ces maladies, ce n'est pas évidement de simuler. Je me souviens de deux faux hyperactifs qui n'ont pas pu obtenir d'ordonnance. Il ne faut surtout pas rédiger des ordonnances de complaisance ça cela décrédibiliserait notre mouvement. Notre objectif est de faire accepter le cannabis thérapeutique dans la société française et nous rencontrons beaucoup de réticences même si les choses commencent à s"améliorer.
Tu n'envoie donc pas les patients vers des cannabis social clubs français ?
Dans la région de Strasbourg ou je réside, les quelques cannabis clubs sont plus destinés au usagers récréatifs. Pour le cannabis thérapeutique, il faut cultiver des variétés spécifiques, stabilisés avec des taux de THC et CBD constants. Le dosage doit être exactement le même tous les jours et ce sont de cannabinoîdes particuliers qui agissent en fonction des différentes pathologies. C'est un véritable traitement qui ne peut pas changer tous les trois mois. Prendre en charge des usagers thérapeutiques demande un savoir faire particulier et tout le monde n'est pas capable de cultiver ce type de cannabis. Il y a de très bons cultivateurs de cannabis récréatif qui ne produisent pas une herbe adaptée à l'usage médical. Je ne connais pas tous les cannabis clubs français et il se peut que certains soient en mesure d'accueillir ce type d'usager mais de manière générale je ne pense pas que les cannabis social clubs français soient actuellement une solution.
Que penses tu de l'huile du type BHO ?
La plupart du temps, je ne conseille pas au malades d'utiliser du BHO. La plupart des patients n'ont jamais pris de cannabis et le BHO est beaucoup trop concentré ce qui peut provoquer certains désagréments. Les trois personnes avec lesquelles nous avons testé le BHO ont eu de fortes crises d'angoisse et se sont même retrouvées aux urgences. Je me souviens de deux soeurs qui cherchaient, l'année dernière, un traitement de type "Rick Simpson" pour leur père qui est atteint d'un cancer. Il est maintenant traité avec du thé au chanvre et du CBD. Ce sont des produits moins concentrés qui lui conviennent beaucoup mieux.
Quel est, selon toi, le meilleur livre sur le cannabis médical ?
Sans hésiter, il s'agit de Cannabis en Médecine de Docteur Franjo Grotenhermen dont la version numérique est disponible en français gratuitement sur notre site. La version papier est actuellement épuisée. Le livre date de 2004 et la version française a été publié en 2009 aux éditions Indica. Je citerais également le livre Cannabis Médical de Michka et collectif publié récemment chez Mama Editions qui est, je pense, un peu plus accessible.
Tu es toi même un usager thérapeutique...
Oui, je suis atteint du VIH et je dois me soigner avec la trithérapie mais je ne supporte pas les effets secondaires. Le cannabis me permet de supporter de fortes douleurs. J'avais fumé quelques joints quand j'étais plus jeune mais j'avais arrêté et il y quelques années, j'ai repris la consommation de cannabis uniquement dans un but thérapeutique. Avant mon arrestation, je cultivais mon propre cannabis sous lampes. J'avais sélectionné des phénotypes qui convenaient parfaitement à mon usage thérapeutique particulier (cannabinoïdes et terpènes). Il s'agissait d'une culture en terre entièrement bio. Je cultivais notamment un phénotype particulier de Jack Herer et une variété qui contient beaucoup de CBD appelée Cannatonic (voir Soft Secrets France 2-2014). J'utilise également de l'huile de CBD. Il s'agit d'huile importée ou que nous fabriquons nous mêmes. J'essaye actuellent aussi un nouveau liquide pour e-cig avec du CBD. Il s'agit d'un prototype qui vient de Luxembourg, qui n'est pas disponible en France et que je trouve très efficace. Mes feuilles de cannabis me servent à faire du thé. Pour l'herbe et le haschich, j'utilise, bien sûr, un vaporisateur. La journée ,je prends surtout du CBD pour mes douleurs mais en soirée j'utilise également des produits avec beaucoup de THC car je suis également insomniaque.
Tu n'as jamais essayé le Sativex ?
Pour l'instant je n'ai pas essayé le Sativex et je le ferais si j'en ai l'occasion mais je ne pense pas que ce produit me convienne. Il est fabriqué à partir de plants de cannabis qui produisent du THC et du CBD à part égale et la méthode d'extraction fait que le produit est composé uniquement de THC et de CBD sans les terpènes qui sont pourtant très importants dans mon traitement. De toute façon, je ne pourrais pas me faire prescrire du Sativex en France car il sera réservé aux malades de la sclérose en plaque.
Tu as donc été arrêté en avril dernier...
Bizarrement j'ai été interpellé par des CRS dans une rue de Strasbourg alors que je marchais, tout simplement. C'est rare que les CRS fassent ce genre de contrôle. Je n'ai toujours pas compris pourquoi ils m'ont arrêté ce jour là. J'avais quelques grammes de têtes sur moi ainsi que des feuilles destinées à faire du thé. J'ai été placé en garde à vue pendant 26 heures pendant lesquelles j'ai été très malade car je n'avais pas pu prendre mon traitement. Ils ont perquisitionné chez moi, ont saisi pour plus de 1000 euros de matériel, mes fleurs et mes feuilles séchées, mes plantes en floraison et surtout mes plantes mères. Mon procès a eu lieu le 16 juin dernier a et eu un fort retentissement médiatique. Je comparaissais pour usage, détention et production de cannabis. J'ai présenté ce jour là, 9 certificats médicaux ainsi que des lettres de soutien de plusieurs personnalités comme Daniel Vaillant, l'ancien ministre de l'intérieur. Je le connaissais car j'avais participé aux auditions préalables à son rapport parlementaire sur la légalisation du cannabis, il y a quelques années. A l'issue de ce procès, j'ai donc été condamné mais dispensé de peine.
Tu as décidé de faire appel ?
Oui, j'ai décidé de faire appel et j'espère être totalement relaxé et non pas seulement dispensé de peine. De toute façon, si je n'avais pas fait appel, je pense que le procureur l'aurait fait. Je considère que le cannabis est indispensable à ma survie.
Depuis ton arrestation, tu ne peux donc plus te soigner avec du cannabis ?
La police a confisqué tout mon cannabis et toutes mes plantes et cela m'a posé un problème car j'ai du reprendre un traitement médicamenteux. Je me suis finalement rendu en Hollande avec une ordonnance et j'ai pu acheter 85 grammes de Bedrocan.