Allumez les moteurs, on lance la culture sur balcon!!

Le moment le plus réjouissant est sans aucun doute le lancement de la culture. Les espoirs sont au maximum et on s'applique bien à tout mettre en ordre. Pour ceux qui cultivent pour la première fois, c'est le premier contact avec la plante avec le point de vue du cultivateur. Ce moment correspond également au stade où la plante est la plus fragile et il est important de s'appliquer et de garder à l'esprit que durant cette période, la lumière, la température, l'humidité et l'air dans le substrat sont fondamentaux pour assurer un avenir à la plante. La première étape est de bien nettoyer le balcon et d'éliminer tous les résidus des cultures antérieures: lavez bien le sol et les pots avec de la javel et de l'eau. Il vaut la peine de laver et de réutiliser les pots car l'argent dépensé pour de nouveaux pots peut être utilisé pour investir dans d'autres intrants pour la culture.

Supprimez les restes de terre avec un balai, du détergent et de l'eau et laissez-les tremper dans de l'eau de javel pendant quelques heures avant de les rincer. Fin mars et début avril, il peut commencer à y avoir de belles journées pour mettre les graines à germer. Les températures nocturnes augmentent ainsi que les heures de lumière. En mai, on atteint la photopériode qui convient pour la croissance de la plupart des hybrides. S'il s'agit de votre première culture, sachez que vous tirerez plus de graines bon marché et de plantes fortes et résistantes comme par exemple de variétés avec des génétiques Skunk, qu'avec des variétés plus onéreuses et plus difficiles à cultiver, des floraison plus longues et moins résistantes aux mauvais traitements, comme par exemple les génétiques Haze.

Quand on réussit à ce qu'une variété facile à cultiver exprime tout son potentiel, on sera plus que satisfait au moment de la fumer qu'avec une variété plus chère et plus difficile à cultiver à laquelle on n'aura pas pu apporter toute notre attention, ni reconnaître ses besoins ou encore la récolter au bon moment. Quand vous aurez pris un peu d'expérience et que vous aurez la culture bien en main, essayez des variétés plus difficiles, mais il est très utile de commencer la partie avec des plantes faciles. Pendant la germination, la graine suit un processus qui la sort de l'état de latence et la transforme en plantule. Le bon déroulement de ce processus dépend d'une série de facteurs comme la maturité et l'état de conservation. Si une graine est récoltée trop tôt ou qu'on la fait germer sans lui laisser un temps de repos au frais, ou encore qu'elle a été stockée dans de mauvaises conditions, il y a plus de risques de voir se présenter des problèmes durant la germination. Les graines ont besoin d'une période de latence durant laquelle les banques de semences les conservent dans des réfrigérateurs avant de les commercialiser. Il existe également des facteurs externes tels que l'humidité, la température et l'oxygène.

Pour germer, une graine a besoin de 21 à 24 degrés, un substrat humide et oxygéné. Cela signifie qu'elle aura des difficultés à germer dans un substrat inondé car bien qu'elle aura suffisamment d'humidité, il lui manquera de l'oxygène. De la même manière, un substrat bien oxygène mais trop sec peut ruiner le processus de germination. Il est important de trouver le bon équilibre entre humidité et oxygène. Un excès d'eau provoque un manque d'oxygène et peut faire pourrir les graines ou du moins en retarder la germination jusqu'à ce qu'une partie de l'eau se soit évaporée et qu'elle s'équilibre avec l'oxygène. Une bonne manière de lancer la germination recommandée par les banques de semences est d'utiliser du papier de cuisine. On peut utiliser de l'eau du robinet, de pluie ou à osmose inversée reconstituée avec un peu d'eau du robinet ou du calcium et du magnésium. Cette méthode consiste à placer les graines entre une dizaine de feuilles de papier de cuisine doublées et humidifiées avec quelques gouttes d'eau, 50 ml, et de les garder entre deux assiettes de manière à garder l'humidité.

Après 36 heures, on ouvre pour vérifier si la radicule est apparue et s'il y a toujours de l'humidité. Un bon endroit pour poser les assiettes de germination est le dessus du frigo car son moteur dégage un peu plus de chaleur que le reste de l'habitation et la température y est stable, aux alentours des 22 degrés. La germination peut également se faire directement en terre. Pour cela, on met les grains dans les pots remplis d'un substrat préalablement humidifié et on la recouvre de 3 millimètres de terre. Le problème avec cette méthode est d'obtenir une température stable et un bon équilibre entre humidité et oxygène. Si les pots sont à l'extérieur, on va dépendre du fait que les nuits soient aussi chaudes que les journées et on devra faire très attention à ce que le substrat ne sèche pas.

Il faudra les pulvériser d'eau tous les jours. Il ne faudra pas non plus qu'il pleuve car cela inonderait les graines. L'autre désavantage est qu'on ne sait pas si la graine a germé ou pas avant plusieurs jours. En conclusion, c'est plus de travail et plus de problèmes alors que la méthode des assiettes permet de maintenir une température et une humidité stables. Si les graines échouent, on pourra en remettre très vite, et réclamer si besoin. Il vaut toujours mieux garder l'emballage des graines jusqu'après la germination pour que la banque puisse identifier le lot. Quand on fait germer plusieurs variétés, il est très important de les différencier et de pouvoir identifier chacune des génétiques plus tard, au moment de les mettre en pot. La germination peut durer entre 24 heures et 7 jours, ou plus, selon la variété, l'origine et l'état de conservation de la graine.

Une fois germée, on va apercevoir une protubérance blanche entre les serviettes et les assiettes, c'est le moment idéal pour préparer les pots. Si la graine est celle d'une plante automatique, on utilisera des grands pots dès le début. Si au contraire, il s'agit d'une variété dépendante de la photopériode, on utilisera d'abord de petits pots avant de les transplanter quand les racines auront colonisé tout le substrat. Les plantes autofleurissantes ou automatiques ont un cycle de vie très court et il est très important de ne pas leur causer de stress pour obtenir une meilleure production. Par contre, le cycle des plantes dépendantes de la photopériode est plus long et elles ont des besoins plus importants en nouveaux apports de terre riche que le stress occasionné par la transplantation. Avant d'y mettre les plantules, arrosez bien la terre. Le substrat doit être humide mais pas détrempé pour que les racines aient de l'oxygène. Pour des autofleurissantes, utilisez des pots de plus de 25 litres.

Pour les photosensibles, des pots d'1/2 ou d'1/4 de litre, un bon substrat spongieux et aéré est l'idéal pour cette étape. Identifiez la variété plantée dans chaque pot. Faites un petit trou avec le petit doigt, mettez-y la graine germée en la prenant entre l'index et le pouce. Plantez-la avec la radicule vers le bas. Recouvrez-la de quelques mm de terre. Pour les autofleurissantes, comme les pots sont grands, mettez-les dans un endroit bien éclairé pendant les premiers jours mais pas en plein soleil, et faites attention aux oiseaux. Si ce sont des photosensibles dans de petits pots, faites attention que le substrat ne sèche pas car la graine pourrait se déshydrater. Les petites serres en plastique vendues dans les magasins de jardinage peuvent être très pratiques pour conserver l'humidité. Après quelques jours, on verra apparaître une petite pointe blanche qui est la future tige.

En quelques jours, la coquille de la graine va tomber et la plantule va ouvrir ses cotylédons. Ces fausses feuilles qui apparaissent sur la plantule apportent l'alimentation nécessaire pendant la première étape et sont différentes des vraies feuilles. Ils sont arrondis et plus épais et déjà présents dans la graine. Sur la partie supérieure de la tige, entre les deux cotylédons, on peut voir la minuscule première paire de vraies feuilles qui sont faciles à identifier avec leurs bords en forme de scie. Quand cette première paire de vraies feuilles s'est développée, vous pourrez mettre les plantes au soleil mais en faisant attention avec les pots noirs ou bruns qui peuvent devenir très chauds au soleil et cuirent les racines. Cela provoquerait un stress et des dommages ultérieurs.

Si vous n'avez pas de pots blancs, faites de l'ombre aux pots en le mettant dans des sur-pots blancs un peu plus grands où mettez-en plusieurs dans un bac blanc. Durant cette étape, il est très important de veiller à la propreté de l'endroit. Il faut éliminer tous les résidus des cultures antérieures, bien nettoyer les pots et se laver les mains quand on manipule les graines. L'Alternaria est un champignon très dangereux qui attaque surtout les plantules et en particulier leur tige qu'il étrangle jusqu'à ce qu'elle se casse et que la plantule meurt. L'autre problème, c'est les oiseaux. L'amidon et les sucres des cotylédons sont irrésistibles. Dès que la plante possède une ou deux paires de feuilles bien développées, il n'y a pas de problèmes mais quand elle vient juste de germer, il faut rester très prudents.

Une solution est de mettre les petits pots dans une serre en plastique comme celles qu'on trouve dans les magasins de jardinage. On peut également utiliser des filets anti-oiseaux, des moustiquaires ou des filets d'ombrage. Ou encore, mettre les petits pots d'un quart de litre dans un bac plus grand entouré de baguettes en bois pour empêcher les oiseaux de s'en approcher, ou pendre des CD entre les plantes pour les effrayer, le temps qu'elles produisent quelques feuilles. S'il vous reste des graines, gardez-les dans leur emballage d'origine et rangez-le dans un flacon ou un bocal hermétique placé au frigo. C'est la meilleure manière de les conserver jusqu'à la prochaine saison. Si la température n'est pas adéquate ou si les conditions climatiques changent, faites attention.

Des températures en dessous de 5 degrés stressent les plantules qui s'arrêtent alors de pousser. Si vous constatez une baisse de la température, gardez-les à la maison à proximité d'une fenêtre jusqu'à ce que les conditions s'améliorent. Si vous avez planté les graines directement en pleine terre ou que vous avez mis les plantules dans une serre sur le balcon, faites attention aux journées pluvieuses car une grande quantité de pluie sur un court laps de temps peut inonder les graines plantées en terre et elles risquent de germer au fond du pot. Cela va fortement retarder leur apparition à la surface si elles ont la force d'arriver jusque là. Idem pour la serre sur le balcon qui peut subir une inondation s'il pleut beaucoup. Les pots peuvent se retrouver immergés d'eau et il y aura des problèmes d'oxygénation des racines qui vont alors s'arrêter de croître.

Les terreaux de qualité qui sont vendus dans les magasins de jardinage sont déjà enrichis. Les fabricants indiquent la quantité d'engrais et de nutriments qu'ils contiennent et s'il s'agit d'engrais minéraux ou bio, etc. Les semis ont besoin de très peu d'engrais car des nutriments sont stockés dans les cotylédons. Il ne faut donc pas ajouter d'engrais au substrat avant plusieurs semaines après la germination des graines. Comme vous allez devoir faire plusieurs transplantations, il ne faut pas donner d'engrais à cette étape par contre, il peut être utile de donner du stimulant pour racines à chaque transplantation pour que les racines restent en bonne santé, ainsi que des mycorhizes qui renforcent leur croissance et résistance. Avec tous ces conseils, vous pouvez commencer l'aventure de la culture sur balcon et faire pousser votre propre herbe à fumer quand vous en aurez envie sans recourir au marché noir et avec la sécurité d'avoir un produit sain et respectueux de l'environnement.