Activisme financier: investir dans le cannabis

Soft Secrets
10 Jun 2014

Il se passe des choses excitantes aux USA; ce que personne n'attendait est devenu réalité. Depuis que le cannabis a été légalisé dans deux Etats, la légalisation totale du cannabis n'a jamais été aussi proche qu'aujourd'hui. Avec sa culture d'entreprise, l'Amérique toujours entreprenante voit les opportunités d'investissement se lever à l'horizon.


Il se passe des choses excitantes aux USA; ce que personne n'attendait est devenu réalité. Depuis que le cannabis a été légalisé dans deux Etats, la légalisation totale du cannabis n'a jamais été aussi proche qu'aujourd'hui. Avec sa culture d'entreprise, l'Amérique toujours entreprenante voit les opportunités d'investissement se lever à l'horizon.

Il se passe des choses excitantes aux USA; ce que personne n'attendait est devenu réalité. Depuis que le cannabis a été légalisé dans deux Etats, la légalisation totale du cannabis n'a jamais été aussi proche qu'aujourd'hui. Avec sa culture d'entreprise, l'Amérique toujours entreprenante voit les opportunités d'investissement se lever à l'horizon.

Soft Secrets a interviewé Christian Groh, le responsable de millions de dollars d'investissement destinés à l'industrie du cannabis. Avec Michael Blue et Brendan Kennedy, Christian a créé le Privateer Holdings, un fonds d'investissements privés destinés uniquement à l'industrie du cannabis. Le Privateer étant le premier fonds de ce genre dans le monde, il attire fortement l'attention des médias et surtout de la presse financière. 

Soft Secrets: Vous êtes  le Directeur des opérations du Privateer Holdings, pouvez-vous nous parler de vos activités?
Par cette fonction, je suis impliqué dans les activités quotidiennes de notre holding. Pour le moment, cela signifie que j'ai beaucoup de travail avec Leafly, notre projet le plus important. Leafly est un site web communautaire qui permet de trouver et de faire le compte-rendu d'une variété de cannabis ou d'un dispensaire. 

Tous les membres de l'équipe ont quitté des emplois respectables pour se lancer dans cette entreprise. Si cela ne marche pas, vous risquez votre carrière. Vous devez vraiment croire que le cannabis va être légalisé aux USA?
Nous avons bien réfléchi et analysé la situation avant de lancer cette entreprise, et nous en avons parlé avec nos familles et amis. Nous étions ridicules dans certains milieux mais aujourd'hui, nous constatons une nette amélioration à divers niveaux: politique, légal, social et médical. La prohibition est en perte de vitesse aujourd'hui. Nous ne savons pas quand exactement cela va avoir lieu mais nous espérons que dans 20 ans, nous regarderons en arrière et seront fiers de ce projet. Nous espérons qu'un jour, nous serons fiers de raconter à nos enfants que nous avons contribué à la fin de la prohibition.  

En quoi ce travail est-il différent de votre travail précédent dans les finances?
Le cannabis est toujours une drogue de catégorie 1 aux USA, et il est donc toujours illégal. Il n'y pas encore beaucoup de règles ni de formalités dans cette industrie et ce marché. De nombreux opérateurs ont la réputation d'être très cools; il est très difficile de faire des contrats avec ces gens ou d'avoir des projets à long terme. En Californie du Sud, par exemple, les dispensaires subissent encore souvent des descentes et rares sont les gens qui s'y investissent à long terme. 

Quand nous avons commencé à penser nous lancer dans l'industrie du cannabis il y a 3 ans, nous avons fait de nombreuses recherches, rencontré des gens du secteur et assisté à des conférences sur l'industrie du cannabis.. La première conférence à laquelle nous avons participé nous a ouvert les yeux. Personne dans la salle ne savait comment gérer une entreprise légalement. La plupart d'entre eux n'y connaissaient rien dans la gestion d'entreprise, la mise en conformité, les cadres légaux, les audits, la gestion financière, etc.

C'est en train de changer et on voit de plus en plus d'acteurs professionnels émerger. Mais on peut dire que ce marché est toujours assez "gris". 

En Europe, de nombreux entrepreneurs du cannabis consomment du cannabis pendant leur travail. Je suppose que vous ne vous faites pas passer un bong pendant les réunions de Privateer?
C'est exact; Privateer Holding est une start-up palpitante gérée par trois anciens banquiers avec un capital d'entreprise et une bonne expérience de terrain. Nous travaillons 80 heures par semaines et sommes centrés sur des entreprises professionnels et les grandes marques qui élèvent le débat au-dessus de celui du cannabis.  

On se représente souvent le secteur du cannabis comme étant géré par des hippies ou des barons de la drogue. Est-ce que votre société entre parfois en conflit avec les leaders traditionnels du secteur?
Nous avons des réactions assez positives de la part des "leaders légitimes". Nous faisons une sorte d'activisme. Nous n'agitons pas un drapeau avec une feuille de cannabis sur notre façade. Nous sommes capables d'aller à Wall Street et d'y lancer un débat intelligent et économique sur le cannabis. Par exemple, nous sommes allés récemment à une conférence à Monaco réunissant des fonds d'investissements privés et y avons inauguré le thème du cannabis face à des centaines d'investisseurs. Ce type d'activisme approvisionne le changement. 

Ce n'est pas de la pure avidité commerciale, nous ne voulons pas prendre le contrôle du secteur mais essayons d'en finir avec la prohibition. Cette perception a été bien acceptée par tout le monde; c'est juste un autre angle d'attaque pour en finir avec la prohibition.

L'Uruguay a complètement légalisé le cannabis. Y voyez-vous une opportunité d'y faire des affaires?
Nous évaluons l'Uruguay et recevons souvent des appels de gens très proches du système. Il a certainement tout notre intérêt. Mais pour le moment, il y a d'autres pays qui nous intéressent plus.

Lesquels?
Le Canada nous intéresse beaucoup; il va légaliser le système thérapeutique en avril 2014. Cela sera supervisé par le Ministère de la santé. Le Canada étant plus proche que l'Uruguay, c'est très intéressant pour nous.

Quel sera votre rôle dans ce nouveau marché canadien?
Nous avons postulé pour être des producteurs agrées sur la côte ouest du Canada. Nous sommes actuellement au beau milieu de ce processus d'agrément.

Quelle société pourra produire au Canada?
Nous avons pour cela créé une nouvelle filiale canadienne. Nous ne devions pas avoir une société qui existait déjà.

Pensez-vous que l'évolution internationale de la légalisation va avoir un effet de catalyseur sur la légalisation aux USA ou vice-versa?
Actuellement, le secteur ne peut plus prendre une autre direction. Dans la plupart des Etats US, l'usage médical du cannabis est ou va probablement être légal dans les années à venir. Cela devient partout une réalité. 

Du côté des affaires, la stratégie des marques et la prise de conscience approvisionnent ce changement. Cela débarrasse le sujet des questions légales. Si on arrête d'utiliser les images de Cheech et Chong (le fameux duo hippie de la télé des années '80), de filles en bikini et de feuilles de cannabis, et qu'on y met quelques noms professionnels et d'autres images, cela va changer la perception et contribuer au changement global. 

Vous vous occupez beaucoup du marketing de votre propre société également?
Bien sûr! Nous travaillons avec une société de marketing externe: Hacklet & Associates. Ce sont les créateurs de la marque Starbucks. Ils sont très compétents en stratégie de marketing et pour soutenir le montage de grosses entreprises autour d'un produit. Dans les années '70, il n'y avait qu'une marque de café aux USA, Folgers, qui était vendue dans une simple cafetière. Cette industrie a fortement évolué au fil des ans. Ce sera pareil avec l'industrie du cannabis et c'est pourquoi, nous sommes très contents de travailler avec cette société de marketing. 

Jusqu'à présent, nous n'avons entendu parlé que de votre acquisition de Leafly. Y a-t-il d'autres holdings dans le portefeuille de Privateer?
La filiale canadienne est aujourd'hui également très importante pour nous mais il y encore d'autres sociétés en développement dans notre portefeuille. Mais elles ne sont pas encore prêtes à être lancées. Beaucoup sont de ces sociétés sont des start-up au premier stade de leur développement.   

Est-ce que vous pouvez nous en révéler quelque chose?
Ok, une de ces start-up est dans le secteur des accessoires. Elle va lancer une nouvelle manière de consommer et nous sommes très excités de voir jusqu'où ce produit va aller. Nous pensons que cette société d'accessoires va contribuer au changement dont nous parlons.  

C'est un Vaporisateur?
Disons que c'est quelque chose de similaire…

Est-ce que cela prend du temps de développer une start-up en véritable société bénéficiaire?  Oui, mais nous y sommes habitués. Tous les membres de l'équipe de Privateer viennent de la Silicon Valley, c'est là que notre carrière a commencé. Nous sommes habitués à construire des sociétés qui partent de zéro pour devenir des sociétés multidisciplinaires.   

Quand nous avons acquis Leafly, la moyenne mensuelle du trafic était de 100.000 visiteurs. Le mois dernier, nous en étions à 3,5 millions de visites. Au début, les revenus de Leafly étaient nuls. Aujourd'hui, elle fait de plus en plus de profits. En ce moment, nous sommes juste au-dessus du seuil de rentabilité.  

Quel est le modèle commercial de Leafly?
Le modèle de gestion de Leafly est basé sur la publicité; les dispensaires achètent des espaces publicitaires sur le site pour un montant allant de quelques centaines de dollars à plus de 5000 dollars par mois. C'est gratuit pour les consommateurs! 

Quel est l'objectif du Fonds? Est-ce que c'est la rentabilité ou a-t-il également des objectifs idéalistes?
Nos investisseurs ne cherchent pas seulement le profit, ils veulent également des avantages sociaux.

Vous venez d'achever votre premier round financier qui a récolté 7 millions d'investissements. Y a-t-il une forte demande pour ce type d'investissements.
Oui, il y a une forte demande pour nos investissements, les 7 millions n'étaient que le premier round. Dans deux ou trois mois, nous allons lancer un nouveau round et espérons réunir au moins 25 millions de dollars. Les investisseurs nous montrent beaucoup d'intérêt et pas seulement aux USA mais partout dans le monde. Je crois que le signal a été lancé et que les gens y voient de bonnes opportunités.   

25 millions de dollars, c'est beaucoup d'argent!
Pour être honnête, 25 millions, ce n'est pas beaucoup pour un fonds d'investissements privé. La différence avec les autres fonds est que notre secteur n'a jamais eu de tels capitaux avant. Le financement extérieur de cette industrie est une grande nouveauté. Nous voulons grandir et augmenter le fonds avec le secteur. 

Qui investit dans votre fonds? Ce sont des investisseurs privés ou institutionnels? Combien votre équipe a-t-elle investit elle-même?
C'est très vaste et va de l'éleveur de bétail du Texas au libertin convaincu, avec toutes sortes de gens au milieu. Ce sont tous des investisseurs privés ou des groupes familiaux, il n'y aucune institution impliquée. Les trois fondateurs de Privateer Holdings sont entièrement investis dans l'affaire. Privateer Holdings a été lancé avec leurs propres fonds.

Quelles sont les motivations des investisseurs?
La plupart de nos investisseurs veulent un rendement financier mais 95% de nos investisseurs demandent aussi des avantages sociaux. Ils sont tous sur le long terme et soutiennent ce que nous faisons. Il n'y pas vraiment de profil politique, ce qui nous a fort surpris pendant le premier round.  

Les études ont montré que les' produits associés aux péchés' (tabac, alcool, armes, jeux et certaines biotechnologies) ont un rendement de 11% plus élevé que la moyenne du marché. (19% en moyenne par an pour 7,9% pour le reste du marché). Considérez-vous vos investissements comme des 'produits associés aux péchés'? 

Les 'produits associés aux péchés' sont considérés comme immoraux et non éthiques, c'est ça? Je crois que c'est une bonne définition.  Nous pensons que la prohibition est immorale et non éthique.  

Pensez-vous que votre fonds va avoir les mêmes performances que ces 'produits associés aux péchés'?
Le tabac est plus une affaire d'addiction alors que le cannabis possède également un aspect bien-être. Pour être plus clair: aucun médecin n'a jamais prescrit de tabac. Mais comme le tabac ou l'alcool, le cannabis a une demande inélastique et pour cette raison, nos produits vont agir de manière très semblable à ces produits. Alors oui, ils vont probablement être plus performants.

Traditionnellement, l'usage du cannabis aux USA est centré sur l'usage médical. Est-ce que Privateer investit également sur le marché récréatif ou est-il uniquement centré sur le marché médical?
Le cannabis est traditionnel. Nous voyons le marché comme une opportunité globale, nous voyons également un marché économique global. 

Quelles stratégies de sortie avez-vous en tête? Ou vos investissements sont-ils permanents?
Privateer est un véritable holding et nos objectifs sont de créer une myriade de marques. A un certain stade, Big Alcool, Big Tabac ou Big Commerce (comprenez: les grosses multinationales) vont entrer dans le marché. Ils y seront forcés quand le cannabis sera vendu à côté de l'alcool. On voit déjà un glissement dans la consommation avec des gens qui le vendredi soir, achètent 10 dollars de bière et 10 dollars de cannabis et plus comme avant, 20 dollars d'alcool. C'est pourquoi nous prédisons que ces grosses multinationales  vont pénétrer cet espace. Cela va soulever la question suivante: "Allons-nous construire ou juste acheter"? Nous pensons nous construire nous-mêmes pour devenir une cible d'acquisition. 

Que pensez-vous de devenir une entreprise publique avec Privateer?
Pour des sociétés telles que la nôtre, il y a plusieurs stratégies de sortie, dont celle de devenir publique. Pour nous, être racheté est un idéal.

Il semblerait que de nombreuses sociétés se soient lancées dans la "vagues verte" récemment. Nombre d'entre elles semblent peu fiables et douteuses. Que pensez-vous de ces sociétés et comment cela affecte-t-il l'image de votre société?
Nous adorons ça! Nous pensons que c'est génial que les entrepreneurs viennent avec des idées différentes. Nous venons de la Silicon Valley où prendre des risques est pardonné. La plupart des vrais entrepreneurs ont échoué dans l'aventure par le passé. Nous essayons de nous mettre dans une position qui va encourager et laisser venir les gens avec de nouvelles idées qui seront testées par le marché. C'est très intéressant.  

Nous sommes à une époque où quelqu'un peut avoir 100.000 dollars par des amis ou la famille et lancer sa propre société dans le secteur du cannabis. Cela ressemble fortement à la Silicon Valley des années 1990. Nous aimons ça parce que cela encourage plus de gens et crée un esprit de compétition.

Il y a encore 3 ans, il n'y avait le choix qu'entre très peu de start-up alors qu'aujourd'hui, il y a des tas de nouveaux plans d'entreprise chaque semaine. Même si ils ne sont pas au niveau auquel nous sommes habitués, ils s'améliorent. C'est incroyable de voir l'évolution de cette industrie. 

Les escrocs ne font-ils pas du tort à l'image de l'industrie du cannabis?
Si, bien sûr, mais il y a des escrocs dans tous les secteurs. Cette industrie est en pleine évolution et quand elle sera mieux structurée, ces escrocs partiront. C'est déjà ce qu'on voit dans les Etats qui ont légalisés, comme Washington et le Colorado. Là-bas, il faut une sorte de formalité et les documents sont vérifiés. Cela effraye les escrocs qui s'en vont, ils ne savent pas comment gérer ça. Nous sommes habitués à ce genre de règles, nous savons comment ces structures fonctionnent. Nous aimons entendre le mot 'audit', nous y sommes habitués et c'est conforme. Au fur et à mesure de la professionnalisation, ça va disparaître.

Combien de start-up ont été passées en revue jusqu'à maintenant? Comment de nouveaux entrepreneurs peuvent-ils être agréés?
Nous avons parlé à plus de mille start-up. Les entrepreneurs qui ont de bonnes idées peuvent aller sur la page contact de notre site web (www.privateerholdings.com). Nous encourageons vivement les entrepreneurs à y soumettre leur projet d'entreprise. 

Etes-vous ouverts à des start-up étrangères?
Absolument! Nous sommes ouverts à toutes les bonnes occasions dans le monde entier. Nous voyageons beaucoup en Europe et nous examinons la question de manière réellement globale.  

Que pensez-vous de la start-up annoncée par Jamen Shively (ex de Microsoft)? Il pense également que le cannabis est un gros business et prédit l'arrivée d'une ère point-bong. Lors d'une conférence de presse à sensation, il a annoncé vouloir réunir 10 millions de dollars pour lancer une multinationale du cannabis. Investiriez-vous dans cette compagnie?  
Personnellement, je ne le connais pas. J'ai compris qu'il voulait ouvrir une chaîne de magasins au détail à Washington, ce qui ne fait pas partie de nos projets. Mais il y a des milliers de gens qui font la même chose avec des dispensaires. Ils veulent tous ouvrir des dispensaires partout aux USA et dans le monde. Jamen Shively est au tout début de son business plan, c'est très théorique pour le moment. S'il est vraiment capable de décoller et d'ouvrir un magasin, notre site Leafly est le bon espace pour y faire sa publicité. 

Si son plan réussi, investirez-vous dans sa société?
Nous nous concentrons sur les activités auxiliaires et les opportunités qui sont légales au niveau local et étatique. Non, nous n'investissons pas dans les dispensaires pour le moment. 

Souhaitez dire quelque chose aux entrepreneurs du cannabis?
Oui, svp, envoyez-nous des business plans prometteurs!

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