2014, année faste pour les amateurs de cannabis en Amérique
La ruée vers l'herbe...
La ruée vers l'herbe...
C’est la ruée vers l’herbe: 2014 a été une année faste en Amérique pour les partisans de la légalisation du cannabis, avec l’Uruguay devenant le premier pays au monde où il est autorisé et un mouvement favorable aux Etats-Unis.
Sa plus belle expression en est la commercialisation annoncée en novembre d’une marque de cannabis haut-de-gamme «Marley Natural», que lancera fin 2015 aux Etats-Unis la famille de Bob Marley, légende jamaïcaine du reggae, grand fumeur de ganja et militant de sa légalisation, mort il y a 33 ans.
Depuis mai dernier, l’Uruguay, malgré l’opposition d’une majorité de l’opinion publique locale et les critiques des Nations unies, est le premier pays au monde où les fumeurs de joints sont autorisés par la loi à cultiver, acheter ou consommer du cannabis.
Dans les faits, l'«expérience» comme l’a surnommée son promoteur, le président uruguayen Jose Mujica, avance lentement.
Elle ne devrait réellement entrer en pratique qu’au printemps prochain quand les entreprises autorisées à produire le cannabis et les pharmacies enregistrées pour le vendre seront opérationnelles.
Les décrets d’application prévoient ainsi que les consommateurs, s’ils sont résidents du pays et âgés de plus de 18 ans, pourront acheter jusqu’à 40 grammes de cannabis par mois dans ces pharmacies.
- «Année historique» -
S’ils préfèrent la produire eux-mêmes, ils devront s’enregistrer officiellement sur une base de données, pour cultiver six plantes par an maximum. A moins qu’ils ne préfèrent adhérer à un club de petits producteurs -- entre 15 et 45 membres -- limité à 99 plantes par an.
La loi, votée en décembre 2013, a été promulguée six mois plus tard avec l’objectif de lutter contre le trafic illicite.
Lente à être mise en place, elle sera également passée au crible par le nouveau président élu, Tabaré Vasquez, qui n’entrera en fonction qu’au 1er mars 2015. Ce cancérologue militant antitabac a fait savoir qu’il la respecterait mais ferait procéder à une «évaluation stricte de son impact».
Aux Etats-Unis, les partisans de la dépénalisation ont pour leur part salué «une nouvelle année historique pour le mouvement», a indiqué à l’AFP le Marijuana Policy Project.
En novembre, à l’occasion de référendums couplés avec les élections générales, l’Alaska et l’Oregon ont rejoint le Colorado et l’Etat de Washington pour autoriser la consommation, la vente et la taxation de marijuana à des fins récréatives, en plus de médicales.
La capitale fédérale Washington a également dépénalisé lors d’un référendum la possession de cannabis, mais le Congrès des Etats-Unis, qui chapeaute les affaires de la capitale fédérale (qui n’est pas un Etat) s’y est opposé en fin d’année.
A ce jour, 23 Etats américains ont légalisé le cannabis à des fins médicales et des mesures d’assouplissement des législations sont présentes dans une quarantaine d’Etats.
- Un marché florissant -
Le +pot business+, difficile à chiffrer mais qui pourrait aller de 10 à 40 milliards de dollars par an selon diverses études, est florissant.
Dans le Colorado pionnier, une banque dédiée aux «entrepreneurs de l’herbe» qui commercent d’habitude en liquide, devrait ouvrir en janvier prochain, les banques traditionnelles craignant l’interdiction fédérale. Car consommer du cannabis reste toujours un délit au niveau fédéral.
L’administration Obama a fait savoir aux Etats concernés qu’elle restait vigilante sur toute atteinte à la sécurité ou la santé publique telles que les ventes aux mineurs ou la vente d’autres drogues sous couvert de vente de cannabis.
Mais les fumeurs se réjouissent de leurs derniers succès, et notamment d’une opinion publique qui, depuis 2013, est majoritairement en faveur de la légalisation, selon les sondages.
«Le rideau s’ouvre maintenant pour 2016», affirme Mason Tvert, directeur de la communication du Marijuana Policy Project. Des consultations sur le cannabis à usage récréatif devraient être présentées lors des prochaines élections dans «au moins cinq Etats», dont la Californie, selon l’association.
«C’est probablement seulement une question de temps avant que tout le pays ne soit touché» par la légalisation, estimait le magazine Mother Jones.
Les opposants qui s’inquiètent des risques pour les adolescents ou la conduite en voiture n’ont pas dit leur dernier mot.
Une proposition de légalisation de cannabis médical a été rejetée de peu en Floride, manquant de deux points les 60% nécessaires à son approbation et le Congrès a dit non à la capitale.
Ces nouvelles législations, qui contreviennent aux conventions mondiales, inquiètent aussi les Nations unies.
L’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), chargé pour l’ONU de contrôler les réglementations sur les stupéfiants, s’est alarmé en mars dernier. Son président Raymond Yans s’est dit inquiet du «danger très grave pour la santé et le bien-être public».
Source : http://www.liberation.fr