L’art du compromis en cultures hydroponiques

Soft Secrets
22 Mar 2020

Vous avez probablement remarqué que la vie sociale ou familiale, de même que le chemin de vie de tout un chacun, sont beaucoup le résultat de compromis, entre ce qu’on voudrait et ce qui peut se faire. Les compromis sont le lubrifiant qui facilite les rapports sociaux au travail, à l’école et à la maison. Ça peut paraître moins évident, mais quand on cultive des plantes en intérieur, dans des conditions artificielles, tous les choix que nous faisons tant pour l’environnement climatique que nutritif de nos plantes, sont les résultats de compromis.


Ce n’est pas toujours facile à comprendre pour des cultivateurs novices qui ont tendance à appliquer aveuglément les tableaux d’application qui sont fournis par les fabricants d’engrais. De la même manière, ils peuvent considérer les conseils d’un livre sur la culture d’intérieur comme une bible dont il faut suivre les instructions. En fait livres et tableaux d’application sont d’indispensables aides qui donnent un cadre général. Ils permettent aussi d’acquérir un peu de théorie et de comprendre mieux ce qui se passe dans notre espace de culture. Cela dit, ces livres donnent des fourchettes, des moyennes mais il faut faire des choix dans ces moyennes, et parfois en dehors. Ce qui différencie un bon cultivateur d’un très bon, c’est l’art du compromis. En examinant les paramètres principaux qui gouvernent la culture, vous verrez qu’ils sont tous le résultat de compromis.

Floraison en AeroFlo

Conductivité

C’est un des outils les plus important du cultivateur pour interagir avec ses plantes. De la conductivité dépend bien sur l’absorbtion des minéraux, mais elle contrôle aussi la consommation d’eau et la morphologie de la plante. Il n’y a pas de conductivité idéale ; si vous suivez les recommandations du fabriquant, vous êtes dans u ne « zone de confort » et pour la plante et pour vous. Mais si vous savez qu’une variété a tendance à pousser trop grande, vous pouvez, quand elle est dans son premier stade de vie (quand elle a 4 ou 5 feuilles) monter considérablement la conductivité au-delà de ce qui est conseillé. La plante va rester trapue, avec des entre nœuds très serrés. Quand vous redescendez à une conductivité normale la plante poussera en gardant cette morphologie. Je vous déconseille d’utiliser cette technique si vous êtes débutant ou ne connaissez pas bien la plante que vous cultivez. La ligne est mince entre un stress contrôlé et une pratique qui peut endommager ou tuer la plante.

Espace de culture pour les plantes mères en AquaFarm

La conductivité contrôle aussi combien d’eau votre plante va absorber. Plus il y a de sels minéraux dans l’eau, plus la plante a des difficultés à l’absorber. On peut créer un stress hydrique et tuer une plante juste avec une conductivité trop forte ; à un certain niveau de sels dissous, l’eau ira de la plante vers la solution et non l’inverse. Au vu de cela, on ajuste la conductivité en fonction du climat.

En été et qu’il, (quand il fait trop chaud) fait très chaud dans votre pièce de culture, votre plante a besoin de plus d’eau, elle a besoin de plus de transpiration, on baisse donc la conductivité. La plante absorbe beaucoup d’eau, ce mouvement lui permettra d’être en contact avec suffisamment de nutriments, même s’ils sont moins nombreux en solution. À l’inverse en hiver où il n’y a pas trop de transpiration, il est bon d’augmenter un peu la conductivité de manière que la plante, avec peu d’absorption, puisse avoir des éléments nutritifs a sa portée.

Une plante mère en AquaFarm

Vous le voyez, le sujet de la conductivité n’est pas aussi simple que ce que disent les tableaux d’application, d’autant plus quedes facteurs annexes, essentiellement le niveau de gaz carbonique et celui de la lumière viennent encore compliquer le problème. Ce sont des facteurs limitants dont dépend la photosynthèse et le besoin des plantes en éléments nutritifs.

Température

C’est peut-être le meilleur exemple de compromis. Plus une eau est froide plus elle peut contenir de l’oxygène dissous. C’est ce que nous voulons car l’hydroponique doit son efficacité à l’oxygénation de la zone racinaire. Une oxygénation maximale permet de passer à travers des pics de chaleur sans dommage. Une eau raisonnablement froide (18°), a beaucoup d’oxygène dissous, c’est ce qu’on recherche ; mais plus la température est basse plus le métabolisme de la plante ralenti. Donc pour que vos plantes poussent rapidement, il est souhaitable de maintenir un environnement plutôt vers 26-28°, ce qui correspond à un niveau d’oxygène dissous moins important. En général dans les manuels, on indique un compromis entre ces deux extrêmes, vers 22°. Même si je donne aussi ce chiffre dans les articles ou les livres que j’écris, je cultive mes plantes plutôt entre 28 et 30°, un choix que je peux me permettre car les systèmes que j’utilise (gamme GHE/ Terra Aquatica) sont ultra performants.

Les racines d’une plante mère en AquaFarm

pH : à cause de la solubilité du fer, qui ne reste pas en solution à un pH au-dessus de 7, nous avons une limite supérieure maximum. La limite minimum est plus floue. En regardant un tableau de l’absorption des éléments en fonction du pH, il est évident pour tout le monde qu’il n’y a pas de pH optimal. Il y a une large fourchette de pH, en gros 5 jusqu’à 6.8. dans laquelle la plante peut pousser sans subir de dommage. Quand un auteur conseille un pH précis, souvent 6, c’est plus une sensibilité personnelle, car en réalité, il n’y a pas un pH réellement parfait. Personnellement je préfère laisser le pH fluctuer dans ces limites, en intervenant le moins possible.

Jeunes plants en AeroFlo

Lumière

On voudrait en avoir le plus possible, on n’en a jamais assez ; même sous la lampe la plus puissante, les plantes ne reçoivent qu’une fraction de ce que leur donnerait le soleil. La lumière perd de l’intensité par le carré de la distance, Il faut donc positionner la lampe le plus près possible des plantes, on les rapprocherait bien encore un peu, mais la chaleur émise ne le permet pas. Il y a une autre école, généralement dans des productions commerciales qui préfèrent utiliser des lampes plus puissantes à plus grande distance pour pouvoir couvrir plus de surface pour chaque lampe. Chacun de ces choix n’apportent pas une luminosité idéale. Il en est de même pour le spectre lumineux ; aucune ampoule sur le marché ne produit un spectre qui soit exactement parfait pour la croissance ou la floraison. Là encore il faudra choisir celui qui semble le mieux adapté, sachant que ce ne sera pas parfait. Entre le choix de la distance, de l’intensité et du spectre, votre éclairage est vraiment le résultat de compromis.

Culture outdoor en Californie avec Larry Brook (GH)

Humidité

C’est le paramètre le plus souvent sacrifié dans une pièce de culture. La chaleur générée par les lampes oblige souvent à une ventilation constante, rendant difficile le maintien d’une humidité idéale. Il faut donc éteindre la ventilation de temps en temps pour remonter le taux d’humidité relative, mais pas trop longtemps sinon la température monte et le CO2 s’épuise. Combien de temps ? le meilleur compromis possible entre le s bienfaits d’une humidité dans laquelle la plante se sent bien et le stress créé par l’augmentation de chaleur.

En résumé

Ce que les fabricants vous donnent quand ils font des tableaux d’application, ce ne sont que des indications. Des plantes même proches, des variétés d’une même espèce, peuvent avoir quand on cultive des plantes en intérieur, dans des conditions artificielles, tous les choix que nous faisons tant pour l’environnement climatique que nutritif de nos plantes, sont les résultats de compromis.des besoins différents. Par exemple une sativa a des besoins nutritionnels différents d’une indica,

Ces tableaux sont les meilleures approximations qu’on puisse produire mais il ne faut quand même jamais perdre de vue que l’examen de vos plantes est primordial. En tant que cultivateurs votre premier et meilleur outil est votre œil : regardez vos plantes, souvent et avec attention. Avec l’expérience on peut déceler les premiers symptômes d’un « inconfort » de la plante ; on peut même avec encore un peu plus d’expérience en deviner la cause. L’environnement artificiel dans lequel vos plantes poussent est loin de reproduire des conditions naturelles optimales. Il faut donc exercer une grande vigilance sur la santé de vos plantes, prêt à intervenir au moindre symptôme suspect. Si vous faite cela, vos plantes vous récompenseront largement. Je vous souhaite de bonnes cultures.

Culture outdoor en Californie avec TriPart (Flora Series)

William Texier

Du même auteur :

Les méfaits de la légalisation

Site Officiiel GHE / Terra Aquatica

TriPart Flora Series

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