Lampes rouge lointain
Durant l'été 2015, j'ai décidé de concevoir une expérience avec quelques lampes rouge lointain qui attendaient que je les utilise. Le but de cette expérience était de tester et d'enregistrer les différences, s'il y en a, quand on ajoute des lampes infrarouges à une culture indoor contrôlée. J'espérais que la lumière rouge lointain induise la floraison plus tôt sur les quelques plantes que j'ai placées juste en dessous.
J'ai décidé de tester ma théorie et fin juin, j'ai mis quatre lampes de 730 nm (rouge lointain) au dessus de plusieurs plantes pour voir si cela allait induire une floraison précoce en les allumant au crépuscule. J'ai constitué un groupe de contrôle pour tester ma théorie. Ce groupe a été exposé à la lumière naturelle pendant la journée mais pas au rouge lointain au crépuscule.
J'ai commencé par planifier mon jardin expérimental. J'ai installé les plantes dans système en eau profonde fait maison où elles ont bien poussé.
Une mèche de 9,525 mm en nylon tressé servait à tirer l'eau du fond du réservoir. L'eau a ainsi traversé le substrat, absorbée par les racines.
Une semaine plus tard, le 1er juillet, le mélange nutritif pour croissance a été remplacé une formule pour la floraison et la CE de l'eau maintenue à 550-600 ppm et le pH a environ 6. L'eau et les nutriments ont été ajoutés pour maintenir ces niveaux. Pendant les mois d'été, les plateaux ont eu besoin d'apports en eau deux fois par semaine. Le système aurait pu être automatisé grâce à un flotteur avec valve fixé à un réservoir supplémentaire, comme un grand seau installé au-dessus du niveau d'eau.
Une fluorescente à induction a été installée sur le mur latéral pour donner de la lumière seulement sur la moitié du jardin. Les plantes situées de l'autre côté ou près de la porte n'ont pas reçu de lumière de cette lampe. Ces plantes étaient mes plantes de "comparaison".
Début août, les plantes expérimentales étaient sous l'influence des lampes rouge lointain depuis plus de 5 semaines. Le résultat était inattendu. La lumière infrarouge n'a pas accéléré la floraison. Je continue de penser que ma théorie est valide mais je ne pense pas que ces lampes émettent suffisamment de lumière pour inciter les phytochromes à réagir comme je l'attendais.
Cependant, sans m'en rendre compte, j'avais sans le faire exprès mené une autre expérience. En plaçant une fluorescente à induction de 300 watts au centre de l'aire expérimentale pour que les plantes reçoivent 5 heures d'éclairage supplémentaire pendant les heures diurnes tout en étant maintenue à l'ombre une partie de la journée. Aucune de ces plantes n'a reçu de lumière rouge lointain. Cela donnait un troisième groupe de plantes que l'on pouvait également comparer. Elles se trouvaient de l'autre côté des fluorescentes, à l'opposé de la lampe infrarouge et n'ont reçu ni rouge lointain ni lumière supplémentaire.
Le résultat, c'est que les fleurs des plantes qui avaient reçu en plus la lumière des fluorescentes étaient plus développées de 7-10 jours après cinq semaines que celles qui avaient reçu des infrarouges et celles qui n'avaient pas eu de lumière supplémentaire. Le groupe de comparaison qui n'avait reçu ni infrarouge ni lumière supplémentaire et le groupe qui avait reçu des infrarouges ont montré le même développement floral plus lent.
Cela indique qu'une lumière moins intense ralenti le développement des fleurs et la maturation. Cela réduit également le rendement et la qualité. Attendez-vous à ce que les plantes qui poussent à l'ombre ou sous un ciel nuageux soient moins productives avec plus de temps. Cependant, vous pouvez améliorer cette productivité et réduire le temps de maturation grâce à une lampe supplémentaire.
Vers la première semaine de septembre, un mois plus tard, les différences liées à l'emplacement des plantes se sont encore plus marquées, plus qu'en fonction des variétés. Les têtes les plus près de la lampe et en contact direct avec les rayons de soleil ont été les premières à mûrir. Les têtes sur une même plante qui ont reçu moins de lumière étaient quelques jours en retard sur les autres. Par contre, celles de plantes sur le côté qui n'ont reçu aucune lumière supplémentaire avaient deux semaines de retard, voire plus.
Ce résultat correspond à d'autres études concernant l'intégrale de lumière quotidienne (DLI). Elle représente la quantité totale de lumière utilisable par la plante sur une période de 24 heures. Selon cette théorie, la croissance et la maturité dépendent de la quantité de lumière que reçoit la plante.
Dans cette expérience, ni les plantes qui ont reçu les rayons enrichis ni les groupes de comparaison n'ont reçu la lumière maximale qu'elles pouvaient traiter mais les plantes qui ont reçu la lumière enrichie ont reçu significativement plus de lumière que celles du groupe de comparaison. Pour cette raison, toutes les différences dans la croissance ou la maturation qui ne sont pas liées à la variété sont attribuées à l'augmentation de la lumière du groupe expérimental. Le résultat est que le groupe expérimental à mieux poussé et a mûri plus rapidement que le groupe de comparaison.
Le résultat de cette expérience a des applications pratiques: l'apport supplémentaire à la lumière naturelle d'une lumière plus intense venant d'une source électrique augmente le rendement et réduit le temps de maturation.
La lampe peut être utilisée pour couvrir tout le jardin durant l'automne, quand l'intensité de la lumière naturelle diminue jour après jour. Augmenter la lumière des zones ombragées du jardin est encore plus bénéfique surtout quand les plantes sont en train de mûrir. Ajouter à la lumière naturelle de la lumière avec des lampes fluorescentes à induction, avec des LED blanches ou des halogènes métal apporte de la brillance et ce n'est généralement pas perceptible par un passant occasionnel car leur spectre est proche de celui de la lumière naturelle.
Les plantes sous la lampe ont été récoltées le 3 septembre. Le groupe de comparaison a été récolté 12 jours plus tard – mais à ce moment, le temps avait changé. Oakland, une ville côtière de Californie, connaît des taux élevés d'humidité. Avec des températures qui chutent à 13°C pendant la nuit, les plantes ont passé pas mal de temps dans une rangée de 13 à 21°C et une attaque de mildiou poudreux a été impossible à éviter. Nous avons essayé de la contrôler en utilisant un mélange de 10% de lait avec un fongicide végétal, mais l'attaque a pris le dessus.
La seconde partie de la récolte n'a pas mérité les efforts que nous lui avons consacrés car les têtes manquaient de densité à cause des taux de lumière très faible de la fin septembre et de l'attaque de mildiou. L'apport de lumière supplémentaire a donc augmenté la production des plantes qui en ont bénéficié et accéléré leur maturation, les sauvant ainsi des assauts du climat automnal.
Les plantes en entier ont été suspendues dans un local non chauffé pendant environ 3 semaines. La température de cet espace est restée fraîche, à environ 15-21°C. Les têtes ont séché en gardant de la flexibilité; parfait pour les fumer – pas trop sèche pour crépiter. Un ami a ensuite manucuré les quatre plantes. Les deux hybrides Jack ont respectivement donné 68 grammes et 87 grammes. Deux hybrides inconnus, 80 et 53 grammes. Un total de 288 grammes. Toutes les têtes avaient une taille modérée mais étaient denses et complètement remplies de trichomes.
Les têtes ont été rangées dans un bocal en verre et rangées au frigo à environ 7°C, ce qui les garde fraîches.
L'expérience phytochromatique sur la lumière rouge lointain ayant donné des résultats négatifs, j'ai enlevé ces lampes de mon local de culture. Je projette d'y installer plus de lampes qui seront allumées en journée, quand les plantes seront à l'ombre. Je pense que cela va augmenter le rendement des plantes et accélérer leur croissance et maturation. Je laisserais des plantes de comparaison sans complément de lumière pour voir la différence.