Visite d'un cannabis club de première classe
Depuis quelques mois, on assiste en France au développement des cannabis clubs et toutes les régions sont concernées par le phénomène. Soft Secrets a eu la chance de visiter l'un des plus beaux clubs indoor en activité. Situé en Bretagne, Mediweed a été créé en janvier dernier par des passionnés de cannabis pour venir en aide aux usagers thérapeutiques.
Depuis quelques mois, on assiste en France au développement des cannabis clubs et toutes les régions sont concernées par le phénomène. Soft Secrets a eu la chance de visiter l'un des plus beaux clubs indoor en activité. Situé en Bretagne, Mediweed a été créé en janvier dernier par des passionnés de cannabis pour venir en aide aux usagers thérapeutiques.
Depuis quelques mois, on assiste en France au développement des cannabis clubs et toutes les régions sont concernées par le phénomène. Soft Secrets a eu la chance de visiter l’un des plus beaux clubs indoor en activité. Situé en Bretagne, Mediweed a été créé en janvier dernier par des passionnés de cannabis pour venir en aide aux usagers thérapeutiques.
Les cannabis clubs sont des structures indépendantes fédérées au sein de l’association des Cannabis Social Club Français. Ce sont en général des clubs de moins de dix personnes qui cultivent en intérieur ou en extérieur. Il s’agit d’un projet européen sous l’égide de l’organisation ENCOD qui a édité une charte. Avant la France, il y-a eu la Belgique et surtout l’Espagne où des milliers d’usagers profitent déjà de ce système. La France a néanmoins ses spécificités et une charte a donc été créée et votée à l’unanimité lors de la première assemblée générale des CSCF.
Mediweed a été créé par des cultivateurs expérimentés qui ont décidé de se mettre au service des usagers thérapeutiques locaux en leur permettant de sortir du marché noir ou l’on trouve souvent de la marchandise de piètre qualité à des prix exorbitants. Il s’agit donc d’un nouveau circuit de distribution avec comme règle principale, la transparence du début à la fin du processus. La proximité entre le producteur et le consommateur le rend un peu comparable au système de paniers AMAP pour les fruits et légumes.
Installation
Au départ, le projet a vu le jour grâce à Raeki. Ce père de famille est propriétaire d’une grande maison et dans son jardin, il y-a un pavillon avec un étage qu’il a décidé de transformer en green house. Pour cela, il a fait appel à JB, un autre passionné de cannabis très expérimenté qui s’est occupé de l’aménagement des chambres de culture.
Il y-a donc une charte qui permet de définir la philosophie du projet mais chaque club fonctionne avec ses propres règles. Il faut d’abord définir les besoins des différents membres ce qui permet de connaitre l’objectif de production et la taille de la surface de culture. Chez Mediweed, il y-a six membres dont quatre sont des malades.
Le placard de croissance éclairé par 600w MH.
Nous visitons le jardin pendant la 4eme semaine de floraison. Il y-a ici trois espaces distincts. Une nurserie (pour les clones), un placard de croissance et un large espace de floraison. Toutes les plantes sont soigneusement étiquetées. Le cahier du club permet de suivre le déroulement de la culture.
Au rez-de-chaussée du pavillon, il y-a donc les espaces boutures et croissance. Il y-a toujours une centaine de boutures en cours d’enracinement dans une homebox. Le placard de croissance est éclairé par une lampe MH de 600w avec Adjust Wing. Il y- a actuellement une cinquantaine de pieds et une dizaine de plantes mères.
La chambre de floraison est bien sur beaucoup plus grande. Au premier étage, il y-a quatre plateaux carrés de 1m20 de coté sur lesquels sont disposés 120 plantes au total. La surface cultivée est donc de 5,6m². L’ensemble est éclairé par cinq lampes HPS de 600w soit 3000w au total. Ce sont des lampes non cool-tubées équipées de ballasts électroniques et de réflecteurs Monster. Les ampoules sont de modèle Philips Green Power.
La taille des pots pour la floraison est de 4 ou 6 litres (entre 36 et 49 pots par plateau de 1,4m²). « Avec certaines variétés qui ne produisent bien que lorsqu'elle ont un bon temps de croissance comme les Afghanes ou les Kush, nous utilisons alors des pots de 11 litres en pinçant les plantes pour obtenir des chandeliers. Dans ce cas, on ne peut mettre que 16 plantes par plateau » précise JB.
Les murs sont entièrement recouverts de mylar. Un puissant extracteur RVK 1000m3/h permet de faire circuler l’air et d’évacuer les odeurs.
Ici, les plantes poussent en musique. Une petite sono a a été installé dans la chambre de floraison et aujourd’hui, le son du percussionniste africain Gwem résonne dans le pavillon. Au rez de chaussée il y-a également un coin détente dans lequel les membres du club peuvent se retrouver en fumant quelques joints, un lieu de convivialité indispensable.
Méthode de culture
La méthode de culture employée ici est le Sea of green (sog), à ne pas confondre avec le Screen of green (scrog). Cela consiste à mettre le maximum de plantes dans l’espace de culture. C’est une culture en rangs serrés ce qui permet d’obtenir une canopée uniforme et très dense, une véritable mer de vert. « Ce système nous permet de récolter à peu près 1,8 kilos tous les deux mois ce qui correspond à peu prés à un rendement de 0,6 grammes par watt et à une moyenne de 15 grammes par plant » nous explique Raeki. L’objectif ici n’est pas d’avoir le meilleur rendement. L’important est de pouvoir fournir une weed d’excellente qualité cultivée en bio et surtout de produire des variétés adaptées aux usages médicaux.
C’est donc le travail de JB (voir l’article sur les breeders français) et sa grande connaissance des génétiques permet au club de cultiver des variétés adaptées aux pathologies des usagers. Il y-a déjà eu des sessions avec des plantes cultivées directement à partir de graines mais actuellement il n’y-a que des boutures. Il y-a une dizaine de variétés réparties en 80 phénotypes différents pour 120 plantes ce qui permet d’assurer une grande diversité.
Pour cette session les variétés cultivées sont les suivantes : il y-a les Elite Seeds : la Katana, la Bestial Skunk et la Rica. I y-a aussi la Juanita La Lagrimosa de Reggae Seeds, la Grape Fruit Haze ( Next Generation Seed Company) et la Jagga ( Swiss génétique sativa) Viennent ensuite les creations de JB : la Royal Haze (Super Silver Haze x Canalope Haze ), la Fruty Rock, la Canalope x Dancehall et l’excellente Grape God que nous avons eu la chance de gouter. Il s’agit d’une variété Inbred Line (IBL) développée à partir d’une génétique de Next Generation Seed Company.
Des variétés adaptées aux usages thérapeutiques et récréatifs.
Raeki et JB font toujours leurs boutures à deux. « On se connait bien, on se complète et on s'entraide ». Les boutures sont prélevées sur les pieds mères et mises a reposer dans des gobelets pendant 24 heures pour commencer la cicatrisation du tronc et éviter les embolies gazeuses (bulle d'air qui rentre dans le tronc) Le lendemain, toutes les boutures sont repiquées dans des gobelets blancs de 20cl, dans un mélange très souple, tamisé et surtout peu riche (EC=0.28). Le PH de ce terreau est de 6.2/6.5 environ.
Le terreau utilisé pour la culture est de marque Biobizz : Ligth Mix pour la croissance et All Mix pour la floraison. Pour les engrais, le club utilise la gamme Bio Canna (Vega et Flores), Bioboost, Piranha
et Tarantula (approvisionnement a l'étranger), Voodoo Juice et Carboload. L’eau de pluie est récupérée pour la culture (EC=0).
Après la récolte, les buds sont mises à sécher sur des fils pendant deux semaines. Seules les grandes feuilles sont enlevées ce qui rend la manucure plus difficile mais assure une meilleure qualité. La manucure est entièrement faite par Raeki. Il utilise pour cela une Trimming Train, de chez 00 Box (grand modèle). Les buds sont ensuite mises en bocaux pour une maturation de deux semaines minimum.
3 kilowatts HPS, 4 plateaux, 120 plantes et 6 fumeurs.
Les petites feuilles de manucure servent à faire du hasch type Ice o lator. Le club possède une machine B-quick avec des tamis de 220 et 70 microns. Toujours à la pointe des techniques, JB et Raeki pratiquent également l’extraction au butane. Très en vogue au Canada, ce processus permet d’obtenir un produit appelé butane hemp oil (BHO) ou budder. Très concentré, avec un taux de plus de 90 % de THC, c’est un produit totalement naturel contrairement à l’huile classique dans lequel on trouve quelques résidus de solvants.
Fonctionnement
Un cannabis social club n’a pas pour objectif de faire du bénéfice. Mediweed a mis en place un système intéressant qui pourrait être repris par d’autres clubs.
Raeki qui est le propriétaire s’occupe de la culture au quotidien. JB, lui, intervient pour les étapes importantes que sont le bouturage, le rempotage ou la récolte.
« Faire un kilo de weed revient à peu prés à 1000 euros » nous explique JB. Cette somme comprend bien sur l’électricité, le chauffage et les différents produits nécessaires à la culture comme les graines, les engrais ou le terreau.
A cela, il faut rajouter le temps de travail qui doit être rémunéré. Une présence quasi-quotidienne est nécessaire. « S’occuper d’une plantation de cette taille, c’est quasiment un travail à mi temps ». Il a donc été décidé de payer le jardinier, qui ici, est aussi le propriétaire, 1000 euros pour deux mois, le temps d’une session. Tous les deux mois, il faut produire au moins un kilo. En additionnant les dépenses de fonctionnement et le défraiement du jardinier, on arrive donc à 2000 euros le kilo, soit 2 euros le gramme. C’est donc à ce prix que la weed est vendue aux membres. Sur le marché noir, elle est actuellement vendue entre 6 et 8 euros le gramme et la qualité n’est pas toujours au rendez-vous.
Ces boutures sont issues de 80 phénotypes différents.
C’est une différence de prix non négligeable. Pour certains usagers, la marijuana est un produit de première nécessité et ce système permet de répondre à leurs besoins
Il y-a pour ces premières sessions un surplus relativement important puisque la récolte est en moyenne de 1,8 kg de fleurs séchées. Ce surplus est donc réparti de la manière suivante : une partie est affectée à la création d’une réserve dont le poids devra au moins être égal à celui d’une récolte et qui servira en cas de problème dans le futur. « Une autre partie est donnée à certains usagers thérapeutiques qui ne font pas partie du club mais que l’on dépanne gratuitement de façon ponctuelle » nous précise JB, le spécialiste.
Notons que le club Mediweed n’existerait pas sans Raeki. En effet, le propriétaire met son local à disposition et il a investi seul dans l’ensemble du matériel nécessaire à la culture (lampes, pots extracteur et accessoires divers). Dans certains clubs, les membres se cotisent pour acquérir l’équipement de base et démarrer ainsi leur projet.
Le club propose également un petit plus. JB et Raeki profitent de la saison estivale pour cultiver dans le jardin du club. Il s’agit d’une petite production d’appoint de seulement 5 plants (Jaga, Grape God, Fruty Rock, Katana et Grape Fruit Haze), C’est une culture en pot de 25 litres. Les boutures sont prélevées sur les plantes mères du club. Le terreau et les engrais sont donnés gratuitement par le propriétaire d’un grow shop local. « Cette herbe médicinale est distribuée gratuitement aux membres du club car aucun cout supplémentaire n’est engagé pour cette récolte ».
Pour finir, souhaitons longue vie au club Mediweed. Nous avons été impressionnés par la qualité du travail et le soin apporté aux plantes. Ces cultivateurs passionnés, engagés et solidaires ont réussi à créer un cannabis club qui pourrait servir de modèle pour les futures installations.