Une jardinerie de Colmar dans la tourmente judiciaire

Soft Secrets
06 Aug 2018
Le gérant de la jardinerie alternative Auxine est accusé entre autres de « complicité d'acquisition, détention et d'emploi non autorisé de stupéfiant ». On reproche au gérant d’avoir vendu du matériel destiné à la culture de cannabis. Le nom de ce grow shop, située dans la zone commerciale de Colmar, fait référence à l’auxine, une hormone de croissance végétale bien connue de botanistes qui joue un rôle très important dans le développement des plantes. Auxine fait partie des nombreux grow shops qui ont été perquisitionnés ces derniers mois mais son gérant est l’un des rares à prendre la parole publiquement. L’histoire est souvent la même : plusieurs clients d’un grow shop sont interpellés pour culture de cannabis et le grow shop est considéré comme complice. Tout a commencé le 27 avril dernier à 7 heures du matin avec une première perquisition au domicile de Christian, le gérant, dans le Bas Rhin. On été saisis : 1,3 gramme de haschich légal au taux de THC inférieur à 0,2% et 270 grammes de chanvre. Arrivé au magasin,le gérant remet aux gendarmes 12 kilos de chanvre supplémentaires : « Le chanvre, soit tiges, feuilles et graines non-triées, provient d’une culture légale déclarée en bonne et due forme à la gendarmerie de Vittel dans les Vosges. Celui-ci est destiné à un partenariat de recherche avec le CNRS et la Faculté de Pharmacologie de Strasbourg visant à mettre en évidence par analyse cytométrique l’efficacité du chanvre et des ses principes actifs sur certaines pathologies colorectales. » A la jardinerie Auxine, les gendarmes ont saisi : les feuilles à rouler, les filtres, les grinders, les boites tightvacs, les balances, les pipes, les briquets, des papiers administratifs, les espèces (environ 4000 €) et un lot de cartes « Allo écoute cannabis ». Le magasin a été mis sous scellés. Christian a ensuite été mis en garde à vue pendant 4 jours à la gendarmerie de Colmar : « Une enquête d’environ 9 mois a été menée sur demande du Procureur. Pendant ces 4 jours de GAV, une trentaine de clients sont perquisitionnés, presque tous sont cannabiculteurs, presque tous déclarent se fournir chez Auxine et y recevoir des conseils de ma part. » Pendant la garde à vue, une deuxième perquisition a eu lieu au magasin Auxine. Ont été mis sous scellés : 39 cartons de gaines de ventilation, 7 ampoules MH Powerplant, 5 ventilateurs, 1 ballast Lumatek, 38 bouteilles d’engrais Bio-technology, 379 sacs de terreaux Mills, 23 bouteilles d’engrais Biobizz, 13 bouteilles d’engrais Biocanna, 13 bouteilles d’engrais Canna, 4 pots de destructeurs d’odeurs ONA Apple Crumble, 4 osmoseurs, 12 caissons de ventilation insonorisés, 3 bouteilles d’engrais GHE, 7 turbo néons Florastar. « Ce matériel serait identique à celui retrouvé lors des perquisitions chez les clients ». Après 4 jours de garde à vue, Christian a été jugé en comparution immédiate : « Le 20 avril, après avoir mangé un sandwich thon/mayonnaise gracieusement offert par le tribunal, je passe en comparution immédiate aux côtés de Sébastien, mon salarié, et Nicolas, le sous-traitant qui me loue un local à l’arrière du bâtiment. Ils étaient aussi en garde à vue. » Les avocats ont obtenu le renvoi. Pendant ses réquisitions, le procureur est allé jusqu’à demander la mise en détention provisoire ! « Le procureur requiert 10 ans de prison et plusieurs milliers d’euros d’amende, je ne me souviens plus bien. On demande le renvoi et je suis placé sous contrôle judiciaire alors que le Procureur demande la détention provisoire, merci du fond du coeur Monsieur le Juge ! » Le procès a été reporté au 26 juillet mais a finalement été reporté à nouveau, à la date du 16 aout 2018, pour des raisons de procédure (des scellés non levés). Les avocats du gérant de la jardinerie Auxine sont Maître Breham et Maître Laurence Greig, tous deux du Barreau de Paris. Après plusieurs mois de fermeture de son magasin et des factures qui s’accumulent, Christian se trouve dans une situation difficile. Une cagnotte Leetchi a été créée pour lui venir en aide : « Le compte a été saisi, le magasin est sous scellés, plus aucune rentrée d'argent puisque pas d'activité commerciale, les charges continuent à tomber. Loyer, crédits, assurances, taxes, abonnements… etc. Le salarié continue d'être payé, il a 4 enfants je ne peux pas lui couper son salaire, je suis humain ! Les frais d'avocats sont conséquents et je dois me déplacer régulièrement à Paris pour le rencontrer ». La jardinerie Auxine est l’une des victimes de la politique « anti grow shops » du gouvernement. Christian a raconté son histoire sur le site Auxine.net et sur les réseaux sociaux : C’est important pour moi que ça soit ainsi rendu public. D’abord pour rétablir la vérité à mon encontre suite aux articles de presse du mois d’Avril mais aussi pour préserver l’image de mon entreprise que j’ai toujours soignée du mieux possible dans les actes comme dans les paroles. »
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