Rapport annuel de l'Observatoire européen des drogues
Un marché en pleine mutation
Un marché en pleine mutation
L'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies dresse dans son rapport annuel le portrait de la mutation du marché des drogues illicites.
L'usage de drogues illicites reste "historiquement élevé" en Europe, qui doit faire face à de "nouvelles menaces" avec des produits de synthèse toujours plus nombreux et de nouveaux types d'usage, alerte mardi l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) dans son rapport annuel.
Même si la consommation de cocaïne et de cannabis marque des signes d'érosion, tout comme le nombre de nouveaux usagers d'héroïne et le recours à l'injection, l'observatoire, basé à Lisbonne, souligne que 85 millions d'adultes européens ont consommé une drogue illicite au cours de leur vie.
Il remarque notamment que le marché de la drogue, "en pleine mutation", est "plus fluide et dynamique" et "moins structuré autour des substances à base de plantes, parcourant de longue distances jusqu'aux marchés des consommateurs en Europe".
Cannabis: plus d'herbe et de résines de synthèse
"Malgré des signes d'une tendance à la baisse" dans certains pays, la consommation de cannabis reste la drogue la plus consommée d'Europe, avec "un marché étendu et relativement solide", où l'herbe de cannabis devient de plus en plus présente face à la résine importée majoritairement du Maroc. Presque tous les pays européens signalent désormais une culture locale du produit (à usage personnel ou dans des fermes contrôlées par des mafias).
Autre mutation, l'apparition récente d'une "grande diversité" de produits de synthèse "analogues au cannabis", "qui peuvent "être extrêmement puissants" et que l'on retrouve "dans presque tous les pays européens".
L'observatoire fait part de ses "inquiétudes" concernant les quelque 3 millions d'Européens qui consomment du cannabis quotidiennement, et souligne que le nombre d'usagers entamant un traitement pour la première fois pour des problèmes en lien avec le cannabis a augmenté d'environ un tiers entre 2006 et 2011.
L'ecstasy en baisse, la MDMA en hausse
L'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), qui publie le même jour son propre rapport sur les comportements addictifs en France, souligne la particularité de l'Hexagone qui continue d'être l'un des pays avec le plus niveau le plus élevé de consommation chez les jeunes adultes et les jeunes scolarisés.
Au total en Europe, 73 nouvelles substances psychoactives de synthèse, vendues souvent sur internet, ont été détectées en 2012 par le système d'alerte précoce européen (EWS). Il en avait identifiées 49 en 2011.
Parmi ces nouvelles drogues, 19 étaient des produits chimiques "peu connus ou plus obscurs", et 14 étaient de nouveaux stimulants de synthèse, comme les amphétamines et l'ecstasy, qui concurrencent "dans une certaine mesure la cocaïne". L'OFDT note de son côté que la consommation de cachets d'ecstasy en France semble en perte de vitesse au profit d'une présentation sous forme de poudre (MDMA).
VIH, Hépatite C
Si la consommation d'héroïne continue de baisser dans la plupart des pays européens, tout comme les pratiques d'injection, l'Observatoire de Lisbonne déplore, comme l'an dernier, de "nouveaux foyers d'infections par le VIH en Grèce et en Roumanie" et appelle à fournir "des services appropriés en matière de réduction des risques" (traitement de substitution, échange de seringues, etc.).
"La mise en place de traitements pour les usagers de drogues est vraisemblablement une solution politique rentable, même en période d'austérité économique", insiste l'OEDT, qui salue le "niveau record" (1,2 million) d'Européens ayant bénéficié d'un traitement en 2011.
Le rapport note aussi qu'une "épidémie cachée" d'hépatite C, transmise elle aussi par l'échange de seringues, n'est pas suffisamment prise en compte .
Enfin, si l'usage et les saisies de cocaïne sont en baisse dans plusieurs pays européens, "le signalement de problèmes aigus et chroniques liés à l'usage de cocaïne se poursuit", note l'observatoire, qui a comptabilisé au moins 475 décès liés à cette drogue en 2011, un chiffre qui "pourrait être sous-estimé".
Plus largement, 6500 décès par surdoses ont été déclarés en 2011 (contre 7000 cas en 2010 et 7700 en 2009) la majorité pour des consommations d'opiacés, souvent en combinaison avec d'autres substances (alcool, etc.).
Source : http://www.lexpress.fr/
http://www.emcdda.europa.eu/