Quels produits pharmaceutiques le cannabis pourrait-il remplacer?

Soft Secrets
22 Feb 2017

Quels produits pharmaceutiques le cannabis pourrait-il remplacer?


Les médicaments à base de cannabis ont déjà commencé à remplacer une grande variété de produits pharmaceutiques conventionnels dans le traitement d’une gamme de conditions répandues, incluant la douleur chronique, l’épilepsie et l’insomnie. Une enquête ponctuelle canadienne effectuée en 2015 a montré que 80,3 % des 410 personnes interrogées substituaient le cannabis à au moins un médicament de prescription. De plus, des preuves indiquent que le cannabis remplace l’alcool et les drogues, ce qui a le potentiel de réduire certains risques sanitaires sérieux. L’enquête effectuée a en effet montré que 51,7 % des répondants substituaient le cannabis à l’alcool et 32,6 % consommaient du cannabis au lieu de prendre d’autres substances illicites.

Le bien fondé de substituer le cannabis aux opioïdes

Dans les Etats américains qui ont légalisé l’utilisation médicale du cannabis au cours des deux dernières décennies, on observe une réduction significative de la consommation des opioïdes d’ordonnance ainsi qu’une diminution de la mortalité associée à la consommation de ce type de médicament. Dans un « document de travail » de 2015, les chercheurs de la RAND Corporation ont découvert que dans 17 Etats, les taux de mortalités associées aux surdoses d’opioïdes d’ordonnance avaient chuté de 16 à 31 % après l’adoption de lois en matière de cannabis médicinal. Ces données corroborent celles d’une étude datant de 2014 qui avait conclu que la mortalité liée aux opioïdes était 25 % plus basse dans les Etats où le cannabis médicinal était légal. En 2012, une revue des études sur l’utilisation du cannabis pour substituer les opioïdes ou constituer un traitement d’appoint a compilé des résultats encourageants. En l’occurrence, une étude effectuée en 1975 comparant le THC à la codéine a trouvé que 10 mg de THC n’étaient que légèrement moins efficaces que 60 mg de codéine, mais que l’efficacité de 20 mg du cannabinoïde surpassait celle de 120 mg de codéine. Une étude en double aveugle effectuée en 1990 sur un seul sujet a montré qu’une dose de 5 mg de THC était aussi puissante que 50 mg de codéine dans le soulagement de la douleur chronique, en plus de réduire la spasticité musculaire. Un sondage transversal rétrospectif a été effectué en 2016 auprès de 244 patients souffrant de douleur chronique et se traitant au cannabis médicinal pour découvrir s’il y avait des changements de consommation d’opioïdes et de qualité de vie. A la lueur des résultats, on a découvert une réduction moyenne de 64 % pour la consommation d’opioïdes et une augmentation moyenne de 45 % en matière de qualité de vie. On a aussi noté une diminution dans le nombre de médicaments pris par les patients, ainsi qu’une réduction du nombre et de la sévérité des effets secondaires. Le bien fondé de remplacer les opioïdes par le cannabis, ou de combiner les deux drogues, semble apparent dans le traitement de la douleur chronique. Les patients qui commencent à prendre du cannabis médicinal réduisent significativement leur consommation d’opioïdes, et selon des rapports anecdotiques, certains patients cessent même complètement d’utiliser des opioïdes. Cependant, bien que ces résultats préliminaires soient encourageants, des essais contrôlés randomisés seront plus aptes à établir le lien de causalité, les doses appropriées et les facteurs de risque.

Le cannabis pour traiter la dépendance aux opioïdes

Le cannabis est un bon substitut aux opioïdes dans le soulagement de la douleur chronique, mais il possède un autre potentiel de substitution encore plus efficace. Plusieurs opioïdes posent de sérieux risques d’addiction et de dépendance physique, et une fois accoutumé, le consommateur peut difficilement se sevrer de son médicament. Au cours de la dernière décennie, la recherche a commencé à mettre en lumière la relation complexe qui unit le système endocannabinoïde et les récepteurs opiacés. Il est de plus en plus évident que la dépendance aux opioïdes et le système de récompense du cerveau et du système nerveux sont aussi sous l’influence de l’activité du système endocannabinoïde. La revue 2013 des études sur l’interaction cannabinoïdes-opioïdes et des traitements pour contrer la dépendance aux opioïdes apportent de nombreux détails sur le sujet. Selon diverses études, le système endocannabinoïde peut avoir un effet médiateur sur l’activité d’un neurotransmetteur trouvé dans le cerveau, la noradrénaline, affectant la réponse du récepteur μ-opioïde. Le lien précis n’est pas encore connu, mais comme le potentiel de recherche est intéressant, les études sur le sujet se multiplieront sans doute au cours des prochaines années. En outre, le document de travail qu’avaient rédigé en 2015 les chercheurs de RAND avait conclu que les Etats où le cannabis médicinal était légal affichaient une réduction de 28 à 35 % des taux de fréquentation des établissements pour traiter la dépendance aux opioïdes, de même qu’une diminution de la mortalité. Ainsi, le cannabis peut augmenter l’efficacité des opioïdes en plus de les rendre moins préjudiciables et addictifs.

Le cannabis pour substituer les antiépileptiques

Pour certaines formes graves d’épilepsie, il n’existe que très peu (ou aucun) médicaments efficaces contre les convulsions. Dans le cas du syndrome de Dravet, la découverte du potentiel antiépileptique du CBD s’est avérée miraculeuse. En fait, le médicament à base de CBD élaboré par GW Pharmaceuticals, Epidiolex, a reçu le statut de médicament orphelin aux Etats-Unis, ce qui veut dire qu’il est le seul traitement reconnu pour cette maladie particulière. Ainsi, pour certaines formes d’épilepsie, le potentiel du cannabis ne se limite pas à remplacer un autre médicament, mais bien à être la seule substance thérapeutique existante. Cependant, d’autres formes d’épilepsie sont traditionnellement traitées à l’aide d’anticonvulsivants, la phénytoïne et le phénobarbital par exemple. Ces médicaments comportent une large gamme d’effets secondaires qui peuvent être la source de troubles très graves. En outre, les médicaments offerts ne sont efficaces que dans environ 70 % des cas. De nombreux Etats américains ont répertorié certaines formes d’épilepsie qui affectent les adultes et les enfants comme étant admissibles pour les traitements au cannabis. Certains patients adultes estiment que les traitements à base de CBD sont aussi ou plus efficaces que les anticonvulsivants conventionnels pour contrôler les convulsions, sans toutefois comporter de graves effets secondaires. Peu d’études ont été effectuées pour connaître le potentiel des médicaments à base de cannabis dans le traitement de formes plus répandues d’épilepsie, et à ce stade, il existe beaucoup plus de rapports anecdotiques qu’expérimentaux. Lors d’un essai clinique ouvert effectué en 2015, des chercheurs ont tenté de déterminer les effets anticonvulsifs du cannabidiol sur 162 enfants et jeunes adultes âgés de 1 à 30 ans. Ils ont découvert que le cannabidiol « pouvait réduire la fréquence des convulsions et présenter un profil sécuritaire chez les enfants et les jeunes adultes atteints d’épilepsie réfractaire. » D’autres rapports ont tiré des conclusions tout aussi prudentes. Le rapport de 2014 intitulé Cannabidiol: Promise and Pitfalls (Cannabidiol : potentiel et risques) établit qu’ « il semble exister de plus en plus de données pharmacologiques pointant vers le rôle du CBD, particulièrement dans le traitement de l’épilepsie réfractaire. Cependant, étant donné le manque d’essais bien contrôlés, il faut aussi se demander si nous n’allons pas trop vite ». En conclusion, remplacer les anticonvulsivants par le cannabis dans le traitement des formes les plus répandues d’épilepsie n’est pas aussi avérée que dans le cas des opioïdes, mais le poids des rapports positifs de patients justifie que se poursuive la recherche en ce domaine.

D’autres médicaments que pourrait remplacer le cannabis

En plus de pouvoir substituer les opioïdes et les anticonvulsivants, le cannabis et les cannabinoïdes ont fait preuve de leur potentiel dans le traitement d’autres symptômes. Voici une liste des autres produits pharmaceutiques qui pourraient être remplacés par le cannabis : Les antipsychotiques sont une classe de médicaments qui pourrait être remplacée par les médicaments à base de cannabis, particulièrement à base de CBD, ce composé ayant de grandes propriétés antipsychotiques. Un examen des 66 études sur le CBD et la psychose publié en 2014 a conclu ceci : « Etant donné le haut niveau de tolérance et le meilleur rapport coût-efficacité, le CBD s’avère une solution de rechange intéressante dans le traitement antipsychotique actuel. » Les médicaments pour lutter contre l’insomnie pourraient eux aussi être remplacés par le cannabis. Plusieurs études ont été effectuées au fil des dernières décennies sur les effets du THC et du CBD sur l’endormissement, la durée et la qualité du sommeil. Une étude datant de 1973 a montré que le THC pouvait accélérer l’endormissement et réduire les interruptions du sommeil. Une autre étude, datant celle-ci de 1981, a démontré que le CBD augmentait la durée du sommeil. Des essais contrôlés randomisés effectués en 2010 sur des patients souffrant de fibromyalgie ont montré que le cannabinoïde de synthèse, le nabilone, avait une meilleure influence sur la qualité du sommeil que l’amitriptyline, un médicament couramment prescrit en cas d’insomnie chronique. Cependant, des preuves concluantes restent à établir. Les médicaments prescrits pour un TDAH, le Ritalin ou l’Adderall par exemple, ne fonctionnent pas pour tous les patients. Une étude de 2015 a montré que chacun des 30 participants – aucun d’entre eux ne retirant d’effets bénéfiques du Ritalin ou de l’Adderall – a ressenti une « amélioration dans sa concentration, son sommeil et une réduction de l’impulsivité » après avoir reçu un traitement au cannabis. Vingt-deux patients ont décidé de remplacer leurs médicaments d’ordonnance avec du cannabis.

Qu’en est-il du cannabis pour remplacer la chimiothérapie?

De nombreuses études ont montré que plusieurs cannabinoïdes, dont le THC et le CBD, avaient un effet direct sur les cellules cancéreuses. Par ailleurs, une abondance de rapports anecdotiques fait état de patients se guérissant apparemment du cancer à l’aide d’huiles et d’extraits de cannabis. Cependant, plusieurs études existantes ont été réalisées sur des animaux ou des cultures de cellules humaines in vitro (boîtes de Pétri), et non in vivo (humains en vie), ce qui réduit leur utilité par rapport aux essais cliniques sur les humains qui sont malheureusement plus difficiles à effectuer pour diverses raisons. Après des décennies de recherche préliminaire probante, on vient tout juste d’annoncer que sera réalisé le premier essai clinique mondial randomisé, contrôlé contre placebo, en double aveugle afin de déterminer le potentiel du cannabis en tant qu’adjuvant à la chimiothérapie. Le projet d’effectuer un essai clinique qui impliquerait d’interrompre les traitements de chimiothérapie pour déterminer si le cannabis représente un meilleur remède est presque impossible à effectuer, étant donné les risques potentiels pour les patients. Pour parvenir à des résultats précis et justes qui éclaireront le potentiel des cannabinoïdes en tant que monothérapie contre le cancer, il est urgent d’effectuer plus d’essais cliniques. Un examen détaillé présenté en 2016 dans la revue Current Oncology au sujet des cannabinoïdes conclut ceci : « En résumé, les cannabinoïdes induisent la mort des cellules cancéreuses et inhibent l’angiogenèse tumorale et l’invasion dans les modèles animaux atteints du cancer, et il y a des preuves qui montrent qu’ils agissent de manière similaire sur des patients atteints de glioblastome. Comme les cannabinoïdes affichent un profil de tolérance convenable, il est justifié et même urgent d’entreprendre des essais cliniques pour tester leur potentiel en monothérapie ou idéalement, en traitement combiné auprès de patients atteints de glioblastome ou d’autres types de cancer. »

Pour certaines maladies, le cannabis et les médicaments à base de cannabis sont plus sécuritaires et efficaces que les traitements standards. Les patients des Etats-Unis et de partout au monde commencent à remplacer ou combiner leur traitement conventionnel avec du cannabis, et les résultats initiaux sont très prometteurs.

S
Soft Secrets