pH et PPM - Du sur mesure pour votre culture
Qu’est-ce que le pH? Face à cette question, les cultivateurs novices se grattent généralement la tête et se creusent les méninges. Le pH se réfère au niveau d’alcalinité ou d’acidité de quelque chose, dans ce cas un liquide.
Le liquide est la solution nutritive que vous utilisez pour cultiver votre plaisir. L’échelle du pH commence à 0 et va jusqu’à 14. Une valeur de 7.0 est considérée comme neutre, une valeur supérieure à 7.0 est alcaline, et une valeur inférieure à 7.0 est acide. Vous vous demandez sûrement pourquoi c’est important. Si vous étiez chimiste, vous le sauriez. Comme vous ne l’êtes pas, en voici l’explication. La solution nutritive que vous utilisez est un cocktail de plusieurs éléments chimiques. Ces éléments chimiques peuvent réagir entre eux dans un processus appelé liaison covalente et former de nouveaux éléments chimiques dont vous ne voulez pas. Vous n’en voulez pas parce que votre plante ne peut pas les utiliser. Ce processus de liaison covalente est très dépendant du pH de la solution dans laquelle les éléments chimiques sont en suspension, dans ce cas, l’eau. Avec les éléments chimiques qui sont utilisés dans votre solution hydroponique habituelle, un chimiste dirait que le pH idéal serait de 7.0, donc neutre. Le raisonnement qui sous-tend cette idée est qu’en gardant la solution neutre, la liaison covalente des éléments constitutifs de votre solution sera maintenue au minimum. Mais comme vos plantes aiment à avoir un niveau de pH différent pour que leur croissance soit optimale, il vous faut répondre à leurs besoins, baisser le pH et accepter la légère perte de valeur nutritive. Les plantes feuillues à croissance rapide aiment un pH plus bas, de 5.2 à 5.9. Heureusement, un pH bas amènera moins de nutriments de ce type dans votre solution qu’un pH plus élevé. Si vous laissez le pH aller au-delà du taux optimal de 5.2 à 5.9, vous vous exposez à des taux indésirables de déficience nutritive et de toxicité qui peuvent empêcher la croissance. Faites attention. Dans votre recherche sur les diverses méthodes hydroponiques en cours, vous avez peut-être réalisé que la plupart des substrats de culture sont relativement inertes (laine de roche, gravillons, sable…). Le substrat de culture ne réagira pas avec les nutriments dans la solution. Pour ces méthodes qui utilisent un substrat inerte, un pH de 5.2 est recommandé pour une assimilation optimale des éléments. C’est à ce taux de pH que les racines vont absorber le plus efficacement les nutriments de votre solution. Si les racines doivent moins travailler pour assimiler les nutriments requis, le reste de la plante en bénéficiera. En écoutant ça, les vieux consommateurs qui cultivent depuis les années ’60 vont hausser les épaules et se moquer. Ils ne jureront que par un pH neutre de 7.0 pour leur solution (du moins s’ils vérifient jamais le pH). Des recherches récentes ont montré qu’un pH plus bas est ce qu’il y a de mieux pour les plantes feuillues qui grandissent vite. Mes expériences personnelles avec un pH bas m’ont convaincu : les têtes étaient grosses et abondantes et l’huile de hash gluante qui en était extraite était à tomber par terre.
Parties par million (PPM)
L’ajustement de la concentration de la solution nutritive à diverses étapes de la croissance améliore encore le taux d’assimilation des nutriments. La concentration de la solution est mesurée en parties par million (PPM). Normalement, il n’y a pas de solution nutritive pour un clone récemment coupé, le PPM de votre solution n’a donc pas d’importance à ce stade. De jeunes pousses récemment germées ou des clones fraîchement enracinés commencent généralement de 500 à 600 PPM. Ce taux monte de 800 à 900 pendant la phase de croissance du feuillage. Pendant la phase de floraison, le PPM monte parfois plus haut que 1000. Il s’agit d’une grande quantité de nutriments, mais ils sont nécessaires, chaque goutte compte. C’est pendant la floraison que votre plante aura besoin du plus de ressources possible. Après que les fleurs se soient transformées en têtes, il faudra penser à rincer les éléments chimiques de votre création. A ce moment, la plante a toujours besoin de nutriments, mais à une concentration moindre. Il est donc recommandé de réduire la concentration de 400 à 500 PPM pendant quelques jours pour laver les nutriments qui se sont accumulés, si vous ne voulez pas les fumer. C’est à ce stade que certains affament leur plante pour stimuler une réaction de survie qui génère plus d’huiles naturelles dans la plante qui lutte contre la déshydratation. Cette sécheresse contrôlée augmente les niveaux d’huile dans la plante et donc le THC (ce qu’il y a de bon). Cette description générale du processus de croissance vous donne les informations nécessaires pour prendre de bonnes décisions concernant le pH et la concentration (PPM) de votre solution nutritive. Il faut néanmoins dire un mot de la température et de la lumière.
Température et lumière
La température idéale pour les solutions hydroponiques est généralement de 24°. C’est à cette température que la plupart des éléments sont assimilés facilement et que l’oxygène atmosphérique est le plus directement accepté dans la solution nutritive. On pourrait remarquer que des augmentations de température accroissent le taux de photosynthèse, et c’est vrai. Cependant, il faut satisfaire les besoins nutritionnels des plantes et éviter de dépasser la température de 25° pour la solution. Certains connaisseurs des installations hydroponiques séparent la zone des racines/de la solution de celle de la croissance/du feuillage. La zone de croissance/du feuillage est maintenue plus chaude que celle des racines/de la solution, ce qui permet de tirer le meilleur des deux zones. Restez attentif, il y aura un article à ce sujet, ça vaudra le coup! Comme je l’ai mentionné précédemment, la liaison covalente est l’ennemi du cultivateur hydroponique. Evitez-la au maximum. C’est plus facile à dire qu’à faire dans certaines situations, mais vous devez savoir à quoi vous avez affaire. Pour chaque liaison covalente, il y a une dépense d’énergie. Cette énergie est tirée des alentours sous forme de chaleur, d’énergie chimique, ou de lumière. Si vous devez mélanger de grandes quantités de solution nutritive à la fois, ou si vous l’achetez déjà mélangée, conservez votre solution dans l’obscurité et surtout, faites-en sorte qu’elle reste fraîche. Cela ne donnera pas aux éléments chimiques l’énergie nécessaire pour réaliser ce que des éléments chimiques veulent faire, former des liaisons covalentes stables. Le premier élément chimique à chercher une liaison covalente est généralement le fer. Le fer est connu pour former des liaisons covalentes avec tout ce qui passe. Si vous devez en ajouter à votre solution nutritive avec d’autres éléments chimiques à l’état de traces, faites-le juste avant de donner la solution à votre plante. Cela donnera aux racines une chance de s’en sortir avec les autres éléments chimiques présents dans la solution, y compris le fer.
Mesurer le pH et le PPM
Il est relativement facile de mesurer le pH, et il existe une série de méthodes pour ce faire. La moins chère et la moins technique consiste à prendre un échantillon de votre solution. On le place dans un flacon propre qui est fourni avec le kit pH. On teste alors le pH en mettant une goutte du liquide fourni avec le kit dans le flacon (PAS la solution). Ce liquide colore la solution nutritive, généralement en vert ou en bleu-vert. Cette couleur est alors comparée au nuancier qui est fourni avec le kit. La couleur la plus proche correspond au pH de la solution. La méthode que j’utilise est très précise, il faut acheter un compteur de pH assez bon marché. Le compteur teste le pH jusqu’au dixième de point et il s’est révélé indispensable, un bon achat. Un autre compteur mesure le PPM de l’ensemble de la solution, et celui-ci est incontournable, les amis. Si vous voulez contrôler le PPM de votre solution nutritive, il vous faut acheter ce compteur. Si vous ne cultivez qu’une seule fois, ou juste un peu à la fois, achetez le compteur le moins cher, ou mélangez les nutriments par gramme selon les instructions données. Si vous y allez à fond et cultivez pour tous vos amis, investissez un peu plus et acquérez un produit de qualité et fiable.
Ajuster le pH et le PPM
Vous savez maintenant ce que sont le pH et le PPM, et comment les liaisons covalentes en dépendent. Bien. Et qu’allez-vous faire de ce nouveau savoir, vous demandez-vous? C’est simple : vous allez y ajouter de l’acide. Savoir ce qu’il faut ajouter et quand est primordial pour le succès de votre culture. Quand le taux de pH est trop haut (alcalin), on peut le baisser avec du salpêtre, de l’acide sulfurique ou du phosphore. Quand le taux de pH est trop bas, on peut le hausser avec du carbonate de calcium, de la chaux, ou de la potasse. La plupart des engrais provoquent un changement du pH de la solution nutritive. Ajouter de l’engrais à la solution nutritive donne presque toujours un pH plus acide. Il faut donc l’ajuster. Il est important de bien gérer tous ces éléments chimiques. La première règle générale est de ne pas le faire quand vous êtes stoned. Ne le faites jamais, les plantes peuvent se passer d’un repas si nécessaire. Une autre règle est d’utiliser du verre ou du plastique, jamais du métal. Les nutriments réagiront avec les éléments libres du métal et vont bouleverser les ratios des nutriments. Le verre et le plastique ne présentent pas ce problème, allez donc d’abord faire un tour dans le rayon cuisine du supermarché le plus proche. N’ajoutez jamais l’acide dans le récipient des nutriments. Remplissez un petit verre avec le nutriment qui doit être équilibré et ajoutez quelques gouttes de l’élément chimique nécessaire. Mélangez bien et ajoutez de petites quantités à la fois dans le grand récipient de nutriments jusqu’à atteindre un pH bien équilibré. C’est tout ce qu’il y a à faire. A présent, vous savez tout. Avec le temps, la quantité de sels produits par la désintégration des engrais dans le substrat le rend de plus en plus acide. Parfois, la concentration de ces sels dans le substrat va freiner les plantes et faire brunir les feuilles. De même, quand la plante vieillit, ses racines deviennent moins efficaces pour amener la nourriture jusqu’aux feuilles. Pour éviter l’accumulation de ces sels dans votre substrat et pour garantir que votre plante reçoit tous les aliments dont elle a besoin, rincez bien votre système avec de l’eau propre et au pH équilibré toutes les deux semaines. Faites-le à la place du cycle d’alimentation. Il y a toujours eu un grand débat sur le moment ou il faut ajuster le pH, avant et après avoir ajouté des nutriments à l’eau, ou juste après. Nous avons parlé à une experte et sa réponse a été : les deux. La raison est que l’eau est rarement morte ou neutre. Elle est soit acide, soit alcaline, selon la région. Notre chimiste a expliqué que la façon dont les professionnels procèdent sert d’abord à rendre l’eau neutre (pH de 7.0). Il faudra donc ajouter les nutriments à cette solution chimiquement neutre et ajuster le pH à un taux entre 5.2 et 5.9. Ça semble logique. Voilà donc quelques mots sur le pH, le PPM et la liaison covalente. Par Thomas Valentine