Les plantations s'enracinent en Blegique
Les cultures de cannabis se multiplient en province de Liège
Les cultures de cannabis se multiplient en province de Liège
Les cultures clandestines de cannabis se multiplient en province de Liège.
Le phénomène a pris une ampleur considérable depuis quelques années et, selon les autorités judiciaires, il devrait même s’accroître : quasiment pas une semaine ne passe sans qu’une plantation de cannabis soit démantelée en province de Liège. Rien qu’au mois de mai, une culture clandestine a été découverte à Herstal; une plantation test et du matériel pour une culture à grande échelle ont été saisis à Jalhay et à Soumagne, les policiers ont mis la main sur une installation prête à accueillir 1800 plants de cannabis. Voilà pour les exemples les plus récents mais il y en a bien d’autres.
Fabienne Delmiche est une des deux magistrates chargées de ce type de dossiers au parquet de Liège. Elle livre son analyse de ce business lucratif et en pleine expansion. "Avant 2008, ce genre de découvertes était très rare en Belgique. Aujourd’hui, une ou deux plantations industrielles sont démantelées chaque semaine", explique-t-elle. "La région liégeoise est attractive pour les trafiquants car elle compte beaucoup de zones désaffectées, des hangars, même si l’on trouve aussi des plantations dans des villas de grand luxe qui offrent de vastes espaces et un approvisionnement en eau grâce aux piscines. De plus, la marchandise est aisément acheminable aux Pays-Bas ou en Allemagne via le réseau routier", poursuit la magistrate.
L’adoption il y a un an par deux provinces néerlandaises frontalières avec la Belgique d’une carte cannabis, limitant l’accès aux coffee-shops aux seuls résidents nationaux, a-t-elle contribué à accroître le phénomène chez nous ? "Pas vraiment", estime Fabienne Delmiche. "J’évoquerais plutôt la politique plus dissuasive des Pays-Bas où les trafiquants s’exposent à de très lourdes amendes."
Mafias et business juteux
Le trafic de cannabis serait extrêmement rentable. "L’investissement en matériel pour cultiver les plants est énorme mais les bénéfices peuvent se monter à des millions d’euros; ce qui pousse certaines organisations criminelles à se reconvertir dans le cannabis", indique Fabienne Delmiche. Une étude de l’université de Gand soutient qu’un gramme de cannabis peut rapporter 4 euros et qu’on peut en récolter 575 grammes au m2 de plantation.
Justement, qui sont ces trafiquants qui s’installent dans la région ? "On trouve très peu de Belges. Derrière les plantations de grande taille se cache la criminalité organisée, structurée avec des ramifications à l’étranger. Il y a la filière maghrébine et on constate une implication de la mafia albanaise, comme bailleur de fonds ou commanditaire. Une organisation criminelle vietnamienne, chassée de Grande-Bretagne, est active chez nous depuis quelque temps. On a démantelé une dizaine de ses plantations à Liège, Huy et en Flandre. Elle employait des petites mains, logées, nourries et rémunérées 1000 euros par mois. Mais parfois, le trafic de cannabis est lié à la traite des êtres humains avec des personnes privées de passeport et logées de façon déplorable."
Les enquêtes sur ces trafics sont souvent longues (jusqu’à deux ans), délicates et elles nécessitent des collaborations avec d’autres pays, "pas toujours faciles", précise Fabienne Delmiche. Quant aux peines prononcées en cas de condamnation, elles varient. "Cela peut aller de 5 ans de prison jusqu’à 20 ans si on a affaire à la tête d’une organisation criminelle."
La magistrate liégeoise est peu optimiste quant à un tassement du phénomène. "Ce sera sans doute pour nous un travail sans fin car la consommation de stupéfiants et ses intérêts financiers sont en constante progression. Tout au plus peut-on envisager un déplacement des cultures de cannabis dans d’autres zones géographiques", dit-elle.
Source : http://www.lalibre.be