Le chanvre invité d’honneur du Rast’Art Festival
Le Rast’Art Festival, qui aura lieu du 16 au 18 juin 2017 à Sannerville (14) à coté de Caen, est le premier festival de reggae en Normandie. Chaque année, l’association Collectif Rast’Art qui organise le festival choisit un thème de société et organise des rencontres et des débats. Pour la 8eme édition, le thème choisi est "Le Chanvre dans tous ses états ". On parle ici de chanvre global et on évoquera bien sûr les differents usages, textiles, industriels ou médicaux. Mais lorsque l’on s’appelle Rast’Art Festival, on ne peut pas faire l’impasse sur les usages récréatifs et spirituels comme on peut le voir avec les differents intervenants et une programmation d’artistes souvent inspirés par la marijuana. Cette année, les têtes d’affiche sont Julian Marley et David Rodigan. La programmation est un mélange de roots, dancehall, dub et de sons plus dubstep avec des artistes comme Radikal Guru ou Krak In Dub ou jungle avec Taiwan Mc ou MrWilliamz. Pour en savoir plus, nous avons interviewé Aurel, coordinateur de l’association et référent pour la programmation du festival.
Soft Secrets France : Pourrais-tu, en quelques mots, nous présenter l’association, le festival ainsi que les éditions précédentes ?
Aurel (Rast’Art Festival) : Le Collectif Rast’Art est une association créée en 2008 à Caen (Normandie) ayant pour but de fédérer des artistes de divers horizons et de les aider dans leur développement, notamment au travers d’organisation d’événements. C’est donc avec cet objectif qu’a grandi l’association, puis mis en place le festival en 2010 pour permettre aux artistes de la région de pouvoir se présenter a un public plus large, et pour le public de bénéficier d’un festival spécialisé "Reggae de proximité".
Pourquoi avoir choisi le thème du chanvre pour cette 8eme édition ?
Depuis la 5eme édition nous avons décidé de donner une thématique à ce festival pour être un fil conducteur entre les animations, la programmation, et la décoration, mais avant tout pour dépasser le coté festif et permettre de se rencontrer, se questionner, aussi avant, pendant et après le week-end. : l’eau & les hommes (2014), autour de l’arbre (2015), traverse les frontières (2016). C’est pour nous une forme d’engagement sur des sujets de sociétés.
La thématique de chaque année est débattue en assemblée avec les membres de l’association, chacun peut y apporter ses idées, on en débat … et puis on vote.
La thématique de cette année « le Chanvre dans tous ses états » sert a prendre le contre-pied du cliché Reggae = Cannabis que l’on rencontre trop souvent dans les médias, qui certes est bien ancrée dans cette culture, et qui touche tout le monde. Nous espérons aussi avec cette thématique, qu’au sein des familles, cela puisse faire débat, afin de participer à la fin de la stigmatisation des usagers.
Nous parlons aussi de « chanvre global » qui prend aussi en compte l’activité agricole liée ainsi que sa transformation pour des usages dans les domaines de la construction entre autre.
Et puis c’est aussi l’année ou l’on vote pour un nouveau président, et cette année plus que les autres, des candidats se sont exprimés sur le sujet (bien qu’étouffé par d’autres affaires).
Quels seront exactement les animations et les débats en rapport avec le chanvre pendant le festival ?
Nous accueillerons plusieurs associations et professionnels qui travaillent autour de cette plante. Seront présents : Agrochanvre, association de producteurs de chanvre en Normandie, Ananda & Cie concernant l’aspect alimentaire, l’incontournable et historique CIRC, Principes Actifs pour l’usage thérapeutique qui animera un atelier de prévention par la vaporisation, l’ANPAA pour la prévention des conduites addictives, Culture Indoor Caen, un de nos partenaires historiques, Alexandre Grondeau l’auteur de la trilogie Génération H. Nous permettrons au public de participer à la campagne mondiale du projet photo « Support don’t punish ». Nous présenterons une exposition extraite des articles collectés sur le site. Deux tables rondes sont aussi mises en place le samedi pour permettre de présenter les différents acteurs présents et le dimanche, pour débattre des solutions possibles pour un modèle de loi à la française.
Le dimanche, c'est le jour du 2eme tour des législatives, mais c’est aussi « L'Appel du 18 joint » lancé en 1976 qui aura lieu pour la 1ere fois à Sannerville, et ce sera l’occasion de clôturer le festival avec un plateau d’artistes très spécial en partenariat avec Génération H.
Cette année, vous avez également organisé pour la première fois, la Marche mondiale du cannabis à Caen. Quel bilan tirer de cette manifestation et pensez-vous à l’avenir vous engager à nouveau pour la cause cannabique ?
Le bilan est positif. Il montre que nous avons encore du chemin a parcourir. Au delà du nombre de participant (les gens on encore peur de la « police politique », pour d’autres c’est leur travail dans le public qui les brides..), pour une première à Caen & en Normandie des gens de tout âges se sont joint au cortège, puis on librement pu s’exprimer en direct à la radio (podcast a réécouter sur radiopulse.fr). Nous avons pu constater la volonté de certains médias de ne pas en parler, et le soutien complice de plein de citoyens dans la rue.
Il faut que cela puisse durer, au delà de cette année, mais il faut une structure pour permettre la bonne coordination et à des citoyens de s’engager et de s’impliquer.
Quels sont les critères avec lesquels vous construisez votre programmation musicale ?
Je ne sais pas si il y a une recette magique, en tout cas l’esprit de la recette « Rast’Art » est la suivante : une base avec les artistes membres de l’association présents dans la région et sur le quart grand ouest, un ou deux artistes de légendes, quelques artistes dits « émergents », un peu comme des légumes de saisons. Des artistes exotiques, pour la découverte et la rareté. Le tout avec des saveurs de roots, de dub, de dancehall, de ragga pour plaire à toute la famille. En gardant toujours une petite place à l’improvisation & aux surprises.
Toutes éditions confondues, quel est ton meilleur souvenir de concert ?
Malheureusement, quand on est du coté de l’orga, on ne profite pas beaucoup des concerts. J’ai vécu toutes les éditions, et chaque année, une magie s’opère à un moment. Mais un moment que j’affectionne particulièrement, c’est les freestyle de fin ou l’on invite tous les chanteurs à se rejoindre sur une des scènes pour les dernières 30min.
Combien de festivaliers attendez-vous cette année ?
On ne se fixe pas d’objectifs chiffrés, car ce n’est un rendu qui nous importe peu (si ce n’est pour l’équilibre financier). Ce qui importe, ce sont plutôt des notions autour de la fidélité du public, l’attractivité par le fait que festivaliers font beaucoup de route pour y participer, et que nous accueillons des festivaliers avec un état d’esprit positif et pas uniquement consommateur de festival, avec le respect envers nos bénévoles et des habitants de la petite commune. Mais pour répondre à la question notre capacité d’accueil est limitée à un maximum de 2500 personnes par jour (donc, réservez vos places vite).
Quel est ton rôle exact dans l’association ?
Je suis coordinateur au sein de l’association Collectif Rast’Art, et pour le festival je suis réfèrent sur la programmation. Je suis peut etre le membre le plus visible de l’asso car j’ai fait parti de ses fondateurs (et de part mes activités annexe de sound system & l’émission radio « Lion FreeCaency »), mais qu’un des maillons de notre équipe qui compte plus de 30 bénévoles actifs sur l’année et près de 250 pendant le festival.
Y a t-il une vraie scène reggae en Normandie ?
La scène Normande est grande, riche et variée ! C’est aussi l’une des raisons de la création de l’association. Depuis la fin des années 80 le reggae y résonnent avec des groupes comme à l’époque Roger Wango & Zama, les Mamelouks, puis le Positive Radical Sound dans les années 90/2000 avec qui le reggae normand prit de l’ampleur et fit naitre surement des envies. Nous avons aussi dans la région caennaise connus l’essor du 220 sound (champion de France des sounds system), Dub Livity (dans la tradition UK avec leur sono maison) et tout une myriade de sounds & de MCs qui se sont formés par la suite.
Nous travaillons depuis déjà des années a fédérer aussi avec les artistes ex hauts normands. Ce fut le cas notamment avec le développement de Naaman (interview de Naaman dans Soft Secrets France 5-2014) à l’époque du Natural B, Scars et le Terminal Sound, Shinobi,.. En « haute » il y a aussi beaucoup d’activistes et nous essayons de créer plus de liens comme avec 1001prods ou Blackboard Jungle…
Aujourd’hui il y a des groupes comme Ouzin & Fady Melo, Critik & le Jahrmony, des chanteurs comme Barlem B qui font leurs œuvres et les sounds system officient encore et toujours dans les bars du coin, organisent des soirées, ou bien animent des émissions de radios.
Notre territoire est vivant, se structure et se développe avec toujours une ouverture sur le reste du monde.
Merci à toute l’équipe de Soft Secrets et aux lecteurs pour nous permettre de vous faire connaître qui nous sommes.
Dernière minute : suite à l'annulation de sa tournée européenne, Julian Marley a été remplacé par Max Romeo.
http://rastart.fr/
Retrouvez la playlist de ganja tunes du Rast'Art Festival dans le dernier numéro de Soft Secrets France (3-2017). L'authentique journal du cannabis en français disponible en PDF ou en version papier dans les grow shops, magasins spécialisés, salons et festivals.
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Soft Secrets