Jonah Raskin, écrivain et marijuana reporter
Gonzo journaliste, universitaire, fumeur et cultivateur, Jonah Raskin a suivi depuis le début, l'explosion de la culture de la marijuana aux USA et plus particulièrement en Californie. Rencontre avec ce spécialiste de la contre culture américaine.
Gonzo journaliste, universitaire, fumeur et cultivateur, Jonah Raskin a suivi depuis le début, l'explosion de la culture de la marijuana aux USA et plus particulièrement en Californie. Rencontre avec ce spécialiste de la contre culture américaine.
Gonzo journaliste, universitaire, fumeur et cultivateur, Jonah Raskin a suivi depuis le début, l’explosion de la culture de la marijuana aux USA et plus particulièrement en Californie. Rencontre avec ce spécialiste de la contre culture américaine.
SSFR : Depuis le 1er Janvier, les pot-shops ont ouvert leurs portes au Colorado. Pensez-vous vous que le Colorado va devenir le nouveau Marijuanaland ? Comment voyez-vous l'avenir du Triangle d'émeraude ?
A Louisville, Kentucky devant la peinture murale représentant Hunter S. Thompson |
Je suis âgé de 72 ans. J’ai connu pendant presque toute ma vie, la prohibition du cannabis. Je suis habitué à l'économie souterraine, au secret et au mode vie hors la loi. J'ai des amis très proches qui cultivent et qui sont totalement hors la loi. Ils ne sont pas prêts à changer leurs habitudes et je les comprends. Je ne veux pas vraiment changer moi non plus. Je suis attaché à la façon dont les choses se sont passées et dont elles se passent encore. Mais le Colorado nous montre que nous allons tous devoir changer, ce qui signifie accepter l'inconnu sans savoir ou cela nous mènera.
Dans votre livre, vous évoquez les reporters de la marijuana et vous avez vous-même exercé cette profession. En quoi consiste exactement le travail d'un marijuana reporter ?
Lecture de poèmes pendant la manifestation, Occupy San Francisco |
Le travail du journaliste est de voir ce qui se passe, d'observer, non seulement pour entendre l'histoire de quelqu'un, mais aussi pour voir ce qu'il fait. Les gens racontent beaucoup d'histoires et ont tendance à exagérer. Je ne veux pas minimiser l’importance des contes et légendes mais je pense qu'il est essentiel de voir les jardins, les plantations, d’assister aux transactions et de se renseigner de tous les côtés ce qui signifie parler à la police aussi.
Beaucoup de cannabinophiles français rêveraient de venir s’installer au Marijuanaland. Y-a t-il des possibilités pour un étranger de venir vivre et travailler dans le Triangle d’émeraude ?
Chaque année, il ya des gens du monde entier qui viennent au Marijuanaland pour travailler. Je le sais en partie, à cause des arrestations. Ils viennent souvent d’Asie ou d'Europe de l'Est. J'ai un nouvel ami qui a la trentaine, qui est né à Berlin et a grandi en Allemagne. Il est venu s’installer ici et il est devenu cultivateur. Le prix des terres est élevé ce qui empêche de nombreuses personnes d'acquérir des "real estate" comme on dit aux Etats-Unis. Mais il ya toujours la possibilité de travailler pour les autres en intérieur ou en extérieur.
Quelles sont, selon vous, les qualités nécessaires pour être un bon cultivateur ?
Il est important de connaître l'horticulture et d’avoir une approche scientifique. La patience est une qualité essentielle. Vous devez aimer la plante et la comprendre, l'écouter. L’important est de ne pas laisser la peur et de la paranoïa prendre le dessus. Il faut savoir se détendre et profiter de la fumette. Il faut être prêt à partager de l'information et des semences avec d'autres agriculteurs. J'ai eu la chance de vivre et de travailler dans le conté de Mendocino dans les années 80 et de faire partie d'une grande communauté de producteurs qui m’ont beaucoup appris.
Les cultivateurs pensent souvent que leur weed est la meilleure du monde. Ca peut être vrai mais presque que tout le monde pense la même chose. Au cours des dernières années, j'ai aussi rencontré des jeunes producteurs qui m’ont appris de nouvelles techniques. J'avais l'habitude de récolter une plante entière à la fois. Ils m’ont appris à récolter d’abord les sommités, puis le reste de la plante progressivement. J'ai essayé cette méthode et récolté sur une période de 10 semaines. Il me semble que la qualité était meilleure et la quantité était certainement plus importante.
Vous cultivez encore de la marijuana ?
J'ai cultivé cet été pour ma consommation personnelle et celle de mes amis. J'ai tellement de weed que je ne sais plus quoi en faire. Je vis en Californie dans le comté de Sonoma. La marijuana est cultivée partout ici, en intérieur et en extérieur par des personnes de tous âges, formes, tailles, sexes, races, ethnies ou opinions politiques.
Vous avez visité la France en novembre dernier. Avez-vous apprécié la France et les Français ? Que pensez-vous de la marijuana française ?
J'adore la France et les Français. J'adore mon éditeur, Jean-François Bourdic et ma traductrice, France Nancy. En novembre 2013, pour la première fois, j'ai pu rencontrer les cultivateurs et les trafiquants de marijuana français. Pendant la première semaine, j'étais à Paris et je n’ai pas beaucoup fumé. J'ai eu un moment plus reposant et agréable pendant la deuxième et troisième semaine en France parce que j’ai fumé régulièrement. Une partie de la weed que j’ai fumé m’a beaucoup plu. J’ai aimé le goût et l’effet. J'ai apprécié ma rencontre avec les cultivateurs de marijuana français. J’ai pu entendre leurs histoires, voir leurs plantes et leur weed. Un cultivateur / distributeur m'a généreusement donné quelques têtes à fumer.
Quels sont vos projets professionnels ?
J'ai eu une longue entrevue en profondeur avec Jorge Cervantes, à paraitre dans un prochain numéro de High Times. J'ai passé beaucoup de temps avec Jorge en Californie cet été. On beaucoup ri et on s’est raconté des histoires.
Une des choses que j'aime faire ces jours-ci est d'assister aux réunions des médecins californiens qui prescrivent de la marijuana à leurs patients. J'ai le projet d'écrire sur l'un de ces médecins de Los Angeles. Il a des patients souffrant de douleurs fortes, avec de vrais problèmes médicaux et selon lui, la marijuana les aide énormément. En ce moment, je suis plus intéressé par les aspects médicaux que par la culture mais les deux choses sont liées.