GROS PLAN SUR LES RASSEMBLEMENTS CANNABIQUES
Comme nous le savons tous, la législation française est l'une des plus sévères d'Europe.Nous ne trouverons donc pas ici de salons du chanvre ou autres Cannabis Cups comme dans les pays voisins. Lorsque les cannabinophiles se réunissent, c'est pour revendiquer leurs droits et essayer de faire évoluer un peu ces lois qui n'ont pas bougé depuis 1970. Lorsque les beaux jours arrivent, il y-a chaque année deux événements incontournables. Il s'agit de la Marche mondiale du cannabis et de l'Appel du 18 joint.
Comme nous le savons tous, la législation française est l'une des plus sévères d'Europe.
Nous ne trouverons donc pas ici de salons du chanvre ou autres Cannabis Cups comme dans les pays voisins. Lorsque les cannabinophiles se réunissent, c'est pour revendiquer leurs droits et essayer de faire évoluer un peu ces lois qui n'ont pas bougé depuis 1970. Lorsque les beaux jours arrivent, il y-a chaque année deux événements incontournables. Il s'agit de la Marche mondiale du cannabis et de l'Appel du 18 joint.
Comme nous le savons tous, la législation française est l’une des plus sévères d’Europe. Nous ne trouverons donc pas ici de salons du chanvre ou autres Cannabis Cups comme dans les pays voisins. Lorsque les cannabinophiles se réunissent, c’est pour revendiquer leurs droits et essayer de faire évoluer un peu ces lois qui n’ont pas bougé depuis 1970. Lorsque les beaux jours arrivent, il y-a chaque année deux événements incontournables. Il s’agit de la Marche mondiale du cannabis et de l’Appel du 18 joint.
Marche mondiale du cannabis 2012
Farid de CSF en pleine séance de mégaphone |
La marche mondiale du cannabis est connue au niveau international sous plusieurs appellations : Worldwide Cannabis March, Global Marijuana March, Million Marijuana March et beaucoup d’autres. Comme son nom l’indique, il s’agit d’un événement mondial qui a lieu chaque premier samedi du mois de mai depuis 1999, simultanément dans plus de 700 villes.
En France, la manifestation existe depuis 2001 à l’initiative du collectif CAM-RD (futur Cannabis Sans Frontières). Elle est maintenant organisée par un comité ad’hoc composé de nombreux collectifs et associations parmi lesquels on trouve CSF, le CIRC, Techno +, ENCOD, la Ligue des droits de l’homme, les jeunes écologistes…..
Un public nombreux et enthousiaste |
Lyon et Paris sont les principaux lieux de rassemblement mais plusieurs autres villes ont, cette année décidé d’organiser leur propre événement : Marseille, Bordeaux, Toulouse, et l’ile de la Réunion, entre autres.
L’événement avait lieu dans le monde entier le 5 mai 2012 mais en France, élections présidentielles oblige (toutes les manifestations sont interdites ce jour là), il a été décalé d’une semaine et a donc eu lieu le samedi 12 mai.
A Paris, les manifestants ont défilé entre le parvis de l’opéra Bastille et la BFN - François Mitterrand. Contrairement à l’Appel du 18 joint qui est un rassemblement statique, il s’agit là d’une marche en centre ville ce qui assure une certaine visibilité. On peut voir dans le cortège de nombreux drapeaux, banderoles et même des vélos customisés. Un public nombreux et enthousiaste accompagnait les camions des différents sound systems donnant au défilé un petit air de Cannabis parade.
Des marcheurs parisiens particulièrement motivés |
Plusieurs artistes ont assuré l’animation musicale : le Jumbo Rock Sound System accompagné de l’artiste jamaïcain Ganja Tree, et comme les années précédentes, le RBH Sound System (reggae dub) avec le Roi Yaltiz et Selekta Veusty.
A la tête du cortège, on trouvait, bien sur, au cotés de Jean Pierre Galland, Farid Ghehiouèche, le président du collectif Cannabis Sans Frontières, principal organisateur de l’événement.
Outre la marche mondiale, le CSF a de nombreuses activités : présentation de candidats aux élections, édition du journal RBH (herbe et hasch), organisation de l’université du cannabis, participation à de nombreux débats et colloques y-compris au niveau international avec ENCOD. Ils interpellent sans cesse les pouvoirs publics et entreprennent toujours de nouvelles actions. Ils ont récemment rédigé une lettre au président de la république. Leur site internet est également très actif.
Comme chaque année, le RBH Sound System se met en action pour la MMC |
Farid nous donne ses impressions après l’arrivée de ce nouveau gouvernement : « Une porte vient de s’entrouvrir car même si le président et le premier ministre sont contre, plusieurs ministres se sont prononcé pour une légalisation ou une dépénalisation. Le débat va forcement avoir lieu et ce sera notre mobilisation qui fera la différence. »
2012 a été sans aucun doute une bonne année pour la Marche mondiale du cannabis. La première année en 2001, ils n’étaient que 300 à Paris. Cette année, on estime qu’ils étaient entre 1500 et 2000.
Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir mais les choses évoluent doucement.
Farid Ghehiouèche, le "canna-candidat"
Président de Cannabis Sans Frontières et organisateur de la Marche mondiale, cetinfatigable militant de la cause cannabique s'est présenté aux législatives dans le département del'Essonne.
Comment est né le collectif Cannabis Sans Frontières ?
Farid Ghehiouèche : Le collectif a été créé en 2009 lorsque je me suis présenté aux élections européennes. Je suis parti du constat suivant : malgré une forte répression, la consommation de cannabis augmente régulièrement et la France est l'un des pays d'Europe ou l'on fume le plus. Par conséquent, cette politique ne fonctionnant pas, il faut en changer et en finir ainsi avec les nombreuses injustices liées au régime prohibitionniste.
Nous nous battons pour la réhabilitation du cannabis dans la société. Je parle bien sur des usages récréatifs et thérapeutiques mais aussi de son utilisation dans divers domaines comme le textile, la chimie ou le papier. Près de 50000 produits peuvent être dérivés du chanvre. Je conseille la lecture du célèbre livre de Jack Herrer, L’empereur est nu pour se rendre compte du potentiel de la plante.
Tu t’es donc présenté à plusieurs élections….
FG : Je me suis présenté aux élections européennes et législatives. J’ai été éliminé au premier tour le 10 juin dernier. Je n’ai certes pas fait un score très important mais ma candidature a permis de nous faire connaitre et d’organiser plusieurs débats.
Quel bilan tirer de la Marche mondiale du cannabis 2012 ?
FG : Ce fut incontestablement un grand succès à Paris puisque nous avons réuni presque 2000 personnes. Dans les autres villes, la manifestation à connu un succès plus mitigé. Le niveau de mobilisation reste inférieur aux autres pays notamment européens malgré un potentiel important. Il y-avait par exemple 30000 personnes à Rome pour la dernière édition. Ici, la plupart des manifestants sont des jeunes qui ont entre 18 et 30 ans. Ce sont des gens très sympathiques mais notre mouvement gagnerait en crédibilité si nous avions également des personnes plus âgées. Il n-y a pas que les jeunes qui consomment du cannabis.
Il y-a trois personnalités qui ont récemment fait des propositions détaillées sur la manière d’organiser une éventuelle légalisation. Il s’agit du livre de Stéphane Gatignon, de celui de l’avocat Francis Caballero et du rapport parlementaire de Daniel Vaillant. Parmi ses trois propositions, y en a-t-il une qui te parait plus intéressante ?
FG : Aucune des trois ne me parait intéressante car elles sont toutes basées sur un monopole d’état. Je ne pense pas que ce soit la bonne solution. Il faut certes établir quelques règles mais la légalisation permettrait surtout d’être plus efficace au niveau de l’information et de la prévention. Ces propositions excluent les cultivateurs auto-producteurs ce qui n’est pas une bonne chose.
Le lectorat de Soft Secrets est principalement composé de ces cultivateurs auto-producteurs. Ces gens là ne se rendent pas toujours facilement aux manifestations car ils ont souvent peur de se faire repérer ou « ficher » par les forces de l’ordre. Leurs craintes sont elles justifiées ?
FG : Nous sommes encore dans un pays démocratique ou le droit de manifester est garanti. De plus, il n-y pas besoin de venir à un rassemblement cannabique pour se faire repérer. Les gens qui cultivent peuvent tout simplement se faire dénoncer par leurs voisins et ça arrive d’ailleurs fréquemment. Ce n’est pas en restant chez soi que l’on peut faire changer les choses. Plus on sera nombreux, moins ce genre de problèmes se posera.
http://cannabissansfrontieres.org
L’Appel du 18 joint 2012
L’appel du 18 joint a eu lieu pour la première fois en 1976. Il s’agit, bien sur, d’une référence à l’appel du 18 juin 1940. A cette date, en effet, le général De Gaulle avait appelé les français à résister. C’était à l’origine une sorte de pétition en faveur de la légalisation du cannabis parue dans le journal Libération L’appel a été signé par de nombreuses personnalités de l’époque comme Maxime Le Forestier, Isabelle Huppert, Gotlib et même Bernard Kouchner et Philippe Val. Le CIRC a récupéré le concept en 1993 et organise chaque année, à Paris et à Lyon, ce grand rassemblement d’amateurs de cannabis. Pour cette édition 2012, reportage à Lyon pour Soft Secrets.
Le CIRC, c’est le Collectif d’Information et la Recherche Cannabique. L’association a pour président et fondateur, Jean Pierre Galland, le célèbre écrivain, auteur, entre autres, de "J’attends une récolte" et "Fumée clandestine".
Le collectif a édité plusieurs plaquettes, distribuées gratuitement, notamment "Savoir plus, risquer moins" qui explique qu’il est plus intéressant de cultiver soi même son herbe à la maison plutôt que de se fournir au marché noir. Il y-a également "Le chanvre n’est pas dangereux mais… " qui fournit une information objective sur la consommation de cannabis, les précautions à prendre et les inconvénients éventuels.
Il s’agit là d’un important travail de prévention qui devrait être fait par les pouvoirs publics.
Le 18 juin, c’est donc une date historique pour la lutte anti-prohibitionniste. C’est aussi une date importante à titre personnel puisque c’est le 18 juin 2003 que j’ai tenu entre mes mains, pour la première fois, un exemplaire du magazine Soft Secrets.
De l’herbe
Quoi de mieux qu’un petit coin de nature pour revendiquer notre passion pour le jardinage ? En effet, l’événement se déroule à Paris sur une grande pelouse, celle du parc de la Villette et à Lyon sur une petite prairie, celle du parc de Gerland.
C’est donc le lundi 18 Juin à 18h que s’étaient donné rendez vous lyonnais et autres rhône-alpins pour ce premier appel post-sarko. L’événement est organisé par le CIRC mais comme pour la marche mondiale, plusieurs associations y participent, chacune ayant son propre stand. Le principal est bien sur celui du CIRC qui propose la vente de livres sur le cannabis et de t-shirts. Ils distribuent également leurs différentes plaquettes informatives. Et on trouve bien sûr l’indispensable buvette.
La soirée commence avec le Bredda Sound System : une excellente sélection reggae dub, 100 % vinyles par Junior Lion, des morceaux récents ou plus anciens avec une bonne dose de ganja tunes. Le MC, Khalil accompagne la sélection de ses ganja lyrics en sachant trouver les mots qu’il faut pour évoquer notre plante favorite.
Prise de parole
Les stands des associations sur la petite prairie du parc de Gerland |
Sur toute la surface de la prairie, des cercles se sont formés. Les cultivateurs et les fumeurs testent leurs différentes variétés et certains ont même amené leur pique-nique.
Les représentants des différentes associations se succèdent ensuite au micro. Le CIRC, pour commencer, suivi des jeunes écologistes et de la ligue des droits de l’homme.
Ne cherchez pas le président du CIRC de Lyon, il n-y en a pas. A la place, c’est un comité directeur de quatre personnes. Parmi eux, il-y a Christian Tarel qui fut le premier président. Ce militant de la première heure était présent lors de la création du CIRC de Lyon, le 27 juillet 1993 soit deux ans après la création du collectif parisien.
Les cannabinophiles ont entendu l’appel du 18 joint |
Christian ne place pas beaucoup d’espoir dans ce nouveau gouvernement « Le président Hollande s’est clairement prononcé contre toute forme de dépénalisation et je ne crois pas vraiment à un changement dans les cinq prochaines années. »
Le militant tire un bilan plutôt positif de cette manifestation : « Même si j’aimerais, bien sur, qu’il y-ait encore plus de monde qui vienne pour ce genre d’événement, je suis toujours touché par la bonne volonté de tous ces gens qui viennent, chaque année, spontanément, nous aider pour l’organisation.»
Les prochaines actions du CIRC de Lyon concerneront le cannabis thérapeutique : « Je reçois beaucoup de témoignages de personnes malades qui ont besoin du cannabis pour se soigner. Il y-a là une vraie souffrance et il est urgent de les aider.»
Bredda Sound System : Selector Junior Lion et Khalil |
Après les prises de parole, place à la musique à nouveau avec le concert de l’orchestre de la Bande à Balkan qui, comme son nom l’indique, joue une musique traditionnelle des balkans. La soirée continue ensuite avec le retour attendu du Bredda Sound System qui amènera de nombreux participants sur le dance-floor.
L’âge d’or
Certains pensent que le CIRC s’est un peu endormi ces dernières années. Il est vrai que c’est maintenant Cannabis sans Frontières qui est sur le devant de la scène.
Mais, à une époque, le collectif, mené par Jean-Pierre Galland, était très actif. C’était une période, entre 1994 et 2001, que les plus jeunes d’entres nous n’ont pas connu et que j’appellerais l’âge d’or du CIRC.
Le premier ministre lui même, Lionel Jospin (en fonction à partir de 1997), avait déclaré avoir fumé quelques joints dans sa jeunesse et envisageait de faire évoluer la législation. Une circulaire du garde des sceaux de l’époque instaurait une dépénalisation de fait. Jamais la France n’avait été si proche de la légalisation et le CIRC en avait profité pour faire plusieurs actions spectaculaires.
La Bande à Balkan, en concert pour la légalisation du cannabis
Hélas, les événements du 11 septembre 2001, l’arrivée de Nicolas Sarkozy au ministère de l’intérieur en 2002 et la folie sécuritaire qui s’ensuivit ont mis fin à cette période idyllique.
En 2012, après dix ans de statu quo, le débat est enfin revenu dans la société française.
L’appel du 18 Juin (sous sa forme actuelle) fêtera sa vingtième édition l’année prochaine. Espérons que d’ici là, le cannabis aura encore gagné un peu de terrain.