Eric Correia, un homme politique au front
Par Emmanuelle Macronne Vous suivez de près le chemin tortueux vers l’autorisation pour les malades d’utiliser le cannabis ? Vous devez donc connaître le nom d’Eric Correia, infirmier anesthésiste de la Creuse, devenu conseiller régional de Nouvelle Aquitaine et président de l´agglomération du Grand-Guéret. Il a dans l’idée de légaliser le chanvre thérapeutique dans son département, á la façon d’un éclaireur, et ne lâche rien !
La proposition d´expérimenter une filière de cannabis médical date de 2017, lorsqu´á la suite de vastes mesures de licenciements qui ont défrayé la chronique, un plan de revitalisation de la Creuse se mettait en place. L´État décidait de faire du département un territoire pilote de la ruralité, avec un ¨Plan Particulier pour la Creuse¨. Parmi l'ensemble des mesures du Plan, certains élus locaux, emmenés par Eric Correia, misent sur une piste d'avancées majeure : la production et la transformation du cannabis à usage thérapeutique.
C´est un parcours du combattant politique qui les attendait, parsemé de rencontres avec les autorités, notamment des conseillers de la ministre de la santé puis le conseiller santé du premier ministre, en attendant de défendre le projet auprès de la conseillère santé du président de la république, voire de M. Macron lui-même, auteur pendant sa campagne électorale victorieuse d´une déclaration favorable au débat et même á la légalisation qui, pour lui, ¨a une forme d'efficacité *1 (á cette époque en tous cas, la petite histoire nous montre qu´il a plutôt oeuvré dans le sens inverse depuis sa prise de poste, contraventionnalisation style..)
En attendant, depuis le buzz de cette initiative, les lignes ont bougé, Mme Buzyn, ministre de la santé, s´est fendue d´une déclaration favorable á cette évolution et a permis la création d´un Comité scientifique spécialisé temporaire le 10 septembre dernier par l´ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament).
Ce n´était pourtant pas gagné, comme nous le décrit M. Corréia :
¨Les premières semaines qui ont suivi cette annonce ont été bien évidemment difficiles. De nombreux élus et amis m’ont dit que je prenais un chemin risqué totalement utopique. Mais à force de communication et de pédagogie, à force de démonstration de ce qui est fait à l’étranger dans les pays qui ont légiféré sur le cannabis thérapeutique, peu à peu la perception des gens a changé sur le sujet. Aujourd’hui et finalement en quelques mois, je pense que nous sommes parvenus à modifier l’image du cannabis. Même s’il reste encore beaucoup de pédagogie à produire vis-à-vis des plus réfractaires, la société française commence à bouger. Localement, en Creuse, tout le monde a bien compris les bénéfices économiques et sociétaux d’un tel projet.
Le sujet est très idéologique. Alors qu’un sondage annonce que plus de 80% des français sont favorables au cannabis thérapeutique, nombre de médecins refusent de s’y intéresser alors qu’ils n’hésitent pas á prescrire des opiacés, dérivés de l’opium, sans se poser de questions. Pouratnt, les overdoses de médicaments dérivés de l’opium ont fait plus de morts que les armes á feu aux Etats Unis selon « Le Figaro ». Lá-bas, les médicaments opioïdes sont devenus la première cause de mortalité.¨
La Région Nouvelle Aquitaine s´engage !
Le dernier rebondissement date du 23 octobre dernier, lorsque La région Nouvelle-Aquitaine s´est positionné officiellement, non sans vifs débats, par une motion ¨pour la légalisation du cannabis thérapeutique, réaffirmant son soutien aux élus Creusois qui, dans le cadre du plan de revitalisation économique de la Creuse, souhaitent expérimenter la production et la transformation d’un cannabis cultivé, conditionné et commercialisé localement, exclusivement à des fins thérapeutiques. *2 Nous attendons la suite avec impatience car M. Corréia, maintenant fort de soutiens á tous les niveaux de la société, a une idée bien précise du modèle de fonctionnement d’une filière pilote de cannabis médical dans son département : ¨La Creuse était au début du XXème siècle le département de France le plus important dans la production de chanvre. Aujourd’hui, alors que cette production existe toujours, un réseau local d’agriculteurs se prépare bien justement à developper cette activité afin de créer en Creuse une filière cannabis thérapeutique efficiente. Nous avons l’espace, nous avons le savoir-faire, nous avons des techniciens, des chimistes, des ingénieurs agronomes, des laboratoires pharmaceutiques, des investisseurs… Tout est prêt pour développer deux types de filières : une « filière médicament » qui doit se faire dans les règles de l’art avec tous les contrôles qui vont avec, et une filière « bien être » qui pourrait se développer avec nos agriculteurs creusois dans le cadre d’une diversification agricole, en espérant que la récente décision de la cour d’appel d’Aix-en-Provence poussera les autorités françaises à revoir la réglementation sur le cannabidiol (CBD), avant que la Cour de justice de l’Union européenne ne le fasse.¨ Ah oui nous confirmons, vivement les prochaines étapes de ce feuilleton qui sembe bien prometteur ! 1 – Emmanuel Macron dans l´émission ´Questions politiques´ sur France Inter, 4 septembre 2016 2 – Séance Plénière des 22/23 Octobre 2018 - Motion présentée par le groupe socialiste et apparentés, le groupe écologiste et citoyen EELV, le groupe Génération.s, et le groupe Radical de gauche - ¨Légalisation du Cannabis thérapeutique : quand la France cultive son retard¨
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