Phytotron, la première grow-room créée en 1949 pour la recherche sur les plantes
Un phytotron est une installation qui permet aux chercheurs d’observer le comportement des plantes en fonction des différents facteurs environnementaux. Il s’agit de pièces aveugles avec éclairage artificiel qui permettent de récréer des climats ou des saisons.
Entre 1925 et 1930, le Professeur Blaw avait déjà créé à Wageningen aux Pays-Bas, une installation qui permettait de contrôler le climat de manière beaucoup plus rigoureuse que dans les serres mais sans éclairage artificiel, en utilisant uniquement la lumière du jour.
Le premier phytotron a été installé en 1949 à Pasadena en Californie par le botaniste néerlandais Fritz Went. En France, un Phytotron a été installé à Gif-sur-Yvette dans l’Essonne entre 1960 et 1986.
Un article de Gildas Beauchesne publié en 1960 nous décrit cette nouvelle installation « Le phytotron constitue un système expérimental permettant de faire varier à volonté tous les facteurs d’ambiance que les plantes rencontrent dans la nature : intensité et qualité d’éclairement (contrôlables seulement dans les salles éclairées artificiellement), durée de cet éclairement, température, humidité, nutrition. Seule la connaissance de ces conditionnements peut assurer une étude rigoureuse des phénomènes de germination er de croissance des différents végétaux, ainsi que de leur comportement sous tous les climats possibles. »
Le phytotron de Gif-sur-Yvette était composé de 8 chambres sous lumière naturelle et de12 chambres sous lumière artificielle de 3,30 mètres sur 8,80 mètres avec 3 mètres de hauteur. Chacune des salles était éclairée par 256 tubes fluorescents de 125 watts et de 660 lampes incandescentes de 15 watts pour obtenir plus de rouge dans le spectre lumineux. Il y avait au total 30 à 40.000 Lux par salle alors qu’il n y en avait que 7 à 10.000 dans le phytotron de Passadena. Chaque salle pouvait être divisée en 8 compartiments pour expérimenter différentes variations dans la photopériode ou le spectre lumineux.
Un vent artificiel de 60 km/h permettait d’éliminer les calories des 4000 tubes et de leur ballasts ainsi que les 8000 lumignons. La température, entre 15 et 45 °C, pouvait être réglée minute par minute au degré prés, tout comme le taux d’humidité. Les systèmes de climatisation mis au point au Phytotron ont été utilisés pour le bateau « France ». Le fonctionnement de cette installation demandait d’importantes sources d’énergie. Des conduits de vapeur surchauffée amenaient la chaleur nécessaire. Dans le sous-sols, des compresseurs centrifuges produisaient du froid. 500 m3 d’air climatisé devait être brassé chaque minute. La puissance électrique nécessaire au fonctionnement du phytotron dépassait les 3 000 KVA.
Le phytotron était dirigé par le Professeur Chouard et employait jusqu’à 80 personnes. Les recherches concernaient notamment les tomates, les fraises, le seigle, les pois ou les haricots. Les chercheurs ont également étudié, entre autres, l'acide gibbérellique (GA3). Cette hormone végétale, présente naturellement dans les plantes, était utilisée dans le domaine du cannabis pour changer le sexe des plantes et obtenir des graines féminisées, avant d’être remplacé par le sulfate d’argent. En 1986, une étude sur le bouturage végétal et la multiplication végétative in vitro du chanvre à fibres a été réalisée au phytotron de Gif-sur-Yvette. Ces différentes recherches ont finalement été aussi utiles pour la culture du cannabis en indoor.
Pour en savoir plus sur le phytotron de Gif-sur-Yvette, regardez ce reportage de 1961 sur le site de l’INA.
Olivier F
Photo : le phytotron de Canberra (Australie) créé en 1962 (Wikimedia)