L’interview d’EX-Tractor Spécialistes des solvants organiques

Récolter des trichomes et produire du hash full melt organique et de qualité supérieure semble être de plus en plus en vogue aux Etats-Unis. Soft Secrets a rencontré Kees Schelfhout, d’EX-Tractor, un extracteur hollandais spécialisé dans les produits organiques et sans solvants installé à Barcelone. Il nous a parlé de la fabrication du hash, des différentes techniques, des terpènes, du freeze drying (lyophilisation), de la culture du hash à Amsterdam et en Europe, et de ses conseils pour les fournisseurs du meilleur full melt.

SSFR: pouvez-vous nous en dire plus sur EX-Tractor et sur ce qui vous a mené à vous impliquer dans le domaine du cannabis ?

J’ai eu la chance de grandir dans une famille qui mange, dort, boit, et respire en cultivant des plantes. Mon père, Karel Schelfhout, a été l’un des premiers à cultiver nos chères plantes en intérieur, il y a déjà un certain temps. Il a fondé le Super Sativa Seed Club en 1985. J’ai aussi un frère qui a commencé à cultiver très jeune et qui a développé un vrai talent pour repousser les limites de l’accroissement des récoltes, en cultivant de façon organique et en établissant des normes de haut niveau pour ce que nous considérons comme un produit de haute qualité.

Ces deux-là sont mes mentors. Et ma mère, Liliana, nous a toujours soutenus et encouragés à faire encore mieux, encore plus pur et sans crainte. Par amour, il est naturel d’explorer ce que nous sommes capables de faire avec une plante. En plus du fait de cultiver, il y a quelques années, je suis tombé amoureux de la technique de l’iceolator. Et EX-Tractor est né.

Dans quel domaine se spécialise EX-tractor?

Nous aimons être très occupés, mais uniquement avec des extraits purs, organiques et sans solvants. En substance, nous passons la plupart du temps à laver et à tamiser, et au moment de la taille, nous travaillons toujours au-dessus d’un immense tamis de 1.5x 1m de 110 microns, où nous récoltons quantité de trichomes dry sift. J’ai appris de mon père, quand j’ai commencé à travailler dans le domaine de l’herbe. Notre méthode préférée pour extraire nos chers trichomes est la méthode de l’eau glacée, ou iceolator.

J’ai commencé à faire de petits lots d’iceolator dans ma cuisine quand j’étais étudiant, il y a 7 ans. Et j’ai été surpris de constater les différences de qualité et de quantité qu’on pouvait obtenir en utilisant cette technique. Je suis amoureux du joint pur et du high intense qu’il peut procurer, ça peut vraiment donner une autre vision de la vie. Tout un monde s’est ouvert quand le dry freezer a fait son apparition. Le hash est devenu encore plus pur, grâce au temps de séchage très court, ce qui signifie que les terpènes et les flavonoïdes n’ont pas le temps de s’évaporer.

Avec la méthode de séchage classique, de la moisissure peut se développer dans le hash humide. Nous nous intéressons pour le moment au pressage de la rosin et je dois dire qu’on s’éclate, en expérimentant des températures, des pressions et des tailles de microns différentes. On découvre des changements de structure, d’odeur et de couleur intéressantes. Actuellement, ce qui nous occupe le plus, c‘est cette sorte de beurre doux et doré qu’on peut produire en écrasant le matériel.

Avec quelles variétés travaillez-vous en tant que fabricant officiel du Super Sativa Seed Club?

La Karels Haze est l’une de mes préférées pour faire du hash. Mon père et moi avons travaillé cette variété pendant des années, qui aujourd’hui est la Old School Haze X Chem Dog X OG Fire.

Les terpènes de cette plante sont partout, votre nez reconnaitra des notes fraîches de citron, mêlées à une odeur gazeuse d’essence, avec un fond de Haze. Les trichomes sont doré foncé et sont assez gros pour un mélange de Haze. La Karels Haze donne de bons résultats et son goût fort est un véritable concentré d’énergie.

L’autre variété que je préfère est une que j’ai découverte récemment, la Cookies N Cream d’Exotic Genetics. La première fois que nous l’avons cultivée, nous avons remarqué directement que les trichomes y sont présents en abondance, de grande taille et de la plus belle couleur dorée que j’ai jamais vue sur des trichomes. Et tout ça combiné avec un smoke crémeux et un effet très relaxant.

Quelles techniques utilisez-vous pour laver les têtes et les tailler ?

Nous laissons sécher nos plantes de 7 à 9 jours avant de tailler et de stocker la taille et les petites têtes dans le congélateur. On est alors sûr que la chlorophylle est séchée et qu’il ne restera pas de goût de verdure dans le hash. Dans le sac de lavage, il ne doit rester que de toutes petites têtes et des feuilles riches en trichomes. Comme on vit en Espagne et que l’eau y est de très faible qualité, EX-Tractor utilise de l’eau à osmose inverse.

Nous versons un sac de glaçons dans le sac de lavage, pour que le matériel restant soit plus en contact avec les glaçons, et que les trichomes puissent se rompre plus facilement. On commence avec de petits lavages de 1 à 2 minutes et on récolte le hash. Puis on lave encore un peu le hash dans le sac de récolte avec un spray rempli d’eau propre. On n’utilise pas de spray qui a contenu des nutriments avant d’être sûrs qu’il soit propre et stérile.

Pour le deuxième lavage, on renouvelle l’eau et on met plus de glaçons. Le temps du lavage après chaque récole de hash s’allonge, jusqu’à réaliser le lavage de 5 ou 6 paquets. Le hash est ensuite mis dans le dry freezer pour y être séché, durant 14 à 24 heures, selon la contenance du dry freezer.

Est-ce que vous avez une préférence pour la taille des microns quand vous lavez votre matériel, et quel échelon considérez-vous comme inférieur ?

Pour la majorité des variétés, le 73 # micron contiendra la plupart des têtes de trichome. Bien que certaines Sativa, comme notre Old School Haze et la Mango Haze, peuvent tout à fait remplir le 45 # micron à cause de la petite taille de leurs têtes de trichomes. Les 220 et 160 microns servent en fait à séparer le mauvais matériel du bon. Pour certains, cette qualité est bonne pour un usage alimentaire, mais personnellement, j’utiliserais une qualité supérieure aussi pour cet usage.

Pouvez-vous expliquer ce qu’est le dry freeze hash pour ceux qui ne sauraient pas ce que c’est ?

La première fois que j’ai vu du hash de qualité sortir d’un dry freezer, j’étais tellement intrigué que j’ai voulu en savoir plus ! D’un coup, ce hash devenait doré, pourquoi ? Et pourquoi une odeur si intense ? L’explication résidait dans le dry freezer, j’en ai donc de suite commandé un et je suis devenu fou devant ce que cet engin pouvait faire. D’abord, il congèle le hash jusqu’à son centre. Toute l’eau contenue dans le hash se transforme en cristaux de glace. Il faut évaluer quand ce point est atteint, selon le temps de congélation.

Il faut savoir que le H20 a 3 étapes : la glace, la forme liquide et puis la forme gazeuse. La machine gèle le hash, et après qu’il ait été congelé, le vide est absorbé. Les cristaux de glace qui sont dus au vide ne deviennent pas de suite de l’eau, ils se transforment immédiatement en gaz. On appelle ce processus la sublimation. Pendant ce processus, le hash va commencer à sécher, vu que les cristaux de glace s’évaporent immédiatement, et il ne restera dans le hash que les huiles essentielles et les terpènes.

Comme le hash est en contact minimum avec l’air, l’eau et la lumière, il n’y a aucun risque d’oxydation et il gardera le goût et les terpènes originaux. C’est pour ça que le hash a un goût tellement supérieur. Un autre avantage du dry freezer est que si votre matériel végétal contient de la moisissure ou des restes d’oïdium, le processus de congélation les tuera.

Comment arrivez-vous à maintenir une température constante tant de l’eau que de la pièce où vous faites le hash ?

C’est assez drôle, je l’ai vraiment appris à la dure. En Hollande, il fait toujours assez froid et sec, donc la température de la pièce où je faisais la glace était assez constante. C’était facile de maintenir la température de l’eau, puisque celle de la pièce était stable. Quand j’ai déménagé en Espagne et que j’ai fait de la glace pour la première fois, j’ai remarqué que l’humidité relative et la température y sont toujours beaucoup plus élevées.

J’ai perdu quelques lots à cause de l’humidité moite pendant mes premiers essais, mais c’était bien avant le dry freezer, évidemment. Maintenant, nous travaillons dans une pièce hermétiquement fermée, avec la brise fraîche de l’air conditionné, ce qui nous permet de maintenir la même température et d’éviter l’humidité.

Pouvez-vous expliquer pas à pas comment vous pressez vos temple balls?

Je fais mes temple balls à partir d’iceolator dry freeze, d’un mélange de tamis de différents microns, pour obtenir un produit d’un éventail complet. Je prends un plateau et y place 3 grammes de hash de 73 microns, 2 grammes de hash de 45 microns, 1 gramme de hash de 90 microns et 1 gramme de hash de 120 microns. Je mélange le tout et j’ajoute un peu de hash de 73 microns pour obtenir une qualité plus crémeuse et très collante.

On place 1 gramme dans la paume de la main et on le travaille avec le pouce, en le roulant. Quand il a la forme d’une jolie boule, on la roule sur une surface dure et propre, de préférence sur du papier sulfurisé, ça fonctionne mieux. Quand la boule commence à être brillante, elle est prête à être conditionnée, entreposée et séchée. Voilà la base de la fabrication d’un temple ball !

Comment pouvez-vous garantir que les matériaux que vous utilisez sont totalement organiques ?

Nous choisissons de façon très consciente le matériel et les produits que nous utilisons. Ils doivent être de très haute qualité pour nous permettre de faire un hash d’une telle qualité. Travailler avec des produits de qualité signifie fabriquer des produits de qualité. C’est le fait de ne travailler qu’avec les meilleurs produits et de savoir comment nourrir le substrat de culture qui décidera si le hash sera sans résidus.

Chez EX-Tractor, nous cultivons toutes nos plantes de façon 100% organique, avec la gamme BioTabs organic. C’est une stratégie organique qui ne fonctionne qu’avec des micro-organismes vivants, des bactéries utiles et du compost concentré. Pour ce qui est de l’éclairage, notre standard était la Gavitas 1000 Watt, mais actuellement, nous y mélangeons des SANlight LED, ce qui nous permet de fournir aux plantes un plus large spectre et de stimuler nettement la production de trichomes.

Est-ce qu’EX-Tractor a gagné des prix pour son hash ?

J’ai participé il y a peu à un concours, la Homegrown Cup en Hollande. Cet événement a la particularité que seuls les cultivateurs en compétition peuvent juger les autres, ce que je trouve être la façon la plus juste de juger une compétition de cannabis. EX-Tractor a remporté la première place dans la catégorie NederHash / iceolator. Nous avons concouru avec un lavage à froid très court de Karels Haze, d’1,5 minute et passée dans la qualité 73 microns. Un super souvenir, et on se réjouit d’être l’année prochaine !

Pour ceux qui visitent Barcelone, où peuvent-ils trouver votre travail ?

La plupart de ma production peut se trouver au Nectar Club, qui est géré par des gens très bien qui soutiennent mon travail depuis le début. On peut aussi parfois en trouver un peu à La Kalada, ou chez Dr Dou. Le Resin club est l’endroit où on peut trouver la plupart de nos produits.

Pour finir… Où nos lecteurs peuvent-ils trouver plus d’information sur EX-Tractor sur les réseaux sociaux?

Nous sommes sur Instagram (@ex.tractor) et on peut y voir mon travail et me suivre. Merci et continuez le super travail de Soft Secrets et Stoney, nos plus verts saluts de la part d’Ex-tractor!