Good bye Mister Nice!

Soft Secrets
03 Jun 2016

Howard Marks, personnalité cannabique de premier plan, auteur du livre autobiographique Mr Nice, vient de nous quitter à l'age de 70 ans. Cet ancien trafiquant de cannabis international connu dans le monde entier était aussi très apprécié par les cannabinophiles français. 


Howard Marks, personnalité cannabique de premier plan, auteur du livre autobiographique Mr Nice, vient de nous quitter à l'age de 70 ans. Cet ancien trafiquant de cannabis international connu dans le monde entier était aussi très apprécié par les cannabinophiles français.  Mister Nice était l'une nombreuses fausses identités utilisées par le gallois pour échapper aux autorités. Son livre nous plonge dans un époque que la plupart d'entre nous n'ont pas connu : celle de la culture hippie et des pionniers du cannabis dans les années 60 et 70. Avec ces tonnes de haschich et de marijuana importés en Europe et aux Etats-Unis, Howard Marks à grandement participé à l'engouement pour le cannabis dans le monde occidental. Après avoir vécu une véritable vie d'aventurier, Howard Marks était devenu l'un des anti-prohibitionnistes les plus connus. Très médiatisé, il était devenu l'ami des rock-stars, défenseur du cannabis, journaliste, conférencier et DJ dans le style dubstep. En 2010, son autobiographie a été adapté au cinéma par le réalisateur britannique Bernard Rose. Très apprécié dans le milieu de la weed, Howard marks a influencé plusieurs générations de cannabinophiles français. En 2002, Le groupe Le Peuple de L'Herbe lui avait même consacré un morceau, appelé simplement Mr Nice, sur l'album P.H./Test Two. Michka Seeliger-Chatelain est une personnalité dans le monde du cannabis, écrivaine et cofondatrice avec Tigrane Hadengue de Mama Editions qui a publié plusieurs livres en français sur le thème du cannabis, et que l'on croise régulièrement sur les expos européennes. Elle est l'éditrice française et la traductrice de Mister Nice publié pour la première fois en 1999.

Soft Secrets France : Dans quelles circonstances as-tu rencontré Howard Marks et quelle a été ta première impression ?

Michka : Je l’ai rencontré en 1996, en Allemagne, à l’occasion du tout premier salon du cannabis, qui se nommait Cannabusiness. Nous étions une poignée de pionniers (c’est là aussi que j’ai rencontré Jorge Cervantes). J’ai tout de suite été frappée par l’étincelle de vivacité qui brillait dans ses yeux, sous les mèches qui les couvraient à moitié. Et j’ai été interpellée par son accent (gallois). C’est alors qu’Howard m’a offert son livre, Mr Nice, qu’il avait écrit à sa sortie de prison. Comment a débuté votre collaboration ? Il écrivait des articles pour des journaux anglais, et il est venu à Paris en 1998 pour couvrir la coupe du monde de foot. Nous étions devenus amis et c’est ainsi qu’un matin, entre une assiette de croissants, un café et un spliff, nous lui avons proposé d’éditer son livre en français.

Combien de temps a pris la traduction du livre ?

La traduction du livre a pris six bons mois. J’y ai travaillé avec une amie traductrice. La difficulté principale, c’est qu’Howard avait une fine oreille pour les multiples déclinaisons de la langue anglaise. Sensibilité sans doute renforcée par le fait que sa mère ne lui avait parlé que Gallois pendant les premières années de sa vie, et qu’il n’avait appris l’anglais que plus tard. Il avait un vrai talent pour transcrire la façon de parler de l’impayable Mc Cann, un Irlandais un peu fou avec lequel il a mené à bien ses premières contrebandes d'envergure, ou pour les Californiens peace and love avec qui il travaille lorsque son business en pleine expansion le mène sur la côte ouest des Etats-Unis, ou encore avec les gens des tribus montagnardes qu’il rencontre lorsqu’il se rend en Afghanistan pour superviser la production de haschich; et, plus tard, les Afro-américains qu’il côtoie en prison. Un vrai défi à rendre en français!

A la sortie du livre, quel a été l’accueil de la presse et du public français ?

Le livre a tout de suite rencontré un franc succès auprès de la presse et du public français. On le trouvait en piles au Virgin des Champs Elysées. Howard a été l’invité de prestigieuses émissions de télévision, il a eu son portrait en dernière page de Libération et plusieurs couvertures de magazines.

Comment expliquer un tel engouement autour du personnage ?

C’est un livre très vif, très enlevé, qui se lit comme un polar. En même temps, c’est l’œuvre d’un esprit brillant (Howard était diplômé en physique nucléaire et en philosophie des sciences) et son amour du cannabis transparaît à toutes les pages. De même pour ses shows : il commençait par fumer un énorme joint sur scène, et je l’entends encore me dire “I want the audience to see that I’m stoned”.

Es-tu resté en contact avec lui pendant toutes ces années et l'avais tu revu récemment ?

Nous sommes restés en contact et nous avons publié une édition collector de Mr Nice à l’occasion de la sortie du film retraçant sa vie aventureuse Nous l’avons invité à venir dédicacer ces livres au salon du Livre de Paris, en 2011. Je crois que c’est la dernière fois que je l’ai vu en France. Nous avions pour habitude de l’emmener manger une andouillette, chose dont il était friand. Nous avons continué à nous voir à l’occasion de divers salons internationaux, la dernière fois à Prague, me semble-t-il. Son humour et son esprit aiguisé vont nous manquer.
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