Les mâles aimés

Soft Secrets
25 Oct 2013

La plupart des gens ne veulent pas les voir dans leurs placards et avec l'essor des graines féminisées, certains cultivateurs n'en ont même jamais vu. Les plants de cannabis mâles sont pourtant indispensables à la survie de l'espèce puisque c'est leur pollen qui est utilisé pour fertiliser les femelles et obtenir ainsi de nouvelles graines.


La plupart des gens ne veulent pas les voir dans leurs placards et avec l'essor des graines féminisées, certains cultivateurs n'en ont même jamais vu. Les plants de cannabis mâles sont pourtant indispensables à la survie de l'espèce puisque c'est leur pollen qui est utilisé pour fertiliser les femelles et obtenir ainsi de nouvelles graines.

La plupart des gens ne veulent pas les voir dans leurs placards et avec l’essor des graines féminisées, certains cultivateurs n’en ont même jamais vu. Les plants de cannabis mâles sont pourtant indispensables à la survie de l’espèce puisque c’est leur pollen qui est utilisé pour fertiliser les femelles et obtenir ainsi de nouvelles graines.

C’est une belle histoire d’amour qui commence, entre ce mâle et cette femelle (photo Mediweed
De nombreux cultivateurs amateurs mal informés se sont retrouvés avec des récoltes complètement gâchées après avoir pollinisé par inadvertance leur plantes femelles. Pour éviter de se retrouver avec une herbe pleine de graines, ils ont alors pris l’habitude de détruire systématiquement les males dès l’apparition de la première "couille". On a même pu voir sur YouTube, des vidéos de plants mâles brulés par des cultivateurs.

Dans la nature, le cannabis est normalement une plante annuelle et sa maturation dépend de l'âge de la plante, du changement de photopériode et d'autres conditions environnementales. C’est à l’âge de deux mois que les plantes peuvent commencer à fleurir. Les nuis rallongent à partir du solstice d’été et la floraison commence. C’est le début de la phase reproductrice du cycle de vie, qui se termine obligatoirement par la sénescence et la mort de la plante.

Ce mâle vient de libérer son pollen (photo Mediweed)
Au sein d’une même variété, les plantes mâles et femelles mûrissent à des vitesses différentes. Les mâles sont habituellement les premiers à commencer à fleurir et libèrent leur pollen entre trois et six semaines environ après le début de la floraison. A cette période, les plantes femelles ne montrent que quelques paires de fleurs primodiae. Une pollinisation précoce est avantageuse pour la survie. Elle permet de produire des graines qui mûrissent pendant les jours chauds d'été quand la plante femelle est bien portante et où les risques de dommages causés par le climat ou par la prédation des herbivores sont moins importants.

Les plantes mâles perdent leur pollen pendant un mois ou plus et entrent ensuite en sénescence. 

Les feuilles primaires commencent à jaunir et à tomber et la production de fleurs et de pollen diminue. A la fin, toutes les feuilles tombent et les mâles terminent leur vie décomposés par les champignons et les bactéries.

Les plantes étaminaires

Un mâle Blue of Ghana (photo Kasper)
Le cannabis est une plante dioïque. Cela signifie que les fleurs mâles et femelles se développent sur des plantes séparées même si l’on trouve parfois des plantes monoïques, c’est à dire avec les deux sexes sur une même plante. On les appelle souvent à tort hermaphrodite alors que le véritable hermaphrodite, plus rare, comporte lui, des fleurs avec des organes à la fois mâles et femelles. On appelle les plants et les fleurs mâles étaminaires et les femelles, pistillaires.

Les branches et les organes floraux se développent de façon différente selon le sexe. Les fleurs males se développent vers le bas en grappes longues et lâches avec plusieurs embranchements, d’une longueur pouvant aller jusqu'à 30 centimètres alors que les fleurs femelles sont serrées entre de petites feuilles. Les fleurs mâles assemblées en panicule sont composées de cinq sépales et de cinq étamines. Les plantes n'ont pas l'augmentation importante en poids et en volume pendant la floraison qui caractérise les femelles.

Le premier signe de floraison est l'apparition aux entrenœuds, à l’intersection des pétioles et de la tige principale, de périanthes indifférenciés derrière la stipule. Les stipules sont des petites pièces foliacées situées à l’intersection et qui sont souvent confondus avec les primodiae ou pré-fleurs. La floraison se déclenche avec la photopériode mais dans certains cas, si la croissance est suffisamment longue on peut voir apparaitre pendant cette phase, des pré-fleurs à partir du cinquième nœud. Un autre indice peut être le passage d’une phyllotaxie décussée à alternée. Cela signifie que les entrenœuds  du cannabis mâle ne sont pas face à face mais décalés sur la tige principale. Mais cet indice n’est pas toujours fiable. Les périanthes apparaissent  tout d'abord sexuellement indifférenciés, mais rapidement on identifie les mâles grâce à leur forme de griffe incurvée. Les bourgeons se forment ensuite en enveloppes pointues avec cinq segments radiaux.

Les plants mâles fleurissent généralement avant les femelles (photo Growstef)
Mêmes s’il est toujours possible de fumer des plantes grainées, les femelles non pollinisées auront un meilleur rendement et seront plus chargées en substances actives. De nombreux cultivateurs choisissent donc de se débarrasser des mâles les lorsqu’ils en trouvent dans leur placard. Ils les considèrent souvent comme inutiles voir nuisibles. Nous allons voir maintenant que l’on peut envisager plusieurs utilisations des plantes etaminaires qui ne mettront pas en péril votre récolte de sinsemilia.

Utilisation des plants mâles

Les mâles sont principalement utilisés pour la reproduction. Il y-a bien sur les breeders professionnels qui cherchent à créer de nouvelles variétés mais aussi de simples cultivateurs qui veulent produire leurs propres graines. L’important est de séparer les mâles des femelles lorsqu’ils commencent à fleurir. Les mâles demandent en général moins de lumière pour se développer. Il est alors possible de récupérer un peu de pollen et de polliniser seulement quelques têtes en bas de la plante. Cela vous permet d’avoir une petite production de graines sans compromettre l’ensemble de votre récolte.

On compare souvent les fleurs mâles à des bananes (photo Frédéric G)
Les plantes qui possèdent le plus de principes actifs sont de type sinsemilia. Viennent ensuite les femelles pollinisées et en dernière position, ce sont les mâles qui produisent tout de même un peu de THC. On peut même, sur certains individus, voir la résine à l’œil à nu. Certaines personnes qui cherchent un effet un peu light ont donc essayé de fumer les fleurs. Les avis divergent sur ces expériences. Il y-a des fumeurs qui ont plutôt apprécié tandis que d’autres on trouvé le goût assez désagréable et l’effet beaucoup trop léger. Le mâle est rarement utilisé pour les extractions. Pour exploiter au maximum son potentiel psycho-actif, il peut également être cuisiné.

Pour ce type d’utilisation, il est préférable de récolter les fleurs avant qu’elles ne s’ouvrent pour libérer leur pollen. Contrairement aux femelles, les fleurs males s’arrêtent rapidement de grossir et il n-y a aucun intérêt à les garder plus longtemps. Les plants étaminaires démarrent  très rapidement mais ils n’atteignent jamais la taille des plants pistillaires et leur durée de vie est beaucoup plus courte.

Gros plan sur des fleurs qui n’ont pas encore libéré leur pollen (photo Frédéric G)
En dehors de la reproduction, il existe beaucoup d’autres utilisations des plantes mâles, notamment dans le domaine du chanvre industriel. Si vous ne souhaitez pas garder vos mâles, plutôt que de les jeter, vous pouvez bien sûr l’utiliser dans votre compost. Le pollen étant très volatile, si vous voulez couper un mâle déjà en fleurs dans un jardin ou il y-a aussi des femelles, vous pouvez pulvériser de l’eau sur les fleurs qui seront ainsi stérilisées.

La reproduction

Pour commencer, il faut bien sûr sélectionner le ou les parents étaminaires. On choisit les individus en bonne santé avec le meilleur développement des organes floraux. Les plantes sélectionnées doivent être soigneusement étiquetées et les autres seront enlevés de l’espace de culture. Les plants peuvent mettre jusqu’à cinq semaines pour développer mais certains sont très précoces et peuvent libérer leur pollen très tôt. A partir d’une semaine de floraison, il est donc important de les surveiller régulièrement pour éviter toute pollinisation indésirable. La déhiscence désigne le processus de libération du pollen des fleurs étaminaires.

Pour obtenir un croisement intéressant, il est important de bien sélectionner les deux parents. On recherche ainsi des caractères spécifiques. Il y-a tout d’abord la taille de la plante. Une grande taille signifie la plupart du temps que la plante aura une croissance vigoureuse et saine. Quand elle commence à se développer rapidement, elle atteindra généralement une grande taille finale et aura un meilleur rendement. Selon le but recherché, on recherchera le meilleur rendement en fleurs, en graines ou en fibres. Il y-a également la robustesse, c'est-à-dire la capacité globale à résister au gel, à la chaleur, à la sécheresse ou au sur-arrosage. On peut déceler les plantes très résistantes lorsque des conditions de culture défavorables entraînent la mort d’une population. Les survivants seront ainsi sélectionnés et cette robustesse sera transmise à la progéniture. La résistance aux maladies et aux parasites peut aussi être un critère de sélection. Les autres caractères sont la production de racines, de branches latérales et le ratio calices/feuilles.

Une sélection précoce de futurs parents est possible et s’avère même très utile même avec des plantes très jeunes. Parmi les caractères détectables précocement, il y-a la résistance aux champignons ou une phyllotaxie anormale.

Récolter le pollen

Les plants mâles sont aussi appelés étaminaires (photo Frédéric G)
On appelle pollinisation l’atterrissage du pollen étaminaire sur une surface stigmatisée, en l’occurrence le pistil. On appelle fécondation, l'union des chromosomes étaminaires du pollen avec les chromosomes pistillaires de l'ovule. C’est un processus qui aboutira à la production de graines viables.

Il existe deux type de pollinisation : contrôlée et aléatoire. Les graines que l’on trouve au fond des pochons d’herbe importée sont souvent le résultat d’une pollinisation aléatoire voire indésirable. Le parent étaminaire est inconnu et il se peut qu’au sein d’une même grappe de fleurs, on trouve plusieurs graines issues de parents différents dont certains pourraient être des caractères hermaphrodites ou à floraison tardive.

La pollinisation aléatoire consiste à laisser tout simplement les mâles dans l’espace de culture ou à proximité des femelles et à attendre que la nature fasse son travail. Une bonne façon de contrôler la pollinisation consiste à isoler dans un espace de culture spécifique, les deux parents en évitant toute pollinisation parasitaire.

Le pollen est extrêmement volatile et en extérieur, il faut utiliser un enclos pour protéger les plantes  du vent. Si vous souhaitez garder plusieurs mâles, l’idéal est de les garder séparément les uns des autres pour éviter que les pollens de se mélangent.

La pollinisation contrôlée consiste à isoler les plants étaminaires, à récupérer le pollen et éventuellement, à le conserver quelques jours pour polliniser les fleurs pistillaires au moment opportun. On utilise un sac que l’on attache, avant l’ouverture des fleurs, sur la tige en dessous des grappes de fleurs et il n-y a plus qu’à attendre. Il faut utiliser le même sac pour récolter et appliquer le pollen de’ façon à diminuer les risques de contamination pendant le transfert. Une autre technique consiste à repérer une fleur qui vient de s’ouvrir. On positionne alors un récipient ou un miroir et on fait tomber le pollen en tapant sur les anthères. On peut également couper une grappe de fleurs complète qui libérera son pollen en séchant. Il faudra, bien sûr, l’isoler de tout mouvement d’air pour éviter que le pollen ne se disperse. 

Le pollen doit être stocké dans un endroit, sombre, sec et frais. On peut le conserver dans le réfrigérateur dans un grand récipient fermé dans lequel on disposera une fiole de pollen ouverte accompagnée de riz blanc pour absorber l’humidité.

Changer de sexe

Comme pour les femelles, les fleurs poussent en grappes le long de la tige principale (photo Spirale)
Si l’on utilise des graines issues d’un plant hermaphrodite ou monoïque, la progéniture reproduira ses caractéristiques. Galoch a démontré en 1978, que l'acide gibbérellique (GA3) favorisait la production  étaminaire et que l'acide indole-acétique (IAA), l'ethrel, et la kinétine favorisaient celles de pistils. Pour faire apparaitre des fleurs étaminaires sur un plan femelle, il faut pulvériser pendant cinq jours de l’acide gibbérellique à 100 ppm dans de l'eau et les premières fleurs apparaitront au bout de deux semaines. On peut également inverser le sexe en diminuant la photopériode. En donnant seulement 6 à 8 heures de lumière par jour à une bouture femelle, on favorise l’arrivée de fleurs mâle. Ces techniques sont principalement utilisées par les breeders professionnels pour leurs croisements.

Les graines féminisées ont connu un important succès ces dernières années mais de nombreux cultivateurs old-school, particulièrement en France, continuent d’utiliser uniquement des graines régulières. Le pourcentage moyen de graines femelles est légèrement supérieur à 50. Des calculs de probabilité ont démontré qu’en semant au moins 10 graines, on avait 99,7 % de chance d’avoir au moins une plante femelle, ce qui explique que la plupart de semenciers vendent leurs graines régulières par paquet de 10.

Considéré comme inintéressant par beaucoup, le mal aimé de la cannabiculture est devenu un peu plus rare dans nos placards. Mais certaines personnes l’apprécient particulièrement et continuent de le cultiver avec plaisir.

S
Soft Secrets