HugelKultur, une pratique ancestrale

Bien avant l'invention des tronçonneuses, des broyeurs et des paillis, les agriculteurs ont trouvé un moyen de recycler les arbres tombés pour retourner les éléments nutritifs contenus dans d'énormes billots de bois dans le sol, et ils le font depuis des centaines d'années. Bien sûr, pour garder les choses en perspective, la nature a fait cela pendant des centaines de millions d'années - les vieux arbres tombent au sol, où ils sont couverts de matière organique et lentement pourrissent dans le sol. La nature a développé des systèmes pour TOUT recycler!

En Permaculture, nous nous tournons vers la nature pour trouver des solutions et nous utilisons les processus naturels existants pour rendre notre travail plus facile, plus économe en énergie et durable. Nous visons également à recycler les matériaux et l'énergie en les capturant, en les entreposant et en les utilisant sur place. Ces idées sont décrites dans les principe de conception de la Permaculture ( Numéro 5. Utilisation des ressources biologiques et numéro 6. Le cyclage de l’énergie )

Qu'est-ce qu’Hugelkultur ?

Utilisée depuis des siècles en Europe de l’Est et en Allemagne, la Hugelkultur est une technique de jardinage et d’agriculture dans laquelle les débris ligneux (branches et / ou troncs tombés) sont utilisés comme ressource.

Souvent utilisé dans les systèmes de Permaculture, la hugelkultur permet aux jardiniers et aux agriculteurs d'imiter le cycle des éléments nutritifs présents dans un bois naturel pour obtenir plusieurs avantages. L'Hugelkultur, qui signifie « culture de colline » ou « culture de la colline » en allemand, est un ancien système européen de compostage, de branches, tronc, et d'autres matériaux ligneux en les recouvrant de matières végétales compostables, puis en couvrant l'ensemble d'une mince couche de sol pour créer un monticule qui peut être planté comme une forme de lit de culture surélevé.

Le bois libère lentement les nutriments contenus en lui, pour les plantes qui poussent sur ou près du Hugelkultur. De plus, la chaleur générée par le processus de compostage contribue à la croissance des plantes.

Tous les processus de compostage améliorent le sol en créant de l'humus. L'humus est de la matière organique décomposée, dont la présence dans le sol augmente considérablement la fertilité du sol et la rétention d'eau. Lorsque le matériau boisé se décompose dans le sol, il crée un humus très stable parce que les composés de carbone appelés lignines dans le bois résistent à la dégradation, fournissant les avantages pour le sol pendant une très longue période.

Cette technique de Hugelkultur, vieille de plusieurs centaines d'années, a été popularisée et développée par Sepp Holzer, un permaculteur autrichien, ce qui a ravivé l'intérêt des praticiens de la Permaculture.

[caption id="attachment_71936" align="alignnone" width="780"] Polyculture de cannabis à Edel Farm[/caption]

Comment construire un Hugelkultur

Il y a plusieurs façons de construire des Hugelkulturs, et ils peuvent être construits sur un terrain plat ou dans une tranchée creusée au préalable dans le sol. La taille des lits de hugelkultur varie, les lits mesurent généralement environ quelques mètres de long pour 1 m - 1.2m maximum de large et 1m de haut. Cette taille rend la parcelle de culture assez facilement gérable.

Voici une technique de base de construction de Hugelkultur tirée de l’excellent livre de Toby Hemenway -  "Jardin de Gaia; Un guide de la Permaculture à l'échelle du domicile":

1. Déposer un tas de branches, de brindilles, coupe d'élagages broussailleux et d'autres matériaux ligneux sur une hauteur de 30-60cm soit sur le sol ou dans une tranchée creusée dans le sol.
2. Compacter un peu la pile de matière ligneuse, soit en utilisant l'extrémité d'une bêche ou en sautant dessus (selon la taille de la pile et les matériaux utilisés). Le but est de reduires les grosses poches de vides qui seront ensuite sous terre.
3. Couvrir le matériau boisé avec des matières végétales qui compostent assez rapidement, comme les élagage verts, paillis verts, les tontes d'herbe, le gazon ou la paille.
4. Si vous utilisez du gazon (essentiellement de l'herbe avec des racines attachées et du sol accroché aux racines, fixez-la à l'envers de sorte que l'herbe soit vers le fond, avec le sol / racines au vers le dessus. Cela minimisera les repousses d’herbes invasives.
5. Saupoudrer une fine couche de compost sur la pile pour l'inoculer avec des micro-organismes de compostage pour permettre a l'ensemble du processus de compostage de commencé plus rapidement.
6. Couvrir l'ensemble du monticule d'une couche de terre
7. Plantez vos graines et jeunes semis dans votre Hugelkultur, et couvrez avec le paillis comme vous le feriez n'importe quel autre lit de jardin.

Les bords de la butte doivent être soignés. Comme ils sont en pente assez forte, le risque est d’y avoir de l’érosion et du lessivage d’éléments minéraux. On peut les maintenir avec des planches. Une autre solution est d’y laisser pousser un tapis d’herbes spontanées qui retiendront la terre. On n'arrachera jamais ces herbes. On se contentera de les couper quand elles deviennent trop envahissantes. Elles serviront de fertilisant, soit par passage dans le compost, soit par utilisation direct en paillage.

Les buttes vont s’affaisser au fil du temps. C’est normal : la terre retrouve peu à peu sa densité optimale, qui est supérieure à celle d’une terre nouvellement bêchée. Elle n’en sera pas moins fertile, et plus aérée qu’une terre labourée : sa structure sera beaucoup plus élaborée. Étant donné qu’elles seront alimentées régulièrement par de la matière organique en surface, et qu’elles ne seront jamais totalement tassées, elles ne disparaîtront pas complètement, si on a pris soin de bien les protéger contre l’érosion.

[caption id="attachment_71935" align="alignnone" width="780"] Du vieux bois pour faire les bordures crée un microbiome naturel intéressant[/caption]

Choisir vos matériaux

Il est important d'utiliser les bons matériaux ligneux lors de la construction d'un Hugelkultur.. Certains arbres sont appréciés pour leur bois qui résiste naturellement à la décomposition et à la pourriture, comme le cèdre. De toute évidence, un tel bois serait un mauvais choix. Un autre type de bois à éviter est celui qui contient des composés qui empêchent d'autres plantes de croître, comme le noyer noir qui contient l'allélopathique (inhibant la croissance des plantes), la encore un très mauvais choix dans notre cas.

Vous voyez ces avertissements dans presque tous les articles de Hugelkultur, mais sérieusement cependant, le cèdre et le noyer sont considérés comme des bois fins de fabrication de meubles qui sont très recherchés, donc la probabilité d'un tel bois étant composté est plutôt éloigné et peu probable. Alors si les branches de ces arbres sont trop minces pour être utilisées pour de la menuiserie, laissez-les sous l'arbre parent comme paillis naturel!

Considérations climatiques

Une chose à garder à l'esprit au sujet de l'utilisation de n'importe quelle technique de jardinage est la pertinence à votre emplacement. Un bon designer en Permaculture réfléchit à travers leurs solutions. Construire un lit de Hugelkultur parce qu'il c'est la dernière tendance ou la mode dans la Permaculture est la mauvaise raison

L'analyse du site est essentielle dans la conception de la Permaculture, et les résultats de l'analyse du site détermineront quelles techniques doivent être utilisées. Chaque élément de conception est choisi pour une très bonne raison. Si nous revenons aux premiers principes horticoles, un lit de culture Hugelkultur est un lit surélevé, et le sol dans n'importe quel lit surélevé s'érode plus rapidement que le sol sur le sol.

Si l'on considère le type de climat d'origine du Hugelkultur, c'est une partie du monde où les précipitations sont raisonnables, c'est-à-dire que les pénuries d'eau ne sont pas un problème.

Il est important de considérer que si nous adoptons des techniques d'une région climatique différente à la nôtre, elles peuvent ne pas fonctionner comme prévu. Si nous copions simplement ce que les autres font dans d'autres parties du monde sans comprendre comment les techniques sont censées fonctionner, nous ne pouvons pas adapter les techniques à nos conditions locales. Sauf si vous êtes en Europe centrale ou de vivre dans une partie du monde qui a des conditions similaires, vous devez réfléchir à ce que vous faites ! Il peut fonctionner pour vous, ou peut-être qu'il fonctionnera avec quelques changements nécessaires.

Une question d'échelle

Si nous revisitons les principes de conception de la Permaculture, nous voyons que « En Permaculture, nous concevons et construisons des systèmes à petite échelle parce qu'ils peuvent être gérés avec moins de ressources, ce qui les rend très économes en énergie. Nous construisons également ces systèmes comme des systèmes intensifs pour obtenir la productivité maximale de ces petits espaces gérables." -  c’est le septième principe de conception de Permaculture 'Small Scale Intensive Systems'.

Les principes de base par lesquels la nature recycle les matériaux ligneux riches en lignines pour créer un humus de sol très stable peuvent être réalisés à n'importe quelle échelle. La nature utilise les mêmes principes pour retourner un arbre géant dans le sol comme elle le fait pour une petite brindille, la seule différence étant l'échelle et le temps.

Il faut plusieurs années pour qu’une planche de culture atteigne son potentiel optimal. Il faut le temps que la structure du sol se rétablisse, que le taux de minéraux et oligo-éléments remonte, que l’humus se réaccumule, et aussi que le jardinier acquière les connaissances et automatismes nécessaires. Il faut compter 8 ans pour atteindre une productivité optimale. C’est aussi le chiffre que donnent les agriculteurs en semi direct sous couvert. Avec les erreurs de jeunesse, compter 10 ans. A ce moment-là, le sol sera parfaitement structuré, avec un taux optimal de matière organique, un réseau de canaux laissé par les racines et la faune du sol permettant une bonne gestion de l’eau (notamment la remontée d’eau par capillarité en période de sécheresse).