Le développement de Dutch Passion au Canada

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19 Jun 2019
Soft Secrets a rencontré la compagnie de semences Dutch Passion pour parler de son récent développement dans le monde médical du cannabis agréé hors Europe. Ce projet est une énorme aventure et une première pour Dutch Passion. Il ouvrira les portes tant à l’économie qu’aux usagers médicaux, tout en maintenant de gros profits pour l’industrie pharmaceutique. Avec la récente légalisation au Canada, nous avons voulu en savoir plus.

Pouvez-vous expliquer le récent développement au Canada, en Colombie et en Australie ?

Dutch Passion est pour le moment engagé dans deux partenariats pour la production internationale de cannabis et de graines à usage médical en Australie et en Colombie, avec MYM Nutraceuticals, et au Canada avec Weed Me. L’accord de deux ans passé avec MYM leur donne le droit de produire et de distribuer des produits cannabiques médicinaux issus des génétiques de Dutch Passion en Australie et en Colombie. Le partenariat avec Weed Me leur permet d’utiliser les génétiques et l’expertise de Dutch Passion. Ce partenariat donne aussi à Weed Me les droits de distribution au Canada des produits de la marque déposée Dutch Passion, comme les têtes/fleurs séchées et les joints pré-roulés. De nombreux producteurs de cannabis se sont installés dans des zones récemment légalisées, mais peu d’entre eux ont choisi de faire des génétiques un élément central de leurs activités. Ces projets, centrés sur les génétiques, étaient donc très excitants pour nous. En tant que compagnie productrice de semences, c’était important. [caption id="attachment_70370" align="alignnone" width="800"]Le développement de Dutch Passion au Canada Les systèmes flambant neufs avec lesquels nous allons cultiver[/caption]

Soft Secrets: Qui sont vos partenaires et quelles sont leurs spécialités ?

Comme la plupart des autres compagnies, MYM et Weed Me débutent dans cette industrie, et n’ont pu se former réellement que quand les permis ont été accordés par les gouvernements du Canada, d’Australie et de Colombie. Ces compagnies sont spécialisées dans la production du cannabis, elles savent comment monter un espace de culture, l’éclairage, l’environnement, le substrat et les nutriments adéquats. Elles ont toutes du soumettre des plans détaillés pour obtenir leurs licences, et respecter des règles strictes sur les conditions des espaces de culture, qui répondent à des standards très hauts. Des conditions de culture propres, biologiques, sans insectes nuisibles, avec des contrôles sur l’extraction et l’environnement : très cher à mettre en place à une grande échelle. MYM et Weed Me créent de nombreux emplois locaux bien payés, avec des vacances, des retraites, des formations et des opportunités de promotion. Ils ont engagé des travailleurs expérimentés, et nous sommes sûrs qu’ils vont réussir à développer tout le potentiel de nos génétiques. Tous les produits seront testés quant à leur pureté et à leur contenu en cannabinoïdes, les clients sauront donc exactement ce qu’ils achètent. [caption id="attachment_70371" align="alignnone" width="800"]Le développement de Dutch Passion au Canada Tout sous un seul toit[/caption]

Quelles qualités Dutch Passion recherchait-elle chez de futurs partenaires ?

Nous cherchions des sociétés qui accordaient une grande importance aux génétiques et qui en faisaient un élément central de leurs activités. Nous voulions aussi que leurs planifications soient bien pensées, et qu’une attention spécifique soit portée à chaque détail, particulièrement dans les espaces de culture. Une autre caractéristique qui nous a attiré chez Weed Me était leur ambition. Ils voulaient tant vendre du cannabis au public canadien, qu’exporter leur produit au niveau international pour rencontrer la demande mondiale en termes de culture. Ils développent un laboratoire d’extraction et un laboratoire de recherche/test de 370 mètres carrés, qui devraient être terminés fin 2018. Weed Me a créé une infrastructure high-tech avec des conditions de culture de pointe. Le laboratoire de recherche nous a beaucoup intéressés, il fournit un espace totalement légal pour des recherches sérieuses sur des plantes de cannabis d’élite qui ont des caractéristiques particulières ou inhabituelles. C’est un atout fantastique pour de nouvelles variétés de semences et pour le breeding. Ce n’est qu’un exemple de comment ces projets se soutiennent l’un l’autre et peuvent aider à développer le breeding de nouvelles variétés.

Quel est l’objectif à long terme de ce projet et qu’apportera-t-il à ceux qui y sont engagés ?

L’objectif à long terme est d’obtenir un cannabis bien développé et de qualité supérieure, cultivé dans des conditions optimales à partir des génétiques de Dutch Passion, pour des consommateurs tant médicaux que de loisir. Le cannabis, ou les joints pré-roulés pourraient être fournis dans des boîtes portant notre logo, et ce serait génial pour des amateurs de Dutch Passion de pouvoir acheter du cannabis cultivé à partir de génétiques à propos desquelles ils peuvent lire et s’informer. La plupart du temps, si on va, par exemple, dans un dispensaire nord-américain, les noms ne disent pas grand-chose des génétiques ou du background de la variété. Il s’agit donc d’une approche différente, et nous espérons qu’elle séduira les consommateurs.

Avez-vous une façon particulière de cultiver qui serait enseignée aux employés ?

Le projet en est à ses débuts, nous espérons pouvoir en dire plus sur les pratiques spécifiques de culture dans le futur. Chez Weed Me, il est déjà clair qu’ils cultivent de façon bio, sans pesticides. Les méthodes peuvent évoluer avec le temps, au fur et à mesure que la meilleure approche est testée pour chaque type de climat.

Allez-vous cultiver en intérieur ou à l’extérieur, et que pensez-vous de la privation de lumière et du fait de cultiver dans de grandes serres ?

Ca dépend de l’endroit où on cultive. La culture en serre est possible (et eco-friendly) sous les climats australiens et sud-américains. Nous avons vu des cultures en serre impressionnantes et même si ça augmente les coûts, nous adorons les cultures en serre sous LED. Est-ce que Dutch Passion peut garantir l’adoption d’un mode de penser et de cultiver vert et propre, et comment allez-vous réduire votre empreinte carbone ? Weed Me est l’un des premiers producteurs de cannabis à obtenir la licence RACFM (Règlement sur l’accès au cannabis aux fins médicales) au Canada. Leurs installations de production de cannabis se situent à trente minutes de Toronto, elles utilisent des méthodes de culture éprouvées et vérifiées et disposent d’une équipe hautement qualifiée. Ils se spécialisent dans la culture bio sans pesticides et visent à devenir le plus gros producteur de cannabis de haute qualité du Canada. Où il est possible de le faire, par exemple en Australie et en Amérique du Sud, on utilise la culture en serre avec un éclairage complémentaire. Nous étudierons cet aspect du partenariat et l’améliorerons, beaucoup d’entre nous, dans l’industrie du cannabis, sommes automatiquement écologistes. Tout cultivateur de cannabis agréé est très concerné par les coûts énergétiques de la culture d’intérieur. La réduction de l’utilisation de l’énergie au minimum relève donc tant du bon sens commercial, que d’une approche éthique de la réduction de l‘empreinte carbone. [caption id="attachment_70372" align="alignnone" width="800"]Le développement de Dutch Passion au Canada Notre installation vue de l’extérieur[/caption]

Quelles conséquences pensez-vous que votre progression va avoir sur le marché noir qui a cours dans ces pays ?

En théorie, une offre réglementée de cannabis dont la qualité est contrôlée et qui est clairement labellisé devrait surpasser le marché noir. Et pour ce qui est du cannabis médical dans ces pays, l’offre officielle n’est permise que si elle provient d’une source absolument règlementée. Les fournisseurs du marché noir n’ont aucune transparence sur la façon dont ils cultivent, produisent et distribuent. Vous ne savez donc pas toujours ce que vous achetez. Et c’est ce qui a été l’un des moteurs principaux du cannabis cultivé de façon artisanale, les consommateurs voulant à nouveau contrôler et savoir qu’ils fument du cannabis de qualité produit dans des conditions sûres. Et de préférence par des gens qui aiment leur boulot et qui savent ce qu’ils font.

La loi devenant plus claire, quels produits finis de Dutch Passion peut-on espérer acheter ?

Nous espérons que les consommateurs pourront acheter des boîtes de têtes de cannabis de diverses variétés. C’est-à-dire des variétés riches tant en TCH qu’en CBD. Les joints pré-roulés sont aussi appréciés au Canada, ils seront donc également offerts à partir de différentes variétés de Dutch Passion et disponibles en packs. On trouvera aussi les concentrés et extraits de Dutch Passion. Nous ne revendrons pas ceux venant d’Amsterdam, du moins pas encore. L’idée est que Weed Me et MYM distribuent (et peut-être exportent) les produits en accord avec les règlements, lois et conventions locaux sous leur licence de culture.

Quand vos produits seront-ils disponibles et quelles seront les restrictions concernant les lois, entre le médical et le récréatif ?

Au Canada, il n’y aura pas de restriction entre le médical et le récréatif, ça dépendra donc du lieu où on se trouve. En Australie, l’attention se porte sur la consommation médicale. Comme aux Etats-Unis, quand le cannabis médical passe, le cannabis de loisir suit généralement quelques années plus tard. En Colombie, les deux usages sont permis, on imagine donc que les différences/restrictions entre le médical et le récréatif seront minimes. [caption id="attachment_70373" align="alignnone" width="800"]Le développement de Dutch Passion au Canada Une installation de sécurité de pointe[/caption]

Quelle est la position actuelle sur les extraits, et allez-vous travailler là-dessus ?

Les extraits peuvent être un sujet polémique. Beaucoup d’amateurs de cannabis préfèrent les têtes cultivées de façon organique. D’autres pensent que les extraits peuvent offrir des voies de consommation plus aisées, comme les cartouches pour vaping ou pour un usage alimentaire. Nous pensons que les extraits de cannabis peuvent être très utiles. Imaginez une cartouche personnalisée pour un vaporisateur de cannabis. L’usage d’extraits soigneusement préparés permet à chacun de choisir un ratio de cannabinoïdes qui convient parfaitement à ses besoins, avec les bons niveaux de THC, de CDB et de tout autre cannabinoïde qui convient à son propre système endocannabinoÏde. Le Canada a une culture du clonage et il y a une zone d’ombre autour des semences. Comment pensez-vous que ça peut changer et quel impact ça aura-t-il sur la façon dont les gens cultivent ? Nous nous sommes rendus compte que partout où il y a des cultivateurs de cannabis, il y a un marché pour les semences. Quand vous obtenez une plante mère fantastique, il est normal de vouloir la cloner. Mais la diversité est l’épice de la vie, et pour certaines personnes, rien ne vaut des têtes issues de semences. Nous nous attendons à ce que le Canada développe le goût pour les semences et, comme le marché légal du cannabis commence à s’implanter, nous pensons que les semences prendront leur place naturelle.

Quelle importance a l’expérimentation sur les cannabinoïdes, et quels progrès peuvent être faits dans ce domaine ?

Pour le moment, les tests en laboratoire et les rapports sur les cannabinoïdes sont obligatoires pour les cultivateurs agréés. C’est une bonne chose, de même que l’analyse des terpènes. Ça permet aux consommateurs de savoir ce qu’ils recherchent et ce qui leur convient le mieux. Nous espérons un développement de l’activité des breeders dans le domaine de l’amélioration des cannabinoïdes secondaires. Le CBD a eu un grand retentissement, mais d’autres cannabinoïdes vont suivre. Nous voulons aussi nous impliquer dans les tests, pour garantir aux consommateurs que les produits ne contiennent aucun pesticide, ni produit chimique nocif.

Que pensez-vous de la direction prise par l’industrie du cannabis au Canada, en Colombie et en Australie ?

Le fait que le Canada, l’Australie et la Colombie appuient ces projets est révélateur du fait que ces pays sont devenus très progressistes. Nous apprécions le fait que les gouvernements locaux aient demandé à voir des plans détaillés et qu’ils aient exigé des investissements sérieux de la part du projet. Ils auront en retour des tonnes de produits de cannabis de qualité pour la distribution tant médicale que récréative. Ils auront pour les prochaines décennies des cultivateurs de cannabis hautement qualifiés. Ça leur donnera un certain niveau d’autosuffisance en termes de fourniture de cannabis réglementé, et une possibilité de développer cette activité. Et c’est une bonne chose pour les consommateurs de cannabis.
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