Le Conseil d’analyse économique préconise la légalisation du cannabis

Exitable
17 Jun 2019
Le Conseil d’analyse économique est un groupe d’économistes, rattaché à Matignon et dirigé par Philippe Martin, un proche d’Emmanuel Macron. Le site du magazine Challenges nous révèle qu’un nouveau rapport, rédigé par les économistes Emmanuelle Auriol et Pierre-Yves Geoffard, et préconisant la légalisation du cannabis, devrait être publié le 20 juin prochain. Ces économistes, issus de prestigieuses écoles, se déclarent donc favorables à la légalisation mais sont-ils réellement nos alliés dans notre combat contre la prohibition et pour la liberté de cultiver et de consommer la plante de notre choix ? Ce rapport reprend en fait une ancienne publication du think-tank Terra Nova, un club de réflexion, proche du Parti Socialiste, qui avait publié deux rapports sur la légalisation, sous la présidence de François Hollande. Le modèle proposé est celui du monopole d’état. Le cannabis devrait donc être commercialisé uniquement dans des magasins d’état, comme c’est le cas au Québec. Selon les auteurs, « La légalisation permettrait à la fois de lutter contre le crime organisé, de restreindre l’accès au produit pour les plus jeunes et de développer un secteur économique, créateur d’emplois et de recettes fiscales. » L’une des auteures du rapport, Emmanuelle Auriol est déjà connue pour ses récentes prises de position en faveur de la légalisation. Cette économiste considère que le prix du cannabis du marché noir n’est pas assez élevé, ce qui expliquerait la consommation excessive des jeunes français. Le monopole d’état permettrait de réguler les prix et la qualité du cannabis. Un monopole ne devant souffrir d’aucune concurrence, l’autoproduction de cannabis serait probablement interdite. Avec ce modèle, seul le cannabis contrôlé par l’état, avec de taux limités de principes actifs, serait autorisé. Le Conseil préconise la création d’une autorité indépendante pour contrôler la qualité et sélectionner les entreprises chargées de produire le cannabis. La légalisation permettrait de créer entre 27 500 et 80 000 emplois dans le secteur du cannabis. L’objectif de cette légalisation avec monopole d’état est de lutter contre la consommation chez les mineurs : « Il est préférable, pour les protéger, d’avoir la mainmise sur l’organisation du secteur et son fonctionnement plutôt que de subir les mécanismes du marché. » Selon le rapport, le prix du cannabis en France serait en moyenne de 11 euros le gramme. L’article ne précise pas s’il s’agit de fleurs ou de résine et cette estimation parait assez élevé. En partant sur cette base de 11 euros le gramme sur le marché noir, les économistes proposent de descendre le prix du cannabis légal à 9 euros le gramme. Le CAE estime que le coût de production d’un gramme de cannabis serait de seulement 1 euro. Selon le CAE, un prix de vente au détail de 5 euros  hors taxes serait suffisant pour rémunérer les producteurs et les distributeurs. « En y ajoutant la TVA et un droit d’accise de 50 %, on aboutit à un prix final de 9 euros. » Comme l’ancien rapport du think-tank Terra Nova, ce nouveau rapport du CAE, propose de jouer un « mauvais tour » aux fumeurs de cannabis. L’objectif est de commencer à vendre le cannabis à un prix abordable pour assécher le marché noir, puis d’augmenter progressivement les prix pour finir par obtenir « un niveau de taxation similaire à celui du tabac. » C’est ce que préconise également l’économiste Christian Ben Lakhdar, collaborateur de Terra Nova, dont les travaux ont inspiré les auteurs. Ce nouveau rapport pourra t-il influencer la position du président et celle du premier ministre ? Emmanuel Macron a toujours été opposé à la légalisation et a même choisi d’intensifier la répression des consommateurs avec la mise en place de l’amende forfaitaire pour la consommation des stupéfiants. Le Conseil d’analyse économique est rattaché au Premier ministre mais ce nouveau rapport tranche avec ses récentes prises de position. Le 12 juin dernier, dans son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale, Edouard Philippe a déclaré que la lutte contre le trafic de stupéfiants serait l’une des priorités du gouvernement, pour les 12 prochains mois : « Cela implique de harceler les points de vente, neutraliser les échelons de distribution et faire tomber les têtes de réseaux. »
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