Les patients français font face à l’histoire

Exitable
11 Apr 2019
Des citoyens de tout l’Hexagone demandent avec force une mise en circulation rapide des médicaments à base de cannabis. En fait, la France est l’un des seuls pays d’Europe à ne pas avoir encore décidé comment gérer la distribution de cette alternative thérapeutique. Ainsi, les patients sont pris entre l'enclume de la maladie et le marteau de la répression criminelle contre ceux qui ont choisi de produire leur propre cannabis. Par Fabrizio Dentini Fabienne a 62 ans, est parisienne. Raphaël a 52 ans et habite du côté de Lyon. Sylvain a 33 ans et vient du Nord. Cancer, tétraplégie, douleur chronique : ils partagent le même combat. Un combat quotidien autant pragmatique, contre la maladie et la répression, que culturel dans la perspective d'un changement à moyen terme. Ils ont besoin sans délai de cannabis de qualité car les patients souffrent et n'ont guère de temps à perdre. Les politiciens et les médecins s'éloignent dans le brouillard du débat démocratique alors que ces citoyens sont perdus dans la dictature de la douleur. C’est pour ce motif qu’ils se sont réunis en association : Principes Actifs. Actifs, comme tous les citoyens voulant faire reconnaître leurs droits à une vie digne, actifs comment les principes du cannabis qu’ils utilisent. Fabienne raconte : « En 2008, j’ai eu un cancer du sein et j’ai souffert des effets secondaires liés aux rayons et à la chimiothérapie légère à laquelle j’ai été soumise tout les jours pendant 5 ans. Tu manges plus, tu n’as plus d’appétit et aussi moralement, tu deviens très dépressif. J’ai commencé tout de suite avec le cannabis qui a substitué les 6 médicaments prescrits pour faire face aux effets collatéraux. A part ça, le cannabis m’a aidé contre la dépression et a pu soulager la douleur oncologique sur mes os. » Raphaël déclare : « En 1986, depuis un accident, je suis atteint de tétraplégie incomplète de niveau C3-C4. Dans mon cas, la tétraplégie s'accompagne d'un enraidissement des muscles (spasticité) et de contractions musculaires involontaires (contractures). Depuis 2015, ma spasticité s'est aggravée (à cause d'escarres notamment) et mon usage du cannabis, récréatif jusque là, est devenu pleinement thérapeutique. » Sylvain ajoute: « Je souffre de douleur rayonnante dans le dos et les bras et j'ai des tremblement s essentiels. En plus je souffre de jambe sans repos, de sciatique avec douleur descendante dans les jambes et de névralgie cervico brachial. » Les patients français font face à l’histoire Tous les trois consomment du cannabis et atteignent des niveaux de bien-être que la médecine officielle ne leur garantissait pas. Est-ce un crime? Principes Actifs a été créée en 2009 et à partir de ce moment, les patients n’ont plus été seuls : l’entraide assure ce qu’un état qui se décrit comme laïque, mais qui se révèle paresseux et idéologique, ne permet pas. Fabienne explique: « On demande à nos nouveaux adhérents s’ils sont capables de cultiver pour se garantir leur traitement sans interruption thérapeutique. L’association réunit des personnes avec des pathologies très différentes et notre travail est de trouver pour chaque membre la meilleure variété en accord avec chaque pathologie. Pour ce faire, nous partageons des petites quantités de 5-6 variétés qui circulent entre nous pour comprendre laquelle fonctionne le mieux et après, nous leur donnons directement les boutures. En faisant des ateliers Skype, on apprend à jardiner et on apprend aussi les différentes manières d’en faire usage : gélules, vaporisation et pommade. Un tiers des adhérents sont arrivés suite à des problèmes avec la justice, premièrement pour être renseigné, mais surtout soutenu moralement. » Raphaël souligne : « Grâce à l'association Principes Actifs, dont je suis membre, je peux me procurer du cannabis de la variété croisée qui me convient le mieux comment le Cannalope x Dancehall, avec le même taux de THC et de CBD. Sous forme de gélules, c’est très efficace. Un des membres de l'association et un ami cultivent pour moi. » Sylvain confirme : « Ne pouvant pas cultiver chez moi, une personne cultive pour moi et me donne ce dont j'ai besoin à titre gracieux. » Par rapport aux auditions du CSST sur le cannabis therapeutique (Comité scientifique spécialisé temporaire), Fabienne est claire : « Je pense que ce qui va être autorisé sont les médicaments comme le Sativex et l’ Epidiolex et éventuellement, le cannabis sous sa forme naturelle vendu en pharmacie. Donc, la question est : qui va fournir le cannabis sous forme naturelle aux pharmacies et sur ce sujet, on ne sait rien. » Aujourd’hui, l’association Principes Actif regroupe 25 personnes réparties dans tout le pays. Pour rentrer dans l’association il faut vouloir chercher l’indépendance thérapeutique en produisant son cannabis.
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