Comment transformer des résidus végétaux en compost

Soft Secrets
09 Feb 2018

Ceux qui utilisent du substrat de terre pour cultiver de la marijuana connaissent déjà le vermicompost, puisque ce type de substrat en contient souvent. Les lombrics utilisent les résidus végétaux pour produire du compost. Comment pouvons-nous exploiter ce principe? 


Il est en fait plus facile d’acheter du vermicompost que d’en produire dans une “ferme à vers”. Mais ce serait intéressant de monter votre propre élevage, vu que vous devriez avoir en suffisance les résidus végétaux dont les vers se nourrissent : dans un élevage, en sus des ingrédients organiques habituels, les lombrics “digèrent” les résidus végétaux.

Beaucoup ne savent pas qu’ils peuvent se débarrasser de ces résidus quasi sans risque. Les vers mangent n’importe quoi et certains élevages ne produisent aucun déchet, qu’ils soient installés dans un espace de vie ou sur un balcon. Les meilleurs élevages produisent non seulement du vermicompost, mais aussi du jus de lombric. Ces élevages disposent de robinets pour extraire ce jus. Le jus de vers contient de nombreux nutriments très utiles, qui ne servent pas uniquement aux plantes de marijuana.

Mener un élevage de vers

Les débutants, qui manquent encore d’expérience, doivent choisir un bon kit d’élevage de lombrics. Plus tard, quand ils auront acquis plus d’expérience, ils pourront installer un élevage selon leur goût et à la taille qui leur convient. Les kits contiennent un boîtier pour les vers, de la nourriture pour démarrer, un mélange de minéraux, et des tapis de fibre de coco ou même de fibre de chanvre qui serviront à couvrir. Les vers à compost sont fournis avec le kit, ce qui facilite l’installation et le démarrage de l’élevage. Pour mener un élevage de vers, il ne suffit pas de les nourrir avec des résidus organiques, sinon ils souffriraient à un moment donné d’un manque de minérau.

Il faut donc leur donner régulièrement des minéraux spécifiques pour vers, qui peuvent aussi être bénéfiques aux plantes par après. Quand on démarre un élevage de vers, ils doivent aussi pouvoir s’acclimater, pour pouvoir se reproduire et survivre au-delà de l’hiver. Il faut donc les nourrir avec un mélange nutritif adéquat, et les traiter avec grand soin. Dans un climat du nord comme celui de l’Allemagne, les vers de compost les plus “affamés” et donc les meilleurs, sont les Eisenia foetida. D’autres vers qui sont vendus en Allemagne survivent à des températures entre 0° et 30°, mais se développent de manière plus confortable - et sont ainsi plus actifs- sous des températures de 15° à 25°. En-dessous de 10°, les vers de compost auront tendance à manger moins et à être moins actifs. Si la température est trop basse ou trop élevée, ils meurent. Les cocons, qui sont surtout produits pendant l’automne, plus fraîche, peuvent survivre de – 2° à 38°.

Cela signifie qu’on ne peut pas installer un élevage de vers dans une pièce ou dans un espace extérieur où la température pourrait dépasser les 30°. En hiver, l’élevage doit être placé dans un espace abrité. Les tapis de chanvre qui sont utilisés comme couverture empêchent que la surface ne sèche, que les vers ne s’échappent, et aussi que des mouches à fruits ne s’installent. Ils permettent aussi que l’élevage “respire” et soit isolé pendant l’hiver. En été, pendant les journées chaudes, il faut humidifier les couvertures de chanvre pour faire baisser la température et empêcher l’évaporation. Le chanvre ne se décompose pas rapidement, les tapis de chanvre sont donc particulièrement adaptés. On peut également utiliser des journaux comme couvertures. Certains kits incluent des tapis de chanvre faits sur mesure pour servir de couvertures. Ils peuvent être superposés pour rafraîchir ou isoler. De plus, en hiver, on peut mélanger du marc de café avec des feuilles de laitue ou d’autres éléments organiques similaires et placer le mélange dans le vermicompost pour produire de la chaleur par la décomposition de ces résidus organiques.

Le concept de l’élevage de vers

Un kit d’élevage de vers typique comporte quatre éléments, trois d’entre eux étant exactement identiques. On commence la construction de l’élevage par un élément qui servira de plancher, qui sera le même que les trois autres, sans toutefois être percé. On fixe un robinet à son extrémité pour recueillir le jus de vers. Il peut être utilisé pour placer des pots en terre de taille moyenne sur sa partie supérieure. Il faut laisser un interstice entre ce sol et l’élément suivant. On en percera le fond en plusieurs endroits avec une mèche de 8 mm pour que le liquide s’écoule et pour que les vers puissent se déplacer vers le niveau supérieur. Dans la partie supérieure des parois latérales, on peut faire de petits trous pour favoriser l’aération.

Comme la tâche des vers est aussi facilitée par les micro-bactéries, il faut qu’une quantité suffisante d’oxygène parvienne jusqu’à la couche supérieure, où se déroule la vie active. On a besoin de trois boîtes percées. La première est installée comme boîte d’amorce au niveau le plus bas. L’étape suivante est de faire une “base” avec une couche de papier carton, de journaux, de feuilles d’automne et de foin broyés dans la boîte d’amorce percée. Toute la surface est pré-humidifiée et régulièrement humidifiée et on ajoute quelques vers au mélange. On place entre 1000 et 2000 vers au minimum sur la surface. Après deux à quatre jours, on ajoutera des déchets organiques adéquats sur cette base. Il faut à chaque fois couvrir la surface avec un tapis de journaux ou de chanvre. Quand l’élevage est en route, on obtient une couche de biomasse de 2 à 4 cm en fournissant de la nourriture tous les jours, ou quasi chaque jour. Les vers Eisenia foetida mangent une quantité de résidus organiques qui équivaut à leur poids. D’autres vers de compost mangent des quantités un peu moindres.

Tous les vers ont besoin d’être nourris régulièrement. Mais ils peuvent survivre sans manger pendant une semaine. Les usagers qui voyagent jusqu’à une durée de trois semaines peuvent mélanger une ration hebdomadaire de nourriture humidifiée avec des coupures de journaux. Après avoir donné de la nourriture, il faut couvrir avec un journal. L’élevage aura besoin de deux ou trois mois pour atteindre un rythme stable. La nourriture devra être fournie régulièrement jusqu’à ce que la première boîte percée soit pleine. Ensuite, une deuxième boîte peut être placée au-dessus, pour continuer à donner de la nourriture. A travers les trous, les vers vont grimper vers les niveaux supérieurs. Quand la deuxième couche sera pleine, on pourra en installer une troisième. Quand elle sera aussi pleine, la première boîte percée sera enlevée, vidée et installée vide sur la dernière boîte. Le compost récolté pourra être tamisé et utilisé, ou bien stocké. 

Jus de vers et vermicompost

Il faut enlever régulièrement le jus de vers, pour qu’il ne stagne pas dans la première boîte percée. Il peut être dilué dans une proportion de 1 pour 10 et utilisé pour l’arrosage. Le compost de vers peut être mélangé avec de la terre, dans une même proportion de 1 pour 10. Pour la culture de marijuana en intérieur, on recommande un mélange de terre, de perlite et de vermicompost dans une proportion de 2:1:2 ou même de 1:1:1. Quand les plantes restent à la même place pendant longtemps, ce compost peut être placé plus tard sur le sol.

Le compost contient du nitrogène, du phosphore et du potassium, mais aussi du magnésium, du calcium et d’autres traces d’éléments, tout comme des microbes utiles particulièrement bénéfiques pour les plantes. Après la récolte, s’il ne reste pas beaucoup de nutriments dans le sol, il peut être enrichi plusieurs fois avec du vermicompost et réutilisé. Pour la culture de plantes, il faut aussi utiliser une préparation enzymatique, qui aidera à la décomposition des racines mortes, pour rendre le sol réutilisable pour les plantes suivantes.

Nutrition

Il faut nourrir les vers régulièrement. Il faut pour cela penser à utiliser une méthode pour déchiqueter les journaux, le papier carton, le foin, les feuilles les résidus de jardin et évidemment les résidus de chanvre, de la façon la plus aisée. Plus les lambeaux sont petits, mieux c’est, et plus vite les vers pourront digérer les résidus organiques. Les vers mangent facilement le marc de café ou de thé, et le substrat de coco. Les morceaux ne doivent pas être plus gros que le bout d’un doigt. Si vous nourrissez les vers avec des fibres de coco, tous les autres nutriments doivent être préalablement éliminés. Il ne faut pas mélanger de métal, du papier glacé, des étiquettes ou du papier collant au papier ou au carton utilisé dans un élevage. 20% de papier et de carton sont suffisants pour les vers, et il faut en mélanger au moins une partie avec la nourriture, pour que les vers aient un régime varié. En automne, on peut stocker des feuilles. Si on laisse la pelouse coupée sécher au soleil, on peut aussi l’utiliser pour l’élevage. Les coquilles d’oeufs – bien lavées et écrasées avec un rouleau à pâtisserie – conviennent aussi. Les vers mangent facilement des restes de fruits et de légumes et, de temps en temps, des miettes de pain rassis.

La nourriture trop sèche doit d’abord être humidifiée. Si la boîte est trop humide, on peut y mélanger des coupures de papier. Et si elle est trop sèche le mélange peut être humidifié avec un vaporisateur. Il faut évidemment éviter de donner aux vers des agrumes, des poireaux, du papier glacé, des coquilles de noix, de la nourriture non cuite, salée ou marinée, des produits chimiques, du plastique, des oignons, de l’ail, de la viande, du fromage, de la nourriture riche en graisse et tout élément organique similaire. Si des parties de l’alimentation développent de la moisissure, on peut simplement les enlever de la surface du vermicompost déjà produit. Ou on se débarrasse de la nourriture moisie. On utilise aussi les vers dans la phyto-épuration des eaux usées, pour décontaminer les boues. Il ne faut néanmoins pas leur donner de la nourriture non adaptée, ou manifestement toxique, comme par exemple de la litière pour chats ou des excréments de chiens. Par contre, pour des élevages plus grands, on utilise fréquemment du crottin de cheval. 

Comment procéder

Avec le temps, les élevages de vers sont atteints d’acidification. Les vers édentés sont capables de broyer la nourriture qui est mélangée avec des cailloux et du gravier fin dans leurs estomacs. C’est pour cette raison qu’on recommande toujours de leur donner, en plus des résidus organiques, de petites quantités de poussière de roche, de la chaux agricole ou un mélange minéral approprié. Pour une boîte de 2000 vers de compost, une pleine cuillère à soupe de poussière de roche toutes les trois semaines suffit (il faut la saupoudrer sur toute la boîte). Normalement, si l’élevage de vers a une légère odeur, cela veut dire que sa couche active ne reçoit sans doute pas assez d’air, ou qu’on a donné trop de nourriture et qu’une décomposition anaérobie est en train de se produire. Pour y remédier, il faut réduire la nourriture et vérifier la valeur du pH. La meilleure façon de procéder est de prendre des échantillons de terre à quatre endroits différents.

On remplit ensuite un petit verre à moitié de terre et à moitié d’eau distillée et on mélange le tout. On mesure alors la valeur du pH pour vérifier qu’il se situe entre 5 et 7. Si la valeur du pH est inférieure à 5, il faudra ajouter de la chaux agricole pour l’élever. Après deux ou trois semaines, on verra clairement si la chaux agricole a été efficace. Il faut prendre garde à ne pas trop relever la valeur du pH. Une valeur basse accompagnée d’une odeur âcre indique qu’il y a accumulation d’ammoniac, ce qui indique aussi une décomposition anaérobie dans l’élevage. Pour y remédier, il faut mieux aérer, rompre le vermicompost en tout petits morceaux et nourrir les vers avec du carton à oeufs, du papier carton, ou des morceaux de journaux jusqu’à ce que le problème disparaisse. Le manque d’air est sans doute dû à un niveau d’humidité trop élevé et dans ce cas, il faut ajouter au mélange du papier carton sec, des morceaux de journaux secs ou du foin sec.

Si la valeur du pH dépasse 7,5, il faut absolument éviter de donner des fruits et vérifier qu’il n’y en a pas dans la nourriture. Comme les journaux et les papiers carton sont trempés par la nourriture, il faut vérifier que le contenu en eau soit égal à une valeur pH de 5,5, et que l’alimentation ne contient que de petites quantités de résidus de fruits. Si on a donné aux vers de grandes quantités de résidus de fruits, il faudra ajouter un peu plus de mélange minéral, de poussière de roche ou de chaux agricole pour rectifier l’acidité. Si on se rend compte que l’élevage est trop sec, il faut ajouter de l’eau. Pour vérifier que l’humus de vers est assez sec, il faut le prendre en mains et le presser un peu, aucune eau ne doit s’en écouler. Mais il ne doit pas non plus être trop sec.

Information générale sur le vermicompost

Les vers vivent en symbiose avec des micro-organismes. Ceux-ci font macérer la nourriture et sont mangés par les vers avec de petites parties de nourriture. Les vers de compost vivent jusqu’à 15 ans, ils respirent à travers leur peau, ils ont cinq coeurs et, comme ils sont hermaphrodites, ils produisent jusqu’à 200 cocons par an. Durant la période de reproduction, l’anneau qui se trouve autour des vers se détache, il est fécondé et il se développe en cocon.

Si la température est plus basse, la production de cocons augmente, et on aura de nouveaux vers au printemps. Quand l’espace est trop étroit, que la nourriture est insuffisante, ou que la température est trop élevée, la reproduction des vers baisse. Les vers ne supportent pas la lumière et sont capables de s’enfoncer rapidement, quand on enlève la couverture ou le tapis de chanvre de la boîte supérieure.

D’autres “compagnons de vie”

Si vous n’avez pas couvert votre élevage avec un tapis de chanvre, quand vous lui donnez des résidus de fruits, votre boîte sera infestée de mouches à fruits. C’est particulièrement embêtant à l’intérieur, puisque vous courez le risque que votre élevage et vos plantes soient infestés de mouches ou de moucherons.

En sus de couvrir le vermicompost, on peut éviter ce problème en donnant moins de résidus de fruits, ou en les enveloppant dans du papier journal et en les enterrant sous la surface. En prévention, on peut aussi fabriquer un piège à mouches à fruits en mélangeant une part de jus de pomme, deux parts de vinaigre et deux gouttes de liquide vaisselle et en mettant cette mixture dans l’élevage. Les mouches à fruits se noieront dans ce liquide.

Quand les mouches prolifèrent, on peut les affamer en ne donnant comme nourriture que du papier carton et une petite quantité de poudre minérale. Les vers survivront. Contre les moucherons, on peut utiliser des nématodes ou des acariens prédateurs (Hypoaspis aculeifer). Si vous donnez régulièrement des résidus de fruits aux vers et que l’élevage est trop sec, il sera infesté de fourmis. Ces résidus sucrés peuvent être toujours là. Quand le problème apparaît, on peut envelopper les résidus dans un papier journal et les enterrer sous le vermicompost.

Il faut prendre garde à humidifier la surface régulièrement avec un vaporisateur. Des vers blancs, mesurant de 5 à 30 mm, les enchytraeids, vont aussi se développer dans presque tous les élevages de lombrics. S’ils dépassent en nombre les vers de compost, cela signifie que la valeur pH est trop basse et qu’elle doit augmenter. Des collemboles, de 1 à 5 mm et avec 6 pattes, peuvent souvent apparaître. Des hôtes beaucoup moins communs sont les petits cloportes noirs d’environ 2 cm. On peut facilement les enlever à la main. Ces trois types d’hôtes contribuent à la décomposition de la nourriture organique.

En conclusion

Si une boîte à vers en contient suffisamment et qu’ils ne mangent pas assez, ça signifie probablement que la température est trop froide ou trop élevée. Quand le nombre de vers diminue, il y a sans doute un manque d’oligo-éléments. Il faut alors faire un test de pH et ajouter de la chaux agricole, de la poussière de roche ou un mélange minéral.

La boîte est peut-être trop sèche pour que les vers se développent ou, dans des cas plus rares, il pourrait y avoir trop de nitrogène. Si à certains endroits, les vers sont très fins et dégagent une odeur, il faut réduire la concentration de nitrogène dans leur nourriture. Vous apprendrez peu à peu quel est l’environnement adéquat pour votre élevage, comme vous l’avez fait avec votre culture, et vous vous y prendrez de la bonne manière. 

Les photos de cet article

Ces photos montrent un processus d’upcycling où ni le seau, ni les pots n’ont été abîmés, et où le jus de vers a été vidé après qu’on ait enlevé les pots. Lors de ce test, seuls quelques vers de jardin se portaient bien après deux semaines. Certains élevages de vers faits maison sont inadéquats. On apprend avec le temps à monter soi-même un

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