Biographie du fondateur du Parti Marijuana

Soft Secrets
15 May 2017
En cette année 2017, tous les regards se tournent vers le Canada, le premier pays du G7 à légaliser le cannabis thérapeutique et récréatif. Le livre « Monsieur Boris et le Cannabis », publié aux éditions Québec Amérique, raconte l’histoire du québécois Marc Boris, de son vrai nom Marc Saint Maurice, l’un des principaux activistes canadiens. La légalisation faisait partie du programme du premier ministre Justin Trudeau et le projet de loi devrait être présenté en 2017. Mais la mise en place ne devrait pas être effective avant 2018 et peut être plus tard. Comment nos cousins d’Amérique ont t-ils pu imposer l’impensable : la légalisation totale de cette plante toujours interdite dans la plupart des pays du monde ? Au Canada, la Colombie Britannique est la province cannabique la plus connue et Vancouver en est la capitale. Originaire de cette ville, Marc Emery, toujours accompagné de sa femme Jodie, est le militant canadien pro-cannabis le plus médiatique et nous avons déjà pu le croiser sur certaines expos ou cannabis cups européennes. Biographie du fondateur du Parti Marijuana Mais dans la province francophone du Québec, des militants ont eux aussi contribué à cette grande victoire contre la prohibition. Marc Boris est le plus connu d’entre eux. Musicien et ancien journaliste cannabique pour Heads Magazine, il est aussi le fondateur du parti Bloc Pot au Québec et du Parti Marijuana au niveau fédéral. Ecrit par Jean-Marc Beausoleil, ce livre raconte l’histoire de cet infatigable militant de la cause cannabique.

Grimskunk

Marc Boris a tout d’abord été connu comme le bassiste de l’un des plus célèbres groupes de rock canadiens, Grimskunk, fondé en 1988. Le groupe a dès le début été lié à la marijuana. Trois amis de Boris étaient partis travailler dans le nord du Québec : « Les gars fumaient des joints, plantaient des arbres, jouaient de la musique ». C’est à cette époque qu’ils ont découvert une herbe particulièrement puissante, en provenance d’Amsterdam et connue à l’époque sous le nom de « Skunk Weed ». Les musiciens ont pu trouver l’inspiration et c’est à la suite de séjour que le groupe a été créé dans le sous-sol de l’appartement du bassiste. Le groupe a connu un grand succès dans les années 90 et a fait plusieurs tournées internationales.

Vendeur de pot

Au Québec, on emploie un vocabulaire spécifique dans le domaine de la marijuana. Comme aux USA, la weed est appelée « pot » et les têtes « cocottes ». L’herbe se vend à la livre (453,5 grammes) plutôt qu’au kilo. Marc Boris a longtemps vendu de la marijuana pour gagner sa vie mais c’est à la suite à la suite d’une arrestation en tant que simple consommateur que le déclic a eu lieu et qu’il a décidé de devenir militant anti-prohibitionniste. Il avait injustement passé une nuit entière en prison pour quelques grammes, alors qu’aucun crime n’avait été commis. Biographie du fondateur du Parti Marijuana

Cannabis Montréal

Devenu un militant actif pour la légalisation, Marc Boris a alors fait des recherches et est tombé sur un vieux rapport de 1973, à l’époque du premier gouvernement Trudeau (le père de Justin Trudeau). Ecrit par un juge, le rapport Le Dain préconisait déjà la légalisation du cannabis. Il est alors parti à la rencontre des militants anti-prohibitionnistes québécois et a fait la connaissance de Michel Lalancette, un membre de la Ligue Anti-prohibitionniste au Québéc (LAQ). Ce militant avait ouvert dés 1986, une sorte de coffee-shop à Montréal. Appelé « Cannabis Montreal », ce café vendait ouvertement du haschisch et de la marijuana. Arrêté par la police, Michel Lalancette est allé en prison pendant un an et demi et à sa sortie, il a continué de militer à la LAQ : « Lors de la première manif procannabis organisée par Boris, Lalancette a croisé les membres de la première organisation procannabis du Québec, les Amis de Louis Hébert, du nom du premier colon qui était aussi un cultivateur de chanvre, évidemment pour le tissu. » C’est à cette époque que Marc Boris l’idée de fonder un parti politique pour obtenir la légalisation de la marijuana. Il s’est alors souvenu de ce que lui avait suggéré un avocat, quatre ans auparavant : « Fais-toi élire et change-la, la loi ! »

Le Bloc Pot et le Parti Marijuana

Le Bloc pot a été créé en 1998 et a présenté des candidats à plusieurs élections locales mais n’a jamais réussi à obtenir de siége de député à l’Assemblée nationale du Québec. Le Parti Marijuana est un parti fédéral créé en 2000 pour présenter des candidats dans tout le pays mais qui n’a pu faire élire de représentants et dès 2004, « L’effet de nouveauté s’usait à vitesse grand V » C’est pour cette raison que Marc Boris a décidé en 2004 d’aller militer pour la légalisation du cannabis au sein d un grand parti, celui de Justin Trudeau, le Parti Liberal, qui présente cette année son projet de loi pour la égalisation. Biographie du fondateur du Parti Marijuana

Les dispensaires

Au Canada, ce sont les dispensaires, appelés Clubs Compassion ou Centres Compassion, qui ont ouvert la voie à la légalisation du cannabis. Boris a participé à la création du premier Club Compassion en 1999 à Montréal sur le modèle de celui de son amie Hillary Black à Vancouver.

La Pot Mobile

En 2000, Boris a traversé le Canada dans une voiture appelé la Pot Mobile. Le militant était sponsorisé par Cannabis Culture, le magazine de Marc Emery qui lui avait donné 2000 dollars canadiens pour la traversée. La voiture était ornée du logo du magazine avec une grande feuille de cannabis, ce qui a parfois pu attirer l’attention de la police : « L’hostie de gars avec le char couvert d’une feuille de pot. Enfin un peu d’action ! ». Il avait embarqué dans la voiture une sono mobile et a organisé des meetings et des manifestations dans la plupart des villes du parcours.

Banque de graines

Boris a monté sa propre banque de graines en 2004. Les clients se les faisaient livrer par la poste ou se déplaçaient jusqu’à Montréal : « Un paquet de dix graines d’une génétique en provenance d’Amsterdam coûtait quatre cents dollars ». Pour se faire connaître, il a échangé de la pub contre des articles dans Heads Magazine. Suite à l’arrestation de Marc Emery a son extradition aux USA pour vente illégale de graines de cannabis, il a décidé d’arrêter cette activité.

Les spécialistes

A la fin du livre, Jean-Marc Beausoleil a interviewé cinq personnalités qui connaissent particulièrement bienle dossier de la marijuana au Canada : Julius Grey célèbre avocat anglo-québécois, Julien Lahaie, butender au Centre Compassion de Montréal, Alan Young, qui est considéré comme l’un des vingt-cinq avocats les plus influents au Canada, Jean-Sébastien Fallu, directeur de la revue internationale « Drogues, santé et société » et professeur à l’Université de Montréal, et Dom Cramer, un militant de la première heure, fondateur du Centre Compassion de Toronto qui se méfie du projet du Parti libéral : « Ce ne sera pas aussi bon que prévu. Je ne fais pas confiance au gouvernement. Il va tout donner aux grosses corporations qui vont produire du pot en quantité industrielle. Ceux qui se battent depuis le début vont tout perdre » Un processus à observer attentivement, depuis la France, en vue d’élaborer un projet pour la future légalisation. Mr Boris et le Cannabis de Jean-Marc Beausoleil, 192 pages, éditions Québec Amérique Par Olivier F
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