Farandole d’aleurodes en Sativa bémol

Soft Secrets
15 Sep 2016

Il n y a pas eu de bon hiver cette année. Voilà la raison d’une bonne et vigoureuse saison à insectes, suceurs ou dévoreurs de nos belles effarouchées ! Si l’on secoue le feuillage d'une plante infestée, tout le monde s'envole en une sorte de "nuage" d'où le nom latin de l'espèce : vaporariorum, présentée dans cet article, faisant partie d’une famille bien nombreuse avec ses 1200 membres, tous immaculés de blanc pur.


Connaissez-vous la volatile aleurode ?

Les aleurodes appelées aussi mouches blanches, font partie de la famille des insectes hémiptères sternorynques qui causent d’importants dégâts sur beaucoup de types de plantes cultivées et l’une d’entre elles est la plante de cannabis. Ces insectes sont piqueurs-suceurs et ponctionnent les tissus végétaux des plantes chétives qu’ils attaquent toujours en premie, tout comme les cochenilles, les thrips et les pucerons qui appartiennent à la même famille, (l’aleurode est une version mutante de ce dernier avec ses ailes).

La ganja affaiblie peut facilement attraper des virus et déclarer diverses maladies, tel la fumagine (botrytis). Originaires d’Amérique du Sud, toutes ont besoin de chaleur pour se développer. Les adultes pourvus d’ailes blanches mesurent jusqu’à 3mm. Comme beaucoup d’insectes, elles se trouvent le plus souvent sous les feuilles ainsi que les larves et les œufs presque invisibles. Tout jardinier redoute leur pullulation. Prenant leur envol au moindre feuille secouée, on les repère facilement grâce au spectaculaire nuage blanc qui apparaît en secouant légèrement vos plantes de marijuana. Une fois leur présence établie, tout va vite et il est très difficile d’éliminer le parasite infestant son jardin magique et thérapeutique.

Une reproductrice hors pair !

Leur multiplication est très rapide. Une femelle peut pondre de 30 à plus de 500 œufs dès que la température et l’humidité lui sont favorables. Ils sont pondus souvent en cercle à la surface inférieure des feuilles et sont dressés verticalement de par leur pédoncule de fixation ancré dans les tissus foliaires. Vingt-quatre heures suffisent de la ponte à la naissance de la larve qui effectuera quatre transformations pendant trois semaines pour devenir adulte. Les larves de couleurs variées sont ovales et aplaties et ont souvent des expansions cireuses appelées puparium. D’ailleurs elles ressemblent fortement à de petites cochenilles à bouclier. Au premier stade, elles possèdent antennes et pattes qu’elles perdent lors de la première mue et aux trois stades suivants, les bestioles sont sessiles.

La spéciale larve du quatrième stade cesse de s’alimenter, restant ancrée au végétal par ses stylets. Au travers de sa cuticule, on voit apparaître progressivement le futur adulte avec ses appendices. Lors de mue imaginale, ce dernier sort du cuticule par une fente en T qui persiste sur l’enveloppe dure abandonnée qui peut d’ailleurs servir à l’identification des aleurodes ! Être attentif face aux signaux au bon moment Les premiers symptômes des attaques des mouches blanches que nous observerons sur nos plantes de cannabis, sont la couleur des feuilles qui jaunissent. Normalement, elles commencent par le bord des feuilles et finissent par les sécher et provoquer le ralentissement de la croissance de nos plantes.

Il s’ensuit rapidement la création d’un formidable et prospérant miellat qui brille de mille feux sur la plante, principalement sur les grandes et moyennes feuilles. C’est alors un vecteur de contamination secondaire véhiculant le mycélium de jeunes spores de champignon de plante en plante. Bienvenue à l’oïdium. Mais ce sont surtout les actions indirectes comme la production de fumagine et transmission de virus destructeurs qui sont les plus dommageables. En dehors de souillures rédhibitoires, les feuilles encroûtées d’un complexe de champignons noirs, ne peuvent plus photosynthétiser.

Contrôle, prévention et défense de cette mouche spéciale

Voilà quelques mois que j’élève des aleurodes. Stupide, me direz-vous ? Je suis tout à fait d’accord, et lors d’une grosse infestation, le meilleur est l’éradication complète. Il y a quelques temps, dans ma pensée de recherche, il ne suffisait qu’une paire de mois pour une bonne étude, et l’été approchant avec son vide sanitaire, je ne voulais surtout pas utiliser de produits chimiques et de tout façon, l’aleurode est ultra résistante ! Notre ennemi décrit dans ces colonnes est l’aleurode la plus connue en France et à donné lieu à un des premiers exemples de lutte biologique sous serre à tomates avec l’aide de la mouche noire, Encarsia formosa, parasite des pupariums contre la mouche blanche. Malgré une hygiène de rigueur, lorsque j’ai découvert l’intrus dans la salle de floraison, il était déjà trop tard. Un beau jour, au toucher de l’une d’elle, un nuage blanc presque étouffant me fit prendre conscience de mon erreur.

Une petite absence et surtout la non-utilisation d’un élément important et primordiale à installer dans l’espace. Il s’agit des pièges collants. Immédiatement installés, c’est une nuée vers le jaune qui s’est opérée, et au bout d’un moment, il y en avait tellement que ces belles suceuses arrivaient à s’en détacher, renouvellement et augmentation du nombre de pièges ! Malgré cette action collante, je savais que si je n’utilisais pas de traitement systémique ou si je ne faisais pas le geste de tout couper, le tout allait se vider d’énergie, sécher et mourir. Oui, je sais mais non, je ne veut pas de chimie trop violente ou dangereuse pour mes cellules et mon jardin, et encore une fois, le chimique, l’aleurode, elle s’en bat l’aile ! Mais, fort heureusement; il existe une palette diverse d’outils pour défendre nos belles, il s’agit de la magie des probiotiques et autres défenses naturelles ou éthériques. Mais comme toute magie, on y croit ou l’on n’y croit pas, et cela peut aussi ne pas marcher. Mais quand on aime, on apporte alors beaucoup d’attention et d’intention.

Une lutte positive et amicale

La première pensée sera donc positive et se dire que l’on va arriver à y mettre un terme sans trop de dommages pour les plantes.Oui, cela est possible ! Les fleurs pourront même être coupées légèrement un peu plus tôt du fait de l’accélération de leur maturation, phénomène naturel suite à l’attaque. Positif, c’est faire tenir énergétiquement ses plantes en harmonie avec le ravageur que l’on contrôlera en lutte biologique ou bio-dynamique. Encore une fois, si l’on décide de résister et terminer sa session, changer le piège collant jaune régulièrement est le plus important.

En inspectant et en faisant bouger fréquemment la canopée des plantes, une horde d’aleurodes vont s’y coller. C’est ce que j’ai fait pour éliminer un maximum d’adultes, et ainsi, petit à petit, gérer la population au minimum. Mais cela ne suffisait pas, et il me fallait ne point être trop gentil tout en m’aidant de plantes amies pour mes chéries. Suivant les principes de Mère Nature, et comme en travaux extérieurs avec la permaculture, j’associe d’autres fleurs à mon jardin intérieur.

En plus de couvre-sols entretenus et taillés fréquemment comme le trèfle, l’alfalfa, le brocoli et la roquette, j’associe aux plantes en pot ou en table à marée, d’autres fleurs de toutes couleurs. L’association de plantes bénéfiques entre elles est encore une fois un geste combatif, positif et harmonieux. J’y est donc ajouté du géranium rosa, centaurée, cosmos, calendula, œillets et boutons d’or. Cela à permis de créer un véritable refuge pour le peu de ravageurs restant qui ont préféré s’y coller. De plus, en secret, ces fleurs sécrètent des substances nocives pour les méchants insectes et nématodes du sol ! Une autre couverture de sol efficace est la mise en place d’un lit de zéolithe blanche ou mylar qui de par son action réfléchissante va perturber, désorienter fortement les mouches. En plus d’enlever les feuilles les plus atteintes de miellat ultra collant et foyer de futur maladies, j’ai nettoyé minutieusement et en douceur les autres à l’aide d’eau et de savon potassique.

Je me suis armé également de mon fidèle vaporisateur pour de généreuses vaporisations en insistant sur le feuillage, point trop sur les fleurs. Niveau Vaporisation, il faut, tout comme les fleurs, varier aussi. J’ai donc utilisé un large panel de mixture pour déranger au maximum les squatteuses, en concentrant ce protocole sur l’aspect fongicide/biocide, stimulateur de développement et répulsif naturel. En somme, il s'agit de faire l’apport d’éléments valorisants et restructurants (matériaux organiques) à l’organisme végétal qui retrouve une capacité de régénération et l’aptitude à mieux faire face aux bio-agresseurs en augmentant sa résistance. En décoction, on pourra utiliser le lierre après avoir cuisiné son extrait ainsi que la fameuse huile de Neem de plus en plus connue, mais aussi l’huile essentielle de lavande, basilic ou de katafray issue de l’écorce d’un arbuste de Madagascar et distribué sous le nom Vavysoa.

Voici pour les merveilleuses et efficaces huiles, qui tonifient, renforcent et protègent les plantes, et que l’on peut vaporiser jusqu’à un stade avancé de la floraison. Concernant notre parasite, je recommande de faire trois pulvérisations en neuf jours, soit une tous les trois jours, car les œufs ne se désagrègent pas et éclosent rapidement entre un et deux jours. Un autre type de traitement sur la base des micro-organismes efficaces est un mélange de bactéries lactiques (Lactobacillus casei et plantarum), de bactéries de photosynthèse (Rhodopseudomonas palustris) et de levures (Saccharomyces cerevisiae). Des extraits de plantes y sont ajouté tel l’ail, le piment en association avec du vieux vinaigre, de l’alcool et de l’EM activé. J’ai dernièrement expérimenté une méthode assez particulière, s’agissant de faire entrer la mémoire dans la matière en utilisant la cause comme traitement homéopathique.

Quand il y a grosse infestation, l’on peut prélever ou piéger une quantité assez importante d’aleurodes, les mixer et les réduire en bouillie, mélanger à de l’eau et vaporiser. Il en résulte un champ vibratoire olfactif (phéromone) qui signalera à l’élue ravageuse que ce n’est point la peine de s’installer dans cette zone. Cette idée reprise et simplifiée d’une recette biodynamique, selon la méthode de Rudolf Steiner qui implique le fait de brûler les insectes et ne récupérer que les cendres blanches, brasser la solution eau et cendres en vortex, filtrez et vaporisez. La solution contient alors la force négative qui s’oppose à la force de reproduction de l’aleurode, mais l’efficacité de ces préparations est fortement dépendante des soins liés à leur élaboration.

Médecine allégée mais récolte assurée

De ce combat pour sauver Maria, il en résulte des récoltes satisfaisantes avec un ratio poids/watts de l’ordre de 1g en table à marée bioponique et 0,80 g pour les cultures en substrat fibre de coco. La gourmandise extrême du parasite sur certaines variétés se fit remarquer par une création rapide de ce fameux miellat sur Kronocaine, Chemdawg et Martian Mean Green. En terme de vigueur et résistance, Trainwreck, clone d’Arkansas est un bon sujet, limite, l’aleurode ne l’aime pas : aucune ponte observée sur la face inférieure des feuilles. Cette culture intérieure fut donc un formidable terrain d’études concernant cet insecte à la double menace, ravageur et vecteur.

Ainsi la qualité environnementale et sanitaire est encore une fois toujours à prendre en compte, hygiène de rigueur dans l’espace florale. L’aleurode est un insecte certes virulent mais n’est pas le plus méchant, et si l’on se donne la peine d’être attentif et d’apporter des solutions protectrices afin qu’il n’y ait point d’évolutions virales, les fleurs amoindries mais toujours résineuses pourront être coupées sans pleurs !

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