On passe à la pratique

L’arrivée des mères

Alors que la growroom était en cours de montage, et sachant que nous allions devoir démarrer avec de nouvelles génétiques, on nous a gentiment proposé plusieurs clones sélectionnés, sous forme de boutures. Quelle bonne idée, merci ‘King of cream’, qui se reconnaitra ! Ces clones pourraient devenir des plantes mères et, de par la sélection qui a été faite, ils vont nous faire gagner un temps précieux. Il s’agit de génétiques plutôt intéressantes, voire carrément collector : la désormais mythique Quantum Kush de TGA Subcool Seeds et la non moins célèbre Louis XIII OG de The Cali Connection..

La Quantum Kush est issue du croisement d’une Sweet Irish Kush et d’une Timewreck. Hybride à 80% Sativa, elle est rapide à fleurir, à savoir environ 65 jours seulement (très rapide pour une sativa). Connue pour son taux très élevé de THC (elle fut la première variété de Cannabis testée à plus de 30%) elle offre également un taux de CBD non négligeable, ce qui rend cette plante particulièrement

intéressante pour un usage thérapeutique, comme récréatif. Elle produit de grosses buds qui ruissèlent de cristaux dès le début de la floraison, et offre une production abondante. De là à dire que c’est une plante parfaite, il y a pas loin…On se perd à parcourir sa lignée, mais on peut tout de même citer quelques célébrités qui figurent parmi ses illustres parents “Jack Herrer”, “Northern Lights #5”, “Skunk #1”,et “Haze” pour les old school et “Trainwreck”, “C-99”, “Space Queen” ou “Appolo 13” pour son pendant “US”, mais la liste est encore longue.

La Louis XIII OG, aussi appelée King Louis XIII, est issue du croisement d’un clone de Louis XIII OG Kush avec la Tahoe OG Kush. Le résultat est un hybride à 80% Indica, à la floraison relativement rapide (60j) produisant des buds denses et extrêmement odorantes (attention aux voisins, car dès la phase de croissance, elle se distingue à son odeur tenace et puissante ! D’ailleurs le breeder la décrit en expliquant que, tout comme à l’époque de Louis XIII (au 17ème siècle, donc) elle se signale à l’odeur…hmmm. Voilà pour les génétiques.

Question technique, ces clones sont arrivés dans des pots en terre, et il a donc fallu les transplanter en coco/perlite pour s’adapter à notre mode de culture (hydro passif, en coco/perlite à 50/50). Après quelques jours d’adaptation en pots de 1L, ces futures mères ont été placées dans des pots de 6L, dans le système goutte à goutte, en box 160*60*60, sous 250w CFL. Nous les avons ensuite rempotées en pots mapito (11L) et elles profitent pleinement de leur situation. Toutes deux ont une croissance assez dynamique, et compte-tenu de la petite taille de la box qui leur est dédiée, je dois les tailler régulièrement pour les maintenir à une dimension correcte.

L’attaque des clones

La croissance des PM se déroule sans accroc, et après une bonne vingtaine de jours de croissance végétative, (à 18h de lumière donc), nous avons la possibilité de les bouturer, pour préparer notre prochaine session. Pour cloner une plante, il n’y a rien de très compliqué, mais il faut prendre quelques précautions pour ce qui est de l’hygiène, et prévoir un espace spécifique pour les accueillir.

Nous utilisons dans cette growroom, des cloneurs aéroponiques, qui offrent un taux de réussite, donc d’enracinement, proche de 100%. Le principe est simple, les boutures sont positionnées au dessus de gicleurs qui, en fonction de leur réglage, pulvérisent la solution (eau et nutriments) avec plus ou moins d’oxygène, directement sur les tiges, puis sur les racines lorsqu’elles apparaissent. Ce système permet un afflux de solution oxygénée permanent et donc, favorise un développement rapide et sain des racines, donc de la plante.

Je prélève une bonne douzaine de boutures sur chacune des plantes. Je pratique une coupe nette et en biseau des tiges choisies, (avec une lame de rasoir neuve, idéalement, ou désinfectée à l’alcool ménager). Je place ces boutures fraichement coupées dans un verre d’eau (PH 5,8) puis je démarre la transplantation dans le cloneur. Chaque clone est pris à part, pour une taille des feuilles, et éventuellement une taille de la tige si nécessaire. Chaque tige est plongée dans de l’hormone de bouturage afin de réduire le stress lié à la coupe et favoriser la rhizogenèse. Une fois passée dans l’hormone de bouturage, chaque bouture rejoint le système, logée dans une mousse de néoprène.

Au départ, je ne mets que de l’eau à PH 5,8 dans le système, puis à l’apparition des racines, j’ajoute un petit peu d’engrais, avant de les transplanter quelques jours plus tard. Pour l’heure, les clones fraichement coupés sont installés dans la box 90x60x210 sous néons T5 et/ou leds. Après 2 semaines environ dans le cloneur aero, je transplante dans des petits pots de 7x7x8, en coco/perlite, et je laisse quelques jours sous CFL. Passés les quelques jours d’acclimatation à leur nouveau substrat, je rempote en pots de 3L et les passe en croissance proprement dite. Le cycle de croissance prévu pour ces plantes est assez court, soit un maximum de 3 semaines, sous lampe MH 600W. La Quantum a un stretch assez important, donc je ferais une taille juste avant la floraison, au passage en 12/12, pour mettre tout le monde « à niveau », et garder un espace cohérent.

Pendant ce temps là…

Pour optimiser les délais et, par la même occasion, tester l’ensemble du matériel, nous avons démarré une tournée « test » à partir de graines féminisées, à savoir, de la Critical Kush de Barney’s Farm (Critical Mass x OG Kush) et de la White Russian, de Serious Seeds (White Widow x AK47). Ces génétiques ont été choisies pour leur rapidité et leur productivité.

Nous avons donc mis 24 graines en germination dans du papier absorbant imbibé d’eau (PH 6). 20 graines ont germé, pour un total de 17 Critical Kush et 3 White Russian. Après quelques jours en cubes de cellulose, nos 20 jeunes pousses sont donc mises en croissance sous 600W MH, en coco/perlite, puis transplantées dans le système autopot, pour la floraison, sous 4 X 600W HPS.

La croissance se déroule bien, les plantes sont en parfaite santé, puis c’est le passage en 12/12 pour la floraison. Première surprise, la Critical Kush stretche énormément malgré un patrimoine à dominance Indica, passant de 30cm à plus de 220cm pour certains individus. Voila qui nous prend un peu par surprise… La White Russian, elle, reste dans les dimensions escomptées, soit environ 120cm. Tout se passe très bien et on peut dire qu’elles apprécient le traitement qui leur est réservé : 4 Gavita et solution nutritive à volonté ! Question engrais justement, nous utilisons pour cette “tournée” la gamme Canna Coco (A + B, Rhizotonic, Cannazym, et boost pour la flo).

Seule ombre au tableau, les engrais provoquent des bouchures dans le système d’irrigation et il faut donc le surveiller de près. Principale raison de ce problème : la mauvaise qualité de notre eau, très dure (je l’ai mesurée à 9.2 de PH !) mais une augmentation des doses d’enzymes à permis de fonctionner sans trop de souci. La prochaine session se fera avec Biotabs, ce qui fait que nous ne mettrons plus que de l’eau dans le réservoir du système autopot mais j’aurai l’occasion de revenir sur ce point ultérieurement.

Globalement, la tournée test est très concluante malgré un style un peu « jungle », et la production de la Critical Kush est à la hauteur de sa réputation et de ses origines, surtout. Par contre, on peut tout de même évoquer la diversité de phénotypes que l’on a obtenu. Sur 20 graines au départ, 17 plantes sont prêtes à être récoltées, mais nous avons l’impression d’avoir non pas deux, mais plutôt 4 ou 5 variétés, tellement elles présentent de différences. Certaines tirent sur la Critical Mass et d’autres sur la OG Kush, quand d’autres sont des intermédiaires, plus ou moins proches du père ou de la mère. Après 60 jours de 12/12, on approche de la récolte, et tout se sera bien passé.

Dans le prochain numéro de votre journal préféré, je reprendrai ou je me suis arrêté et vous parlerai de la floraison des clones qui sont en croissance au moment ou j’écris ces lignes. Je vous donnerai aussi des nouvelles de la récolte des féminisées, imminente, et vous donnerai mes impressions sur la partie consommation de la chose.