Une deuxième lettre ouverte à François Hollande

Soft Secrets
04 Jul 2015

Par l'ex-gendarme qui demande la legalisation du cannabis


Par l'ex-gendarme qui demande la legalisation du cannabis

Par l'ex-gendarme qui demande la légalisation du cannabis

C'est une première en France. De nombreux policiers ou gendarmes consomment du cannabis mais personne ne s'était exprimé de cette façon. Ex-gendarme et lui même consommateur de cannabis, Jean-Luc Garcia a pu, durant sa carrière, constater les dégâts de cette politique purement répressive menée par les gouvernements successifs. En 2012, peu après les élections, il avait déjà écrit au président de la république mais son statut lui interdisait de dévoiler son identité. En 2015, Jean-Luc Garcia a pris sa retraite et peut enfin s'exprimer librement. Voici la retranscription de la deuxième lettre ouverte qu'il a envoyé récemment à François Hollande : 

Persiste et signe

Monsieur le Président,

En 2012, peu de temps après votre accession à la tête du pays, je vous écrivais une lettre ouverte et, je le déplorais alors, anonyme.

En effet, les obligations de la discipline militaire et du devoir de réserve ne me permettaient pas de signer ce message destiné avant tout à un lectorat aussi large que possible.

Bien qu'unanimement perçu comme sérieux, respectueux des personnes, attaché à l'ordre public, à la défense des plus vulnérables et au secours des victimes, le gendarme est malheureusement doté d'un statut qui ne lui permet aucune prise de position publique et lui interdit, de fait, d'apporter sa contribution aux débats et au progrès s'il le juge souhaitable.

Pourtant, la critique de lois inadaptées, peu respectées, inapplicables, nocives et dangereuses, voire illégitimes est l'affaire de chaque citoyen dans une vraie démocratie qui fonctionne comme il se doit : au bénéfice de tous et avec la participation de chacun.

C'était justement la raison de cette lettre qui défendait sans la moindre ambiguïté la légalisation contrôlée du cannabis et les associations de consommateurs-producteurs. Nous étions alors et sommes toujours quelques millions à l'appeler de nos vœux.

En 2015, ex-gendarme, je suis en position d'en assumer pleinement les propos mais, malheureusement, de devoir les réitérer et les compléter tant l'actualité le justifie.

Je suis convaincu que l'approche que votre gouvernement a du sujet, pour des questions de santé, de sécurité et de lutte contre les organisations criminelles n'est pas réaliste et est totalement inefficace ; de récents chiffres le démontrent.

Vous pourriez, me semble-t-il, promouvoir un débat politique - les applications médicinales du cannabis ne font plus aucun mystère dans d'autres pays plus nombreux chaque jour - et prier Monsieur Cazeneuve de ne plus poursuivre à grand renfort médiatico-policier le consommateur et le cannabiculteur. Le ridicule de la situation n'échappe à personne et de plus en quoi sont-ils de dangereux criminels !

La répression en vigueur est - ouvrons enfin les yeux - un non-sens pour ces jeunes toujours plus nombreux qui fument trop, trop tôt et des produits dangereux car non contrôlés, elle les abandonne toujours plus aux mains des dealers de rue ou des dealers d'internet.

Elle est un non-sens pour ce malade placé en garde à vue, saisi, condamné mais pour lequel le parquet demande, en appel, une dispense de peine !!

Elle est un non-sens pour ces utilisateurs récréatifs dont elle bafoue arbitrairement la liberté bien que ni trouble ni victime ne soient à déplorer.

Elle est un non-sens enfin pour ces gendarmes et policiers qui ont vocation à réprimer les délinquants, les vrais, à protéger et à secourir plutôt qu'à perdre leur temps, à d'onéreuses et inutiles chasses aux boulettes et aux auto-producteurs.

Pendant que d'autres pays avancent, pendant qu'ailleurs la légalisation contrôlée du cannabis est synonyme de santé, de sécurité, de prospérité et d'emplois (5), le pire non-sens, Monsieur le Président, est de stagner confis dans la prohibition, aveugle aux évolutions et sans autre argument que celui de ne pas déplaire à ceux qui n'en ont aucun.

Vous en serez peut être comptable.

Quoiqu'il en soit Monsieur le Président, quelles que soient les réformes et les progrès que vous envisagez ou ceux que vous vous interdisez, force est de constater que le libéralisme économique fait très bon ménage avec le cannabis : les récents exemples états-uniens le démontrent.

La légalisation est en marche, elle est inéluctable, j'en suis sûr, l'opinion publique n'y est plus si hostile, elle manque seulement d'informations objectives.

Il reste maintenant à choisir sa forme, ses modalités ; il reste à savoir qui lui donnera son nom. Interviendra-t-elle avant 2017, inspirée grâce à vous par l'exemple social uruguayen ou plus tard, peut être inspirée par la forme ultra-libérale prise au Colorado ?

Je vous remercie d'avoir consacré quelques minutes à la lecture de mon message.

Jean-Luc Garcia

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