Les cannabis clubs européens

Olivier F
29 Apr 2015

Ils sont nés en Espagne dans les années 2000 et existent maintenant dans toute l'Europe, la plupart sous l'appellation Cannabis Social Clubs et adhérant à la charte de l'organisation européenne ENCOD. Ils permettent aujourd'hui à plusieurs milliers d'usagers de cannabis thérapeutique ou récréatif de sortir du marché noir. Même s'ils partagent souvent la même appellation, leur organisation et leurs objectifs sont très différents en fonction des pays, régions, clubs ou fédérations. Dans cet article, nous chercherons à connaître le fonctionnement de ces clubs et à savoir s'ils sont facilement accessibles aux usagers.


Le célèbre club des Hashischins fut sans aucun doute l'un des premiers cannabis clubs. Créé à  Paris par le docteur Jacques-Joseph Moreau en 1844, il a été actif jusqu’en 1849. Mais contrairement aux clubs actuels qui se  concentrent sur la production de cannabis, les membres de ce club se réunissaient uniquement pour consommer des produits importés.

Plus récemment, les Cannabis Buyers Clubs canadiens ont aussi permis aux usagers thérapeutiques de se regrouper. Mais c'est bien en Europe que le modèle des Cannabis Social Clubs s'est fortement développé ces dernières années. 

Ce sont des associations, la plupart du temps à but non lucratif, dont le but est de permettre aux usagers qui ne peuvent pas cultiver de se procurer en toute sécurité du cannabis de qualité, à un prix correct sans avoir à passer par le marché noir.

Selon l'organisation ENCOD (European Coalition for Just and Effective Drugs Policies) le but principal des Cannabis Social Clubs " est de montrer au grand public et aux autorités qu'il est possible de créer une alternative au marché illégal."

ENCOD a été fondé en 1993 et regroupe aujourd'hui 150 organisations anti-prohibitionnistes. Le code de conduite des CSC européens a été publié par l'organisation en décembre 2011 : " Les CSC peuvent être mis en place légalement dans des pays où la culture pour usage personnel a été décriminalisée. Dans les pays où ce n’est pas encore le cas, les CSC peuvent agir de façon expérimentale afin de se préparer pour quand les lois changeront. 

Il existe des cannabis clubs dans la plupart des pays européens et dans cet article, nous nous intéresserons aux clubs espagnols, belges et français.

Les cannabis clubs espagnols

L'Espagne fait partie de ces pays ou la consommation est décriminalisée et les cannabis clubs s'y sont fortement développés. L'Espagne est divisée en 17 communautés autonomes avec des législations spécifiques. Les clubs se sont ainsi répartis de façon inégale sur le territoire. Il y aurait plus de 700 clubs en Espagne dont 400 en Catalogne. Les clubs ont profité d'une sorte de vide juridique et se sont multipliés ces dernières années. 

Les premiers clubs espagnols se sont enregistrés en Catalogne et au Pays Basque mais la Navarre a été la première communauté autonome à adopter une législation pour l'encadrement des CSC. 

Les cannabis clubs espagnols sont regroupés dans plusieurs fédérations.

Catalogne

Les cannabis clubs se sont considérablement développés ces dernières années et Barcelone est rapidement devenue la capitale européenne du cannabis. Certains clubs sont devenus plus commerciaux, ont plus de 10.000 membres et ressemblent un peu à des coffee-shops hollandais. Il est facile pour les touristes d'y accéder. 

Il suffit de payer une cotisation annuelle, qui est en général de 20 euros, et après une simple vérification d'identité, les nouveaux membres sont immédiatement acceptés. La marijuana est vendu entre et 4 et 8 euros le gramme. Il y a des clubs qui n'hésitent pas à faire de la publicité sur internet et à distribuer leurs cartes aux touristes. Les clubs catalans sont donc faciles d'accès mais les choses pourraient bien changer à cause de la nouvelle réglementation.

Le 29 janvier 2015, des nouvelles directives ont été approuvés par le parlement et le ministère de la santé catalans. Il y a parmi ces nouvelles mesures : l'inscription dans un seul club, un délai de 15 jours avant acceptation d'un nouveau membre, le parrainage obligatoire, la limitation de la publicité.

Pays Basque espagnol
Les clubs du Pays Basque sont beaucoup plus discrets et n'acceptent pas les touristes. Les résidents du Pays Basque français peuvent y avoir accès s'il sont parrainés par un des membres du club. Il y aurait actuellement une centaine de français inscrits dans ces clubs (voir Soft Secrets France 5-2014). 

Belgique

Trekt Uw Plant a été le premier CSC déclaré en Belgique. Le gouvernement tolérant la culture d'un plant par personne, le club avait organisé une culture dans laquelle chaque membre avait son propre plant avec son nom inscrit dessus. Plusieurs clubs ont ensuite été créés avec des organisations un peu différentes. Certains clubs ont eu de problèmes avec la justice. 

Les cannabis clubs français et européens

Les Cannabis Social Clubs Français (CSCF)

 Le 18 juin 2012, Dominique Broc, le président des CSCF a annoncé la création des cannabis clubs français. Il s'agit de petites structures (6 à 10 personnes) fonctionnant sur le modèle d'ENCOD. Le cannabis y est vendu à un prix modique et est même donné gratuitement 

dans certains cas. A la fin de l'année 2012, les cannabis social clubs ont bénéficié d'une forte médiatisation. Début 2013, la maison de Dominique Broc, située dans les environs de Tours a été perquisitionnée et le matériel de son club a été confisqué. En mars 2013, la fédération des CSCF a annoncé la déclaration simultanée en préfecture de 400 clubs dans toute la France. Finalement, seuls six clubs se sont déclarés. 

En 2015, les clubs continuent de fonctionner mais de façon plus discrète. L'association des Amis du CSCF existe toujours et continue de communiquer sur son site internet et sur les réseaux sociaux.     

Bud Revolution.

Initié par des militants proches de l'association française Chanvre et Libertés, le label "Bud Revolution" permet aux cannabis clubs adhérents d'utiliser un logiciel spécifique appelé également "Bud Revolution". Bien qu'adhérant également à a la charte d'ENCOD, ces clubs se distinguent des CSCF sur un certain nombre de points.

Dans le règlement administratif assez strict que doivent adopter les clubs qui souhaitent bénéficier de ce label, un accent particulier est mis sur les questions de sécurité et de confidentialité : " Tous les membres d’un C.B.R sont tenus de protéger la confidentialité des activités du club " Les membres des clubs s'engagent à ne jamais divulguer à toute personne extérieure, le nom des membres de leur club ou le lieu de production et à ne jamais communiquer sur les activités du club par téléphone ou sur les réseaux sociaux.

La taille moyenne des clubs est aussi défini dans le règlement administratif:
" Un C.B.R s’articule autour d’une unité principale de production de chanvre (20 m2 de surface cultivable en moyenne pour 5000 watts en indoor) et d’une ou plusieurs unités annexes dans la mesure du possible ".

Les clubs ne font pas de profit et les membres se partagent les frais de culture. De plus, chaque club met en place un fond de défense juridique pour le cas ou une des unités serait perquisitionnée par les autorités. Ce fond est alimenté par une cotisation fixé à 10 euros par mois pour chaque membre (plafonnée à 100 euros par an). Actuellement, seuls quelques clubs fonctionnent avec le label "Bud Revolution". Le système ne permet pas d'intégrer de membres isolés et seuls les clubs déjà constitués peuvent y adhérer " Il faut être au moins trois amis pour monter un club. " Les personnes intéressées peuvent contacter l'association Chanvre et Libertés.  

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Olivier F