Les cannabis 2.0, les drogues de synthèse font une entrée fracassante

Soft Secrets
19 Jul 2013

Les cannabinoïdes de synthèse se multiplient, au risque d'accidents graves


Les cannabinoïdes de synthèse se multiplient, au risque d'accidents graves

Cent fois plus puissants que le cannabis, très faciles à commander sur Internet, les cannabinoïdes de synthèse se multiplient. Au risque d'accidents graves. 

On en parle peu, à peine quelques pages dans le dernier rapport mondial sur les drogues de l'ONUDC (Office des Nations unies contre la drogue et le crime) publié en juin. Pourtant, avec une offre toujours plus riche et plus facile d'accès, les nouvelles drogues de synthèse font une entrée fracassante sur le marché mondial. En 2012, pour la première fois, leur nombre (251) a dépassé celui des substances "classiques" sous contrôle international : cannabis, héroïne, cocaïne… Et la moitié de ces nouveaux produits découverts en France appartenaient à la famille des cannabinoïdes de synthèse, ersatz de la marijuana.

Des substances chimiques créées en laboratoire 

Les cannabinoïdes de synthèse sont des substances chimiques créées en laboratoire qui reproduisent les effets du THC, le principe actif du cannabis. Sous forme de poudre ou pulvérisées sur de la laitue séchée (pour imiter l'aspect du cannabis), elles peuvent être 100 fois plus puissantes que leur homologue végétal. "Dans les feuilles de cannabis, un équilibre naturel se fait entre la concentration du principe actif et les fibres. Avec les cannabinoïdes de synthèse, la concentration est très variable, et les effets sont dépendants de la dose prise.
Ils peuvent aller de la simple relaxation au déclenchement de graves troubles psychologiques", explique Michel Hautefeuille, praticien à l'hôpital Marmottan, à Paris, spécialisé dans le traitement des addictions. Tout est donc une question de dosage. Problème : la composition du produit est rarement inscrite sur le paquet. "On ne sait pas ce qui est pulvérisé, il n'est pas rare de trouver des traces d'autres drogues comme les amphétamines. Pour les consommateurs, c'est un saut dans le vide les yeux bandés", déplore-t-il.

Près de 700 sites web en fournissent

Ni dealer ni réseau, prix très abordable (une dizaine d'euros pour huit joints)… Les cannabinoïdes de synthèse se sont affranchis des règles du classique trafic de drogue. En quelques clics le consommateur commande sa substance, qui lui est livrée par courrier quelques jours plus tard. En 2007, on recensait 170 sites effectuant des livraisons en Europe, en janvier 2012, ils étaient près de 700!
Cette méthode d'approvisionnement pousse de nombreux usagers à s'intéresser à ce cannabis 2.0. "Des types de 40 ans nous disent qu'ils ont passé l'âge d'aller chercher leur drogue dans une ruelle sombre", observe Jean-Pierre Couteron, président de la Fédération addiction. Côté marketing, tout est fait pour attirer un public jeune : nom attractif (Spice, K2…), packaging flashy et logo design.

Indétectables dans le sang ou les urines

Le flou juridique profite aux cannabinoïdes de synthèse. Officiellement, seules trois formules sur plusieurs dizaines connues sont ainsi interdites en France. Une situation quasi inévitable quand on sait qu'il faut entre trois et six mois pour interdire une substance, et que chaque mois de nouvelles formules apparaissent sur le marché ; des formules d'autant plus difficiles à identifier qu'elles peuvent être vendues comme parfum d'intérieur, herbes à brûler ou sels de bain. Néanmoins, les douanes françaises saisissent chaque jour des lettres contenant des cannabinoïdes de synthèse, le plus souvent destinés à de petits consommateurs.
Les médecins sont aussi démunis. "Les laboratoires hospitaliers ne sont pas forcément en mesure de détecter les produits contenus dans les nouvelles drogues de synthèse. Et pour cause, ils ne savent pas exactement quoi rechercher. Pour le moment, il n'existe pas de test spécifique ne permet de les détecter dans le sang ou les urines", explique Agnès Cadet-Taïrou, responsable du pôle Tendances récentes et nouvelles drogues à l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). Une incapacité qui pose une véritable question de santé publique.

 Source : http://www.lejdd.fr

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